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Yannick Jadot : trois déclarations qui préfigurent son programme agricole aux présidentielles

Les verts ont voté et élu leur candidat à l’élection présidentielle. Yannick Jadot a obtenu plus de voies que Sandrine Rousseau et c’est donc lui qui représentera Europe-Ecologie-Les verts (EELV) en mai 2022. Le député européen est officiellement en campagne. On connaît ses positions tranchées sur certains sujets agricoles. Des joutes verbales aux propositions d’un véritable programme… Quand un candidat à qui les agriculteurs veulent donner des leçons d’agriculture parle d’agriculture…

Yannick Jadot est invité à rencontrer Christiane Lambert prochainement pour une présentation de l’agriculture française et de ses chiffres.
© Parlement européen

Le scrutin était serré mais les militants verts se sont prononcés. Avec 51 % des suffrages, Yannick Jadot a été élu candidat à la présidentielle pour Europe-Ecologie-Les verts par les militants, a annoncé le secrétaire national du parti Julien Bayou le 28 septembre, à l’issue du vote. Sur les 104 000 votes exprimés sur 122 000 au total, l’eurodéputé a obtenu 52 210 voix contre 50 098 pour sa concurrente Sandrine Rousseau. Ecologie, justice sociale, démocratie : les primaires « ont été l’occasion pour les écologistes de faire progresser leur projet dans l’opinion », s’est réjoui Julien Bayou, refusant d’indiquer des éléments de programmes que le nouveau candidat officiel devra définir.

« Nous allons nous empresser d’aller le rencontrer pour lui présenter l’agriculture française, qu’au moins nous puissions nous mettre d’accord sur les chiffres sous l’angle de la vérité », réagit Christiane Lambert, interrogée par Agra presse. Comme elle le rappelle elle-même, la présidente de la FNSEA s’était vivement opposée à Yannick Jadot sur le dossier betteraves à l’université d’été du Medef en 2020. « Sur la Pac également, il a eu des positions qui n’étaient pas les nôtres, alors que cette nouvelle version marque un gros virage vert », souligne Christiane Lambert.

Trois déclarations qui ont marqué

Retour sur trois déclarations marquantes du député vert dans le domaine de l’agriculture et de l’alimentation.

. « Pas de viande issue du Mercosur dans nos cantines ! », c’est le mot d’ordre de la pétition lancée en juin par Yannick Jadot et Benoît Biteau, également député européen écologiste. Sur ce point, le candidat vert sera en accord avec le ministre de l’agriculture. Lors d’une conférence de presse sur le volet agricole du Plan de relance, Julien Denormandie a affirmé que l’amélioration de la qualité alimentaire dans les cantines était un des objectifs du gouvernement. Le pourcentage de viande française a doublé en quelques années, mais c’est encore trop peu. « Plus de la moitié de la viande dans les cantines est importée et c’est encore plus fort en volaille » a regretté le ministre. Moins d’importation. C’est « le sens de l’histoire que d’avancer dans cette direction, » assure Julien Denormandie. Sur ce point au moins, ministre et candidat à la présidentielle semblent en phase.

. « Il est possible de produire des betteraves sans avoir recours aux néonicotinoïdes ». C’est l’avis de Yannick Jadot et sur ce point, il est en profond désaccord avec le gouvernement et la majorité des betteraviers. Sa déclaration du 30 septembre 2020 dans une parcelle de betteraves de Vimy a déclenché une tempête médiatique. Le candidat à la présidentielle est fermement opposé à la ré-autorisation provisoire des néonicotinoïdes en traitement de semences sur betteraves votée le 6 août 2020.

. « Je veux une agriculture qui respecte les paysans, qui respecte les animaux, l’environnement et notre alimentation ». C’est ce qu’a affirmé Yannick Jadot réagissant aux exactions commises par des végans à l’encontre des boucheries de certaines villes en 2018. « Oui, je condamne, très clairement, sans ambiguïtés » a assuré le député européen pourtant farouchement opposé à « l’élevage concentrationnaire ». Sur France Info, il avait qualifié les auteurs de ces faits de « crétins qui sont en train de remettre en cause le combat ô combien légitime et important contre la souffrance animale ».

Deux grandes lignes pour un programme agricole vert

Quelles sont les grandes lignes affichées par Yannick Jadot en matière d’agriculture ? Le candidat a encore quelques mois pour finaliser son programme. On connaît cependant déjà la position sur certains sujets. « J'ai arraché des OGM » dit-il clairement, par exemple .

Sur son site « L’écologie pour agir ! » le candidat confirme vouloir « s’engager pour une agriculture et une alimentation saines et respectueuses de l’environnement ». Un programme qui sera articulé autour de deux grands axes :

 

« Organiser une transition collective et partagée »

 

Cela passe par un projet de contrats de moyen terme passé entre l’Etat et les collectivités et les acteurs des secteurs agricoles et alimentaires pour « accompagner les conversions vers l’agriculture biologique, de qualité et de proximité, pour soutenir l’accès au foncier et l’installation des jeunes (enseignement, recherche et développement), pour traiter la question de l'endettement des exploitations, pour promouvoir le recours à l’alimentation bio ou sous signe de qualité ».

 

« Se donner des objectifs de qualité »

 

Cela passe, dans le programme Jadot, par une interdiction des néonicotinoïdes et du glyphosate dès 2022, ainsi que la « fin progressive de l’emploi des pesticides de synthèse d’ici à 2030 ».

 

Les verts veulent aussi organiser la sortie de l’élevage intensif, de l’élevage en cage et des élevages d’animaux à fourrure. Ils préconisent également l’autonomie en protéines et veulent soutenir la consommation de légumineuses. « Les importations de soja doivent cesser dans dix ans, pour mettre un terme à la déforestation importée et garantir notre souveraineté alimentaire », peut-on lire sur le site.  Le candidat se dit aussi en faveur d’une « réduction de la consommation des produits d’origine animale ».

 

Le programme prévoit par ailleurs 30% des fonds de la Pac, d’ici 2030, destinés à approvisionner la restauration collective publique (écoles, universités, hôpitaux, établissements publics...) en produits 100 % bio, de qualité et de proximité.

 

Pour « rendre l’alimentation saine accessible à tous », Yannick Jadot veut supprimer la TVA sur les produits bio et de proximité.

 

Lire aussi « Yannick Jadot contre Sandrine Rousseau, leurs idées sur l’agriculture »

 

Lire aussi « Yannick Jadot et Julien Denormandie débattent de la betterave et des néonicotinoïdes sur Twitter »

 

 

 

 

 

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