Les filières viandes « grandes oubliées » des aides
Le secteur des viandes a pour l’instant le sentiment de faire partie des « grands oubliés » des mesures d’accompagnement économique aussi bien au niveau national qu’européen.
Le secteur des viandes a pour l’instant le sentiment de faire partie des « grands oubliés » des mesures d’accompagnement économique aussi bien au niveau national qu’européen.
L’expression de « grand oublié » de la crise du coronavirus a été couramment employé et dans des secteurs variés, mais elle illustre bien le sentiment qui prévaut. Les secteurs agroalimentaires qui n’ont pas été totalement arrêté leurs activités et qui ont continué à fonctionner en mode dégradé devront s’en sortir par leurs propres moyens et avec les aides nationales (prêt d’état garanti, fonds de solidarité...) qui ne seront pas suffisantes.
Il en sera de même au niveau européen. Alors que 500 000 tonnes de viandes de volailles seraient stockées dans les congélateurs d’une dizaine de pays de l’UE, dont 200 000 t à moyen terme en Pologne et 40 000 t en France, les importations des pays tiers vont pouvoir se poursuivre. C’est ce que vient de répondre le 27 mai le directeur général de la Direction Agriculture de la Commission européenne aux deux principales interprofessions de la viande, à savoir Interbev en ruminants et Anvol en volaille (voir l'échange de courrier). « La mise en place de mesures de sauvegarde vis-à-vis des importations serait contraire aux règles du commerce international. Cela engendrerait des conséquences à long terme qui ne sont pas souhaitées. »
Dans un souci de cohérence, Interbev et Anvol avaient proposé à la Commission de limiter drastiquement les importations des pays tiers durant le second semestre 2020. En faisant jouer la préférence communautaire, cela aurait permis aux entreprises d’écouler dans de meilleures conditions leurs stocks d’invendus constitués par la chute brutale de la demande.
Attente du décret origine en RHF
La Commission renvoie la balle aux Etats Membres en écrivant qu’elle pourrait leur rappeler « les conditions dans lesquelles les autorités compétentes pourraient prendre en compte des cas de force majeure pour des importations qui ne pourraient se faire. » Comprenne qui pourra...
Selon l’Anvol, si un dispositif national devait s’enclencher en volailles, ce serait à compter du jour de la décision et sans effet rétroactif. Or, depuis le 16 mars les opérateurs ont fortement ralenti les mises en place pour minimiser les stocks. L'interprofession espère que certaines petites filières y auront accès ...
Par ailleurs, une aide européenne au stockage privé a été activée pour les produits laitiers et certaines viandes de ruminants, mais avec un budget limité et des conditions jugées restrictives.
En revanche, le décret national d’indication obligatoire de l’origine géographique pour la viande brute achetée par le secteur de la restauration hors foyer (RHF) devrait être signé cet été. C’est un pas supplémentaire vers la transparence, mais ce n’est pas suffisant soulignait Patrick Pageard, le président du comité interprofessionnel de la dinde dans le bulletin de l’Anvol du 1er juin. Il faudrait que l’origine soit aussi mentionnée sur les produits transformés ou élaborés achetés par la RHF. Sinon, il restera toujours un « trou dans la raquette. »