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10 ans du marché au cadran de Mauriac : "On a transformé l'essai"

Le marché au cadran de Mauriac fête cette année ses dix ans, qui ont vu les effectifs apportés passer de 4 500 à 24 000 têtes, malgré une érosion l’an de

Bovins en vente aux enchères au marché au cadran de Mauriac
En 2014, le cadran remplaçait le marché de gré à gré quasi moribond, depuis les effectifs ont quintuplé.
© Marché cadran Mauriac

Avec 24 000 animaux soumis aux enchères électroniques des négociants l’an dernier, le marché au cadran de Mauriac enregistre une baisse de près de 10 % des effectifs apportés et un recul semblable de son volume d’affaires (24 millions d’euros) : ces 2 300 bêtes en moins à avoir foulé le ring du marché ont surtout fait défaut sur le dernier quadrimestre de 2023, perturbé dès septembre par le contexte sanitaire, avec l’émergence de la MHE(1) dans le Sud-Ouest qui a imposé des contraintes supplémentaires aux éleveurs. Un certain nombre ont ainsi reporté leurs ventes sur le début d’année 2024, comme le confirment les excellents chiffres de janvier et février au marché, “avec, qui plus est, des animaux plus lourds et une valorisation qui va croissant”, constate Michèle Chastan, directrice du marché après l’avoir présidé une décennie durant depuis sa création. 

Effets MHE et décapitalisation

Le maigre reste la catégorie reine à Mauriac avec 15 000 broutards (mâles et femelles) de 6 à 12 mois apportés l’an dernier, complétés par 1 330 veaux plus âgés (12 à 24 mois). L’effectif de gros bovins s’élève à 5 000 têtes avec une évolution révélatrice d’un mouvement de décapitalisation qui a gagné le cœur du bassin allaitant : “En 2022, on avait enregistré une hausse du nombre de vaches destinées à la boucherie, certainement en lien avec l’IBR et des sorties d’animaux positifs ou vaccinés ; l’an dernier, on a continué à avoir chaque semaine plus de vaches que par le passé, des animaux pour l’engrais”, relève la directrice. Le marché a également vu défiler 2 200 veaux naissants, une cinquantaine d’animaux bio et 250 chevaux (lors des deux ventes dédiées). Sur ce total de 24 000 têtes, la moitié a été exportée, estiment les responsables du marché même si certaines destinations (pour les veaux naissants par exemple) s’avèrent parfois incertaines. 

50 % d’export

Moins d’animaux mais une meilleure valorisation, se félicite la directrice : la moyenne des ventes toutes catégories confondues s’est hissée à 1 104 €, soit 70 € (+ 6,8 %) de plus qu’un an auparavant. Le nombre d’acheteurs comme celui d’apporteurs restent globalement stables avec 121 négociants associés dont une petite cinquantaine fidèle au rendez-vous chaque lundi ; et 700 éleveurs dont 574 sont également des apporteurs réguliers. Ce qui, pour Michèle Chastan, démontre si besoin était, que le cadran de Mauriac répond aux attentes des éleveurs : “Certains éleveurs vendent ici tous leurs animaux, d’autres qu’une partie, certains partent d’autres reviennent... Avec nos 20 % de parts de marché que nous n’ambitionnons pas d’accroître, nous faisons partie des possibilités offertes aux éleveurs. Chacun a sa place, aussi bien les coopératives que le négoce privé.”
Une place que le cadran a dû se frayer patiemment et souvent contre vents et marées : lorsque l’outil inaugure ses premières enchères, il succède à un marché aux bestiaux de gré à gré moribond qui n’affiche plus guère que 4 500 animaux à l’année. Une décennie plus tard, l’effectif a plus que quintuplé. “On a tout connu durant cette décennie, un démarrage difficile, puis des années d’euphorie comme 2015 avec le marché de la Turquie,  la baisse des cours ensuite, les épisodes sanitaires, le Covid... mais à chaque fois, on s’est adapté pour répondre tant aux besoins des éleveurs qu’à ceux des acheteurs”, affiche Michèle Chastan, rappelant que le projet est né d’une volonté portée par les éleveurs désireux de sauver le marché. 

Station de lavage rénovée 

Sans triomphalisme, celle qui a passé l’an dernier la main à Sébastien Breuil à la tête de la SAS du marché au cadran, fait valoir le chemin parcouru : “On a rempli les exigences et conditions du cahier des charges initial, on a atteint les objectifs qu’on s’était fixés, réalisé les investissements prévus... On a transformé l’essai et on entend s’inscrire dans la continuité.” Les 600 000 € investis par la SAS ont été par ailleurs intégralement remboursés, les 1,5 M€ du syndicat mixte(2) le seront au terme de la 15e année comme prévu.
D’autres investissements sont à l’étude pour 2024 visant une rénovation intégrale et la mise aux normes de la station de lavage du marché, quasi cinquantenaire et obsolète. Le projet, chiffré à 350 000 € HT, permettra en outre de répondre aux exigences de la loi sur la santé animale. La nouvelle station sera dotée de deux quais de lavage avec récupération et pré-traitement des eaux sales ensuite acheminées vers la station d’épuration du Val Saint-Jean. “Cela nous permettra de remplir les conditions requises tant d’un point de vue environnemental que sanitaire”, souligne Mme Chastan.

Hyper-réactif aux variations du marché

Au-delà de cette modernisation, l’enjeu pour le marché au cadran est “de faire évoluer au mieux la valorisation des animaux, on est aux côtés des éleveurs dans leur demande de prix sur la base des coûts de production. De notre côté, on essaie de répondre à cet enjeu par la mise en concurrence des acheteurs et le jeu de l’offre et la demande”, fait valoir la directrice, tout en précisant que les marchés sont exemptés des lois Egalim. Pour autant, “on est dans un marché européen et mondial donc on subit les cours”. Avec la particularité d’être très réactifs aux à-coups du marché : “On est les premiers à monter (les cours) mais aussi les premiers à baisser. Chaque lundi matin, on sent la tendance du marché pour la semaine.” D’où l’importance à ses yeux du travail d’enregistrement et diffusion des cotations qu’assure le marché de Mauriac comme ses collègues. 

(1) Maladie hémorragique épizootique.
(2) À sa création, le syndicat mixte a été constitué par plusieurs intercommunalités du Nord-Ouest Cantal, la Ville de Mauriac, le Département, la Chambre d’agriculture et la CCI.

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