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Résultats économiques en berne
Les deux géants du Sud-Ouest doivent s’adapter plus vite

Fortement impactés par des activités agroalimentaires en difficulté, l’heure de l’adaptation a sonné pour les deux géants coopératifs Euralis et Maïsadour.

Tri des foies à l'usine Delpeyrat de Saint-Jean-de-Mont. Après les deux épizooties, la voilure industrielle doit être réduite. © P. Le Douarin/Archives
Tri des foies à l'usine Delpeyrat de Saint-Jean-de-Mont. Après les deux épizooties, la voilure industrielle doit être réduite.
© P. Le Douarin/Archives

Avec respectivement 1,34 milliard d’euros et 1,35 milliard d’euros, Maïsadour et Euralis réalisent le même chiffre d’affaires pour leur exercice 2018-2019. Le résultat plonge chez Maïsadour avec moins 25 millions d’euros pour cause de chute des semences en Ukraine, mauvaise récolte 2018, et difficultés sur le pôle gastronomie. Chez Euralis, le résultat est positif de 4 millions d’euros, mais en deçà des objectifs, notamment à cause des activités alimentaires (les Ateliers culinaires) en manque de rentabilité.

Une indispensable adaptation au marché

Côté palmipèdes (7 millions de canards chez Euralis ; 1,35 million et 9 500 oies chez Maïsadour), les mises en place sont en repli pour adapter l’offre à la demande. « Le marché est en surproduction malgré une baisse des plannings. À cela s’ajoutent la recrudescence des importations et les commandes des GMS en recul. C’est difficile de revenir après les deux épisodes d’influenza », justifiait Philippe Carré le directeur général de Maïsadour le 3 décembre. Michel Prugue, le président de Maïsadour, renchérissait qu’« en foie gras, nous sommes d’accord pour expérimenter des outils d’adaptation de l’offre à la demande et prêts à inclure des consommateurs dans cette démarche. » Du côté des volailles, tout le Sud-Ouest rencontre les mêmes difficultés à retrouver les marchés après les deux épizooties.

Le modèle économique agroalimentaire doit évoluer

Le modèle de commercialisation évolue pour réduire la dépendance aux GMS. Les deux groupes revoient leur organisation pour renforcer leur présence dans les autres circuits, notamment en vente directe, dont des magasins en grande ville (un à Paris pour Maïsadour et un à Bordeaux pour Euralis). Ils réduisent aussi la voilure de leurs installations industrielles liées au canard gras. Chez Euralis, la mutation est profonde, révisant le pilotage des Ateliers culinaires. Maison Montfort et Rougié seront gérées comme des PME et non plus pilotées par un vaisseau amiral. « Notre nouvelle organisation repose sur un fonctionnement beaucoup plus agile », souligne Christian Pèes, le président d’Euralis. Philippe Saux, son directeur général délégué, insiste. « Nous voulons mieux connaître la consommation pour nous y adapter. Nous allons vers une gestion des stocks beaucoup plus serrée et nous devons trouver un équilibre entre la viande de canard et le foie gras. » Engagée depuis 2018, la transformation s’étendra sur trois exercices, impactant le résultat. « Nous avions un processus industriel mal appréhendé qui nous a pénalisés jusqu’au printemps 2019. Nous avons diminué la production de Sarlat. Nous réorganisons encore le site de Maubourguet (65) et Yffiniac (22) après avoir fermé Dunkerque et Brive. » Côté Maïsadour, « le dispositif industriel est surdimensionné. Nous avons fermé une conserverie à Lauzerte dans le Tarn-et-Garonne, reconverti l’abattoir de Mugron en site biosécurité depuis 2017 et nous fermons Junca à Dax, détaille Philippe Carré. Réduire cette surproduction va prendre plusieurs années. »

Répondre aux attentes sociétales

À ces difficultés, s’ajoutent des attentes sociétales très fortes. Pour y répondre, Euralis et Maïsadour accompagnent leurs éleveurs dans des démarches en faveur de l’agroforesterie et du bien-être animal. En volailles, l’abattoir Maïsadour-Fermiers du Gers est engagé dans l’étiquetage bien-être de Casino. Fermiers du Sud-Ouest a remporté le référencement du premier trimestre 2020 pour le poulet entier label « C’est qui le patron » qui sera produit dans les Landes. L’innovation produits accompagne ces démarches chez Delpeyrat et Comtesse du Barry, une gamme label rouge et un saucisson de canard chez Maison Montfort ainsi qu’une gamme sans antibiotique chez Rougié. Tout est finalement mis en œuvre pour rassurer le consommateur.

"Retrouver plus d’agilité"

Une loi Egalim pénalisante

Visant entre autres à verser le juste prix aux producteurs, la loi Egalim votée fin 2018, régule aussi les promotions par une baisse maximale de 34 % en valeur et de 25 % en volume.
Pour Maïsadour, l’impact a été immédiat dès les fêtes 2019, autant en volailles qu’en canards gras. « Le nouveau cadre promotionnel est trop brutal, estime Philippe Carré. Avant, 70 % de nos volumes de fin d’année commercialisés en GMS étaient en promotion. Leur demande a chuté fortement. »
Chez Euralis, Christian Pèes est plus mesuré : « il est trop tôt (NDLR : en décembre 2019) pour évaluer précisément ses effets. Nous dresserons un bilan après les fêtes. La loi Egalim était une forte promesse, mais elle génère une frustration énorme. »

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