Un nouvel espoir contre l’esca
Des chercheurs bordelais ont récemment découvert que l’apparition des symptômes d’esca était associée à un changement du microbiote de la vigne. La caractérisation de certaines bactéries ouvre une nouvelle voie de défense en biocontrôle.
Des chercheurs bordelais ont récemment découvert que l’apparition des symptômes d’esca était associée à un changement du microbiote de la vigne. La caractérisation de certaines bactéries ouvre une nouvelle voie de défense en biocontrôle.
« Nous savions déjà que le rôle de l’amadou est essentiel dans l’apparition des symptômes d’esca sur les vignes, expose Patrice Rey, enseignant-chercheur à l’Inrae de Bordeaux. Nous savons désormais que l’amadou est colonisé à plus de 90 % par le champignon Fomitiporia mediterranea : c’est donc une cible particulièrement intéressante dans la lutte contre l'esca. »
Pour arriver à cette conclusion, les scientifiques ont utilisé les nouvelles technologies de séquençage du génome et comparé les microbiotes de ceps au bois sain et au bois nécrosé. Ils ont ainsi réalisé une détection complète du microbiote de la vigne. Il s’avère que le bois sain est très colonisé par tout un tas de bactéries et champignons, pathogènes ou non, avec une grande diversité d’espèces. Le tout s’équilibre. Dans le bois nécrosé en revanche, cette diversité est totalement bouleversée au profit de Fomitiporia mediterranea. Ce qui laisse penser que l’esca arrive à la suite d’un déséquilibre dans la compétition entre les pathogènes et les non-pathogènes.
Certaines bactéries activent ou inhibent l’activité du champignon
Les chercheurs ne savent pas encore pourquoi et comment s’opère cette bascule du microbiote, mais ils ont clairement identifié des bactéries capables de promouvoir l’activité du champignon Fomitiporia mediterranea. « C’est déjà une première piste de travail dans la lutte contre l’apparition de l’esca, annonce Patrice Rey. Mais il existe aussi d’autres bactéries présentes dans la vigne qui produisent des antibiotiques, et qui inhibent le champignon. »
Cette dernière donnée ouvre la voie, selon le chercheur, à de nouvelles méthodes de défense contre l’esca par biocontrôle. Un criblage est en cours pour essayer de trouver les meilleurs candidats potentiels. Des études sont également menées pour comprendre les mécanismes. « C’est une voie de recherche qui est prometteuse », assure le chercheur. La lutte pourrait prendre diverses formes, comme des micro-injections dans la plante ou bien une protection via les plaies de taille. L’équipe de recherche espère commencer à travailler sur la mise en application d'ici deux ans. Une solution commerciale, en revanche, ne peut être attendue avant quelques années.