Enquête avicole : Les marges des volailles de chair ont grimpé en 2022
L’enquête avicole des chambres d’agriculture portant sur les lots de volailles de chair abattus en 2022 en Bretagne, Pays de la Loire et dans les Hauts-de-France, montre une amélioration des résultats, excepté pour les éleveurs bretons de poulet export destiné aux pays tiers.
L’enquête avicole des chambres d’agriculture portant sur les lots de volailles de chair abattus en 2022 en Bretagne, Pays de la Loire et dans les Hauts-de-France, montre une amélioration des résultats, excepté pour les éleveurs bretons de poulet export destiné aux pays tiers.
Les chambres d’agriculture ont publié mi-avril les résultats de leur enquête avicole portant sur les lots de volailles de chair abattus en 2022 par 130 éleveurs, situés en Bretagne (161 000 m²), en Pays de la Loire (76 000 m²) et dans les Hauts-de-France (68 000 m²). L’échantillon est en recul (-23 éleveurs et - 52 000 m²) et le retard de parution est lié à la grippe aviaire conjuguée à un manque de moyens humains, qui ont freiné la collecte des informations. Il est à noter que ces résultats concernent des élevages n’ayant pas subi de foyer de grippe aviaire.
Détaillées dans le document de synthèse, les références sur les productions de pintade, de canard et sur les volailles labellisées ne sont pas présentées ici. Sont développés les résultats de la dinde standard et des différents formats de poulets : export (moins de 1,6 kg vif), standard (1,6 à 2,1 kg), lourd au-delà (non sexé et sexé) et très lourd (plus de 2,8 kg vif).
Dégradation en poulet export
Avec des performances techniques moyennes dégradées par l’indice de consommation, le GMQ et les pertes, les éleveurs bretons de poulet export (souche JA) reviennent au niveau de l’année 2020, en dépit d’une rotation des bandes en forte hausse. La hausse des charges variables (gaz, main-d’œuvre, santé), commune à tous les éleveurs de volailles, ampute la marge brute qui revient au niveau de 2019.
Élodie Dezat, coordinatrice de l’enquête, relève aussi une variation importante de la marge poussin-aliment (PA) entre les quarts inférieur et supérieur, égale à 25 euros par mètre carré et par an. L’écart est lié à une plus forte rotation et à de meilleurs indices de consommation.
Le poulet standard relève la tête
En poulet standard, les marges brutes annuelles rejoignent des niveaux proches de ceux habituellement atteints en poulet lourd (35 à 38 euros par mètre carré), avec des revalorisations tarifaires (+12 % de hausse de la marge PA). Ce bon résultat est aussi lié à une rotation qui s’améliore. En revanche les charges augmentent comme partout, remarque Élodie Dezat.
Effet régional en poulet lourd
Dans les Hauts-de-France, le poulet lourd est élevé en tout-venant (non sexé), tandis que la Bretagne s’est en partie spécialisée dans le poulet élevé en sexes séparés (mâles et femelles côte à côte dans le même bâtiment).
Élodie Dezat constate que la productivité annuelle se maintient depuis 2012 aux environs de 280-290 kg/m². En revanche, l’indice de consommation ne cesse de décroître. En 2022, le poulet lourd a continué à progresser techniquement – le sexé performant toujours mieux que le non sexé – mais économiquement c’est le non sexé qui a gagné cette année.
En effet, la marge des éleveurs de poulet des Hauts-de-France a été gonflée par la forte hausse de la cotation Deinze (plus de 1 200 euros la tonne de vif) qui sert de référence à leur prix de reprise. S’ajoute une meilleure rotation.
La dinde maintient ses marges brutes
En dinde standard, les poids moyens reculent de 400 g avec des indices de consommation qui se dégradent et une durée d’élevage un peu en baisse (130,5 jours), « ce qui ramène l’index de performance à des années antérieures à 2018 », selon Élodie Dezat. La marge PA perd 1 euro par mètre carré et par lot, mais grâce à une meilleure rotation la marge brute se maintient au niveau de 38 euros par mètre carré et par an atteint pour la première fois en 2021.
Raisonner au minimum « marge brute »
Le secteur chair a l’habitude de calculer en « marge poussin-aliment », mais est-ce suffisant ?
Lorsque les charges variables augmentent aussi fortement en peu de temps, notamment le gaz, « il faudrait au minimum que chacun connaisse sa marge brute », souligne Élodie Dezat. Par ailleurs, la responsable de l’équipe avicole de Bretagne a chiffré à +28 % la hausse des charges fixes entre 2021 (15,19 euros le mètre carré) et 2022 (19,57 euros le mètre carré) sur un échantillon d’une quarantaine d’éleveurs. « C’est essentiellement lié à la hausse des annuités bâtiments qui sont passées de 7,8 à 11,9 euros par mètre carré. En tout état de cause, le solde disponible régresse. »
Selon son calcul, le solde disponible (marge brute moins annuités et moins autofinancement) est égal à zéro dans un poulailler neuf et dans le cas où les résultats dans la moyenne (en dinde ou poulet). Pour un nouvel entrant dans le métier, il est économiquement plus judicieux de faire une reprise qui tolérera des performances moyennes et apportera une meilleure résilience.
« De plus, les primes qualité versées sont très variables et prennent de plus en plus d’importance dans le revenu net. Leur impact est très difficile à simuler dans une étude prévisionnelle » remarque la conseillère avicole.
Inosys, nouveau réseau de références en volailles
Les chambres d’agriculture et l’Itavi ont annoncé la déclinaison au secteur des volailles et lapin du réseau de fermes Inosys déjà existant en bovin, ovin, maraîchage…
Inosys concerne toutes les productions avicoles (pondeuses, chair, palmipèdes gras, reproductrices) sur l’ensemble du territoire. Déjà éprouvé ailleurs, le dispositif permettra de fournir des références économiques au niveau de l’exploitation et non plus de l’atelier.
Les données seront fournies par un réseau de 200 fermes, qui en comptera 750 à terme, et qui s’appuiera sur les réseaux existants. Inosys remplacera l’enquête avicole des chambres d’agriculture, dont la dernière enquête est prévue sur l’année 2024.
L’année 2024 constitue la phase de lancement (mutualisation des outils et calage méthodologique) pour être opérationnel en 2025.
Le réseau Inosys est coprésidé par deux avicultrices : Isabelle Leballeur (Sarthe) et Sylvaine Dano (Morbihan).