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Volailles différenciées : Le jardin d’hiver prend racine dans le groupe Michel

Lancé voici cinq années par le groupe de nutrition animale Michel, le poulailler Terre-Neuve d’élevage de poulet et dinde avec accès à un jardin d’hiver prend de l’ampleur dans le Grand Ouest.

La force du groupe de nutrition animale Michel est d’être proche des préoccupations de ses clients acheteurs d’aliments, que sont les éleveurs, et de celles de ses acheteurs de volailles, que sont les abattoirs. Son business model repose sur la confiance des uns et des autres. 

Lire aussi : "Je suis passé du lait à la volaille, avec mon poulailler statique équipé d'un jardin d'hiver"

Les premiers attendent des débouchés réguliers à des prix rémunérateurs ; les seconds des volailles correspondant à leur attente qualitative et quantitative. Cet intermédiaire sait être force de proposition et faire preuve d’inventivité pour marquer sa différence. En 2000, il a démarré la volaille alternative avec le certifié et aujourd’hui ce créneau alternatif remplit la moitié du parc des 350 éleveurs fournisseurs.

« Dès 2015, nous avons travaillé sur la conception d’un poulailler pour un mode d’élevage entre le conventionnel et le Label rouge, rappelle Joachim Michel, le directeur des activités volailles. Nous sommes arrivés au jardin d’hiver que nous avons visité en Europe en 2017. Et nous avons conçu le poulailler Terre-Neuve, en améliorant ce que nous avions vu. »

Un concept semi-extensif

Le bâtiment Terre-Neuve permet d’élever de la dinde et du poulet en poulailler fermé, tout en leur permettant d’avoir accès à un espace extérieur semi-ouvert, libre et couvert, qui une fois accessible allège la densité (5,15 par mètre carré total en dinde et 15 par mètre carré total en poulet). S’ajoutent les enrichissements participant au confort animal : lumière naturelle, perchoirs, éléments à picorer (chaînette, bloc…).

 

 
Dindes de 30 jours non épointées dans le poulailler statique d'Emmanuel Rochelle.
Dindes de 30 jours non épointées dans le poulailler statique d'Emmanuel Rochelle. © P. Le Douarin

Représentant 40 % de la surface de démarrage, le jardin est obligatoirement accessible à la demi-vie de l’animal (23 jours en poulet et 42 jours en dinde). En poulet, la souche est aujourd’hui du Redbro ou du JA 987 (GMQ moyen de 50 g) pour un abattage vers 42 jours. En dinde, ni l’âge, ni la souche ne changent.

L’objectif d’un meilleur confort octroyé à l’animal est affiché, tout en ne rognant pas sur la rentabilité malgré une densité abaissée.

Ventilation statique ou dynamique, au choix

Le premier poulailler Terre-neuve a démarré en juin 2019 dans l’Orne en Normandie. « Au départ, nous étions plutôt enclins à promouvoir un modèle à ventilation statique, souligne Alain Salmon, responsable technique et commercial des Ets Michel. Pour que les éleveurs en aient une meilleure maîtrise technique. »

Aujourd’hui, Alain Salmon, qui recherche des éleveurs partenaires sur la zone Bretagne Nord et Sud Normandie, est assez content d’annoncer une centaine de réalisations sur les trois régions d’activités : Bretagne, Normandie, Pays de Loire. « Nous avons commencé par notre zone historique pour les abattoirs Voléna (ex-SNV), puis la zone sud s’y est mise avec les Ets Braud et finalement la Bretagne avec MVO. » Cette dernière compte une vingtaine de réalisations. Tous les projets ne se font pas en neuf. « La proportion est d’environ 40 % en rénovation ».

La première vague de poulaillers était à ventilation statique, avec un modèle en 15 mètres de large avec un grand volume, moins consommateur d’énergie et moins compliqué à piloter. Par rapport à une ventilation de type Colorado ou longitudinale, Alain Salmon estime que la consommation électrique est divisée par cinq (4,5 kWh/m²/an), ce qui est loin d’être négligeable.

L’équipement intérieur reste classique (4 lignes de pipettes avec godet, 3 pour l’aliment), avec de l’enrichissement intérieur. C’est ce qu’a choisi Emmanuel Rochelle en 2019, un transfuge du lait qui ne se voyait pas élever du poulet conventionnel.

Le Terre-Neuve à ventilation dynamique s’est développé dans un second temps, avec l’arrivée de la ventilation à dépression manuelle et à la demande d’éleveurs. Ce fut le choix du Gaec de l’Erdre en 2022, déjà producteur dans des bâtiments dynamiques. Ce dispositif de ventilation évite de générer des courants d’air entrant par les trappes restées ouvertes et liés à un écart de pression entre extérieur et intérieur.

Aider plus pour maintenir la dynamique

Au démarrage du premier Terre-Neuve en 2019, l’investissement se situait aux alentours de 250 euros le mètre carré, puis il a grimpé à 310 euros le mètre carré fin 2020, à 355 euros le mètre carré fin 2022, à 400 euros le mètre carré fin 2023. « Se sont superposés la flambée des matériaux et des taux d’emprunt passés de 1,5 % à 4,5 %, explique Alain Salmon. En trois ans, l’annuité bâtiment est passée de 24,50 euros à euros le mètre carré. Si nous voulions poursuivre la dynamique de développement, nous devions apporter une aide supplémentaire pour que l’éleveur gagne autant qu’avant. »

Toujours à la recherche d’innovation, le groupe teste l’élevage du canard de chair avec jardin et en limitant la part de caillebotis dans deux bâtiments aménagés différemment. Les canards accèdent même à un bassin où ils peuvent s’immerger dès le jeune âge : couloir central dans le bâtiment neuf et piscines dans celui aménagé. « Les canetons se comportent exactement comme ceux nés dans une basse-cour », note Alain Salmon. Mais c’est une autre histoire à raconter.

 

Trois bassins de production

Initialement implanté en Ille-et-Vilaine au nord de Fougères, le groupe Michel est un des derniers fabricants d’aliments privé multiespèce (50 % en porcs, 40 % en volailles de toutes espèces et 10 % en ruminants). Pour sécuriser ses volumes d’aliments en volailles de chair, il a développé le métier d’organisateur de production (OP). Aujourd’hui, il travaille avec 350 éleveurs (500 000 m²) sur trois bassins de production animés par des équipes indépendantes mais complémentaires : la zone historique à la frontière Bretagne-Normandie autour des Ets Michel de Saint-Germain-en-Coglès (35), la zone du sud des Pays de la Loire autour des Ets Braud à Ancenis (44) et plus récemment la Bretagne à partir de l’OP MVO (Loudéac-22). La moitié du parc volaille produit de la volaille conventionnelle.

 

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