Agir pour limiter l’ammoniac et les particules dans l’air des bâtiments porcins
Réduire l’exposition des travailleurs passe avant tout par moins de particules et d’ammoniac dans les salles d’élevage. Trois leviers d’action sont concernés : l’alimentation, les déjections et le bâtiment.
Réduire l’exposition des travailleurs passe avant tout par moins de particules et d’ammoniac dans les salles d’élevage. Trois leviers d’action sont concernés : l’alimentation, les déjections et le bâtiment.
Les particules présentes dans l’air des bâtiments d’élevage ont quatre sources principales : l’alimentation, l’animal (peau, poils et soies), les déjections (fragments de fèces) et le bâtiment (fragments de béton, de fibre de verre…). L’activité des animaux, les interventions humaines et la ventilation entraînent la mise en suspension des particules, qui ont naturellement tendance à sédimenter sur les parois des cases et les sols. En engraissement, plus de 95 % de ces particules sont dites « alvéolaires ». Leur faible taille (moins de 10 μm) leur permet d’atteindre les alvéoles pulmonaires, et provoquer ainsi des problèmes respiratoires (toux, bronchites…). L’ammoniac est un gaz produit par la décomposition des déjections animales. Il est soluble dans l’eau. C’est pourquoi il peut conduire à une irritation des voies respiratoires du travailleur : gorge, nez, bouche. Des valeurs limites d’exposition professionnelle (VLEP) sont définies par la législation française pour protéger les travailleurs et les inciter à mettre en œuvre des équipements de protection individuelle (EPI). En France, un travailleur ne doit pas être exposé à plus de 10 ppm d’ammoniac pendant 8 heures de travail et à plus de 20 ppm sur une durée de 15 minutes. La chambre d’agriculture de Bretagne, l’Ifip et l’Inra ont recensé trois leviers d’action pour améliorer ces deux critères de qualité de l’air.
Moins d’azote dans les aliments
L’ammoniac provient de la dégradation de l’urée présente dans l’urine par l’uréase, enzyme produite par les micro-organismes présents dans les fèces. Moins il y aura d’azote dans les déjections, moins il y aura de volatilisation d’ammoniac. Ainsi, adapter l’alimentation des porcs en fonction de leurs besoins, réduit les quantités d’azote excrété. Les additifs alimentaires comme l’acide benzoïque et l’ajout d’huile dans l’aliment peuvent aussi être utilisés respectivement pour limiter la volatilisation de l’ammoniac et réduire la formation de particules.
Évacuer fréquemment les déjections
La mise en place d’un système de séparation de phase sous les caillebotis (raclage en V) évite la formation de l’ammoniac et entraîne une réduction de 40 % de sa teneur dans la salle. L’évacuation fréquente des effluents du bâtiment vers un ouvrage de stockage extérieur est aussi une voie de réduction de l’émission d’ammoniac (20 %). Enfin, l’ajout d’acides sulfurique dans les lisiers participe aussi à l’amélioration de la qualité de l’air puisque la réduction du pH des effluents limite la volatilisation de l’ammoniac (jusqu’à 70 %). Mais la manipulation d’acide concentré comporte des risques et doit être réalisée avec une grande vigilance.
Améliorer l’ambiance dans les bâtiments
La brumisation d’eau ou d’un mélange eau-huile permet à la fois de réduire l’ammoniac (jusqu’à 30 %) et les particules (jusqu’à 75 %). Une ventilation de purge (taux de ventilation très élevé sur une courte période de temps) permet une réduction de 60 % de la concentration en particules totales. Enfin, une bonne gestion du couple chauffage/ventilation est un levier efficace et simple à mettre en œuvre pour améliorer la qualité de l’air des bâtiments.
En savoir plus
Deux guides sont téléchargeables gratuitement :
Guide des bonnes pratiques agricoles pour l’amélioration de la qualité de l’air (2019) – téléchargeable sur le site de l’Ademe : www.ademe.fr/mediatheque
À retenir :
Les leviers d’actions (alimentation, déjection, bâtiment) sont définis en fonction des caractéristiques des polluants :
Les particules proviennent des animaux, du bâtiment, des déjections et de l’alimentation