[Covid-19] Quatre leviers pour baisser les livraisons de lait de ce printemps
Dans le contexte du coronavirus, l'Institut de l'élevage rappelle quatre leviers qui permettent de répondre à l'appel d'écrêter le pic des livraisons de lait sur avril et peut-être mai. Tout en restant en capacité d'augmenter les livraisons dès le confinement levé.
Dans le contexte du coronavirus, l'Institut de l'élevage rappelle quatre leviers qui permettent de répondre à l'appel d'écrêter le pic des livraisons de lait sur avril et peut-être mai. Tout en restant en capacité d'augmenter les livraisons dès le confinement levé.
L'Institut de l'élevage a édité sur son site internet un dossier récapitulant toutes les fiches qui permettront d'aider à réduire les livraisons de lait sur un à deux mois, tout en restant en capacité de reprendre un rythme normal dès les mesures de confinement levées. "Ces leviers, s'ils sont bien adaptés à la situation de l'exploitation et qu'ils sont bien maîtrisés techniquement, conduisent à une légère perte économique", estime Benoît Rouillé, de l'Institut de l'élevage.
1 - Distribuer du lait entier aux veaux au lieu de la poudre de lait
Ce premier levier joue sur les volumes livrés et pas sur la production de lait. Il a donc l'avantage de ne pas du tout perturber les vaches. Il ne représente pas de gros volumes, mais ce sera toujours ça de pris : environ 350 à 400 litres par femelle pour 9 semaines de buvée (hors colostrum).
On pourra passer au lait entier pour des veaux déjà démarrés à la poudre, en réalisant une phase de transition. L'Institut de l'élevage rappelle les recommandations pour réussir une alimentation au lait entier : volume, mesures d'hygiène, température de buvée...
2 - Avancer le tarissement
Ce levier a l'avantage de faire diminuer la production laitière sans que cela pénalise les futures lactations. La durée moyenne de la période sèche est de 63 jours actuellement. Un allongement de 30 jours peut être envisagée. Sur une vache qui produit 18 kg de lait par jour, c’est environ 540 litres de moins sur un mois, soit 2 700 litres de moins à livrer pour 5 vaches taries avec un mois d’avance.
Par contre, au printemps, le nombre d'animaux concernés est souvent limité : vaches à plus de six mois de gestation et dont la production est inférieure à 20 kg lait/j.
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Cette pratique exige en outre une bonne maîtrise de la technique de tarissement et de la gestion de la période sèche afin d’éviter les risques d’infections mammaires au cours de cette phase et de la lactation suivante, et les maladies métaboliques en début de lactation liées à un sur-engraissement.
3 - Réduire les concentrés
Pour limiter l'impact sur le redémarrage de la production laitière, il convient d'abord de réduire le concentré de production : -0,8 litre de lait produit par kg de concentré de production économisé en moyenne. Ce levier peut être neutre économiquement si le concentré de production était distribué en excès habituellement.
Puis, avec le démarrage du pâturage et l'augmentation de la part d'herbe pâturée dans la ration, on ajuste les fourrages complémentaires à l'herbe pâturable disponible, ce qui permet de réduire le correcteur azoté. On peut le supprimer dès qu'on atteint une 1/2 ration de pâturage.
"Pour des vaches à 25 kg lait/j, la baisse de production laitière peut atteindre entre -5 et -10%", ajoute Benoît Rouillé, de l'Institut de l'élevage.
"Ce levier est plus délicat à mettre en oeuvre avec des vaches hautes productrices. Cela peut déstabiliser leur métabolisme. Et il n'est pas sûr qu'elles puissent remonter à leur niveau d'avant. Dans les élevages avec des vaches à plus de 30 kg de lait, ne plus traire le dimanche soir s'envisage davantage que la réduction des concentrés."
Les systèmes qui ont le plus de marge de manoeuvre avec ce levier sont ceux les systèmes mixtes "Herbe - Maïs". "Les éleveurs peuvent chercher au maximum l'herbe, d'une part parce que les stocks ne sont pas suffisants partout, d'autre part pour réduire voire arrêter le correcteur azoté. Habituellement, on l'arrête quand on a moins de 5 kg d'ensilage de maïs dans la ration. Là, avec un objectif de réduction de la production, on peut l'arrêter dès qu'on tombe à 7 - 8 kg d'ensilage de maïs", développe Benoît Rouillé.
4 - Supprimer la traite du dimanche soir voire passer en monotraite
Supprimer une traite par semaine est envisageable dans tous les systèmes alimentaires, même avec des vaches hautes productrices. L'impact est modéré sur la baisse de production (-5%), mais toute baisse est bonne à prendre en ces temps difficiles. Il est conseillé d’adapter les horaires de traite : plus tard le dimanche matin (vers 10h), plus tôt que d’habitude le lundi matin. « Et il ne faut pas aller voir les vaches le dimanche soir, sinon elles réclament la traite ; c’est stressant pour elles et pour l’éleveur. »
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Attention à ne pas trop réduire le concentré des vaches en monotraite temporaire
Passer à une traite par jour est un levier très efficace : - 25% de production laitière. Mais lors du retour à deux traites, il subsiste une perte de lait inférieure à 1,5 kg de lait/jour. Par ailleurs, ce levier n’est envisageable qu'avec des régimes peu « engraissants » et à très faible coût alimentaire car les vaches mangent autant, produisent moins, donc le coût alimentaire par litre s’accroît. La monotraite doit s’accompagner d’une suppression complète des concentrés de production et convient davantage à des systèmes très pâturants avec peu de concentré. Ce levier peut faire d'une pierre deux coups si l'objectif est aussi de soulager l'astreinte de traite et de se libérer du temps.
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