Eau
11 nouvelles retenues collinaires en projet en Haute-Loire
La visite ministérielle s'est achevée par une table ronde sur les retenues collinaires et la signature d'un protocole départemental visant à créer davantage de retenues d'eau chez les agriculteurs.
La visite ministérielle s'est achevée par une table ronde sur les retenues collinaires et la signature d'un protocole départemental visant à créer davantage de retenues d'eau chez les agriculteurs.
Alors que les conséquences du changement climatique se font douloureusement sentir dans notre département depuis quelques années, la problématique de l'eau devient cruciale, en particulier dans le domaine agricole. Aussi la profession agricole souhaite avoir la possibilité de stocker l'eau lorsqu'elle tombe en abondance au moyen de retenues collinaires de petites dimensions (bassinettes de 5.000 à 50.000 m3). "L'objectif est de sécuriser les systèmes fourragers des exploitations et d'aider au développement de certaines productions comme les fruits rouges et le maraîchage" souligne le président de la Chambre d'agriculture Yannick Fialip qui rappelle que l'Espagne stocke 15 à 20% de son eau contre seulement 3 à 4% en France... Et d'ajouter que "les retenues d'eau permettent de recréer une biodiversité exceptionnelle en termes de faune et flore".
Coup de boost sur les retenues d'eau
Conscient de l'intérêt de pouvoir stocker de l'eau alors que les épisodes de sécheresse sont de plus en plus fréquents, le Président de la République a annoncé, il y a deux ans, la création de 100 retenues d'eau agricoles (qui pourraient par ailleurs être utilisées en cas d'incendie) dans la région Auvergne Rhône-Alpes dont 17 en Haute-Loire. "Sur ces 17 retenues, pour lesquelles les retenues collectives sont préférées, 6 ont déjà été construites en 2020-2021. 9 sont en projet et 2 restent encore à faire. Réparties sur l’ensemble du territoire, elles répondent au besoin des filières agricoles " a souligné Le Préfet Éric Étienne à l’issue de la réunion.
C'est pour donner un coup de boost aux retenues qu'un protocole a été signé le 4 novembre dernier par les acteurs concernés (Chambre d'agriculture, état et Agence de l'eau, Région, Département). Ainsi sur Chaspuzac, "un projet collectif de retenue d'eau est en cours en vue d'aider les agriculteurs à faire face au changement climatique" a indiqué le maire Michel Joubert. Mais la problématique de l'eau cache bien des tensions qui ont littéralement éclaté lors de cette table ronde. Et dans le viseur des professionnels et des élus, on trouve l'Agence de l'eau Loire Bretagne. Le sénateur Laurent Duplomb a signalé "d'énormes différences dans la gestion des agences de l'eau ; celle du territoire Loire-Bretagne prend une ligne environnementale qui débouche sur l'accumulation d'interdictions et empêche la réalisation de retenues collinaires sur certaines zones". "Alors que le gouvernement prône l'irrigation et le stockage de l'eau pour faire face aux sécheresses, la réglementation des agences de l'eau rend impossible ces orientations !" lance Guillaume Avinain, secrétaire général des JA 43. Le président de la Chambre d'agriculture Auvergne Rhône-Alpes Gilbert Guignand a quant à lui proposé "de revoir la gouvernance des agences de l'eau".
À quand l'équité ?
La présidente du Département, Marie Agnès Petit a fait part de son inquiétude "car l'eau, c'est d'abord la santé. Or, certains villages n'ont toujours pas le réseau d'eau ! D'autre part, les épisodes de sécheresse impactent l'eau en quantité et en qualité. Réaliser des retenues collinaires permettrait de sécuriser les filières de production et pourrait servir de réserve à incendie. Or, nous n'avons pas de réponse de l'agence de l'eau...". Elle a par ailleurs dénoncé un état de fait de plus en plus difficile à vivre pour des départements comme les nôtres : "à quand l'équité entre les collectivités territoriales de l'amont (qui doivent investir dans le domaine de l'eau) et de l'aval (qui ne payent rien et bénéficient d'une eau de qualité et en quantité). Nous avons besoin de cohérence ! ". Le président du GIE des fruits rouges des Monts du Velay est ensuite intervenu sur le caractère essentiel des retenues collinaires pour sa filière : "Sans retenue, on n'arrivera pas à lutter contre les nouveaux ravageurs".
Le représentant de l'agence de l'eau Loire Bretagne, Cyril Bessey, a signalé que sa structure attribuait "plus de 4,5 millions d'€ d'aides au territoire de la Haute-Loire". L'agence s'est dotée d'un plan d'adaptation stratégique au changement climatique et finance des retenues de substitution mais "en aucun cas, les fonds de l'agence sont utilisés pour réaliser des prélèvements d'eau supplémentaires !". Et c'est bien là que le bât blesse...
Le Ministre a d'abord mis à plat toutes les problématiques avant de signaler la "vraie volonté politique du Président de la République qui s'est traduite par le Varenne de l'eau et des changements climatiques. Au Ministère, nous avons recruté 7 ingénieurs à temps plein sur les PTGE (Projet de territoire pour la gestion de l'eau)".