Glyphosate dans les vignes : que faut-il savoir ?
L’utilisation du glyphosate pour désherber la vigne est remise en cause. Utilisations, restrictions, réglementation, alternatives, on vous dit tout sur le glyphosate en viticulture.
L’utilisation du glyphosate pour désherber la vigne est remise en cause. Utilisations, restrictions, réglementation, alternatives, on vous dit tout sur le glyphosate en viticulture.
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Pourquoi le glyphosate est-il utilisé pour désherber les vignes ?
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Quelles sont les conditions d’utilisation du glyphosate en viticulture ?
Pourquoi le glyphosate est-il utilisé pour désherber les vignes ?
Le glyphosate est un herbicide foliaire de post levée, systémique et non sélectif. Il s’applique sur les feuilles des adventices et migre rapidement jusqu’aux racines. Cela permet de maîtriser de nombreuses mauvaises herbes, en particulier les vivaces.
11% du glyphosate est utilisé dans les vignes
Selon une étude panel réalisée par la Plateforme Glyphosate France (qui regroupe 6 entreprises commercialisant la majeure partie des produits à base de glyphosate), le glyphosate pour la vigne représentait 11 % des usages en 2020. Et, selon le ministère de l’Agriculture, les doses de glyphosate ont baissé de 14 % entre 2020 et 2021, avant la mise en place de la nouvelle réglementation en septembre 2021.
Pourquoi l’emploi du glyphosate est-il remis en cause ?
Comme le glyphosate est un herbicide très largement utilisé dans le monde, il est sous les radars de nombreux organismes scientifiques et associations environnementales. De nombreuses études ont été conduites pour connaître son impact sur l’homme et l’environnement avec des conclusions contrastées pour le moment : il est classé « cancérogène probable » par le Centre International de Recherche sur le Cancer et jugé « ni cancérogène, mutagène ou reprotoxique » par l’Agence Européenne des produits chimiques (ECHA).
La Commission européenne propose de prolonger l’autorisation du glyphosate de 10 ans
L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a transmis en juillet 2023 ses conclusions sur l’évaluation des risques du glyphosate qui, selon elle, ne présente pas de risques suffisants pour en interdire l’utilisation dans l’Union européenne. Les détails de cette évaluation seront rendus publics avant la fin de l’année. Les États membres sont tenus de se prononcer sur la proposition de la Commission européenne, de prolonger son utilisation pendant 10 ans, avant la mi-décembre, date de l’expiration de la validation de l’autorisation actuelle du glyphosate.
Quelles sont les conditions d’utilisation du glyphosate en viticulture ?
Le glyphosate interdit en inter-rang
Depuis septembre 2021, l’utilisation du glyphosate en viticulture est exclusivement réservée au cavaillon et interdite dans l’inter-rang. La dose maximale autorisée est de 450 g de matière active par hectare et par an. Une dérogation avec une dose de 2 160 g/ha/ an est possible dans les cas suivants : vignes mères de porte-greffes, zones en pente non mécanisables ou vignes au sol très caillouteux.
Le glyphosate, un joker pour les vivaces
Selon l’IFV, la dose autorisée de ne permet pas de détruire un couvert végétal fortement développé en sortie d’hiver. En conséquence, l’institut technique recommande de travailler en amont avec la réalisation d’un cavaillon à l’automne, puis d’un décavaillonnage en sortie d’hiver, pour aborder la reprise de végétation avec des adventices peu développées et plus facilement maîtrisables par voie chimique comme par voie mécanique.
En présence avérée de vivaces (chiendent, liseron), l’IFV conseille de cibler ces mauvaises herbes avec les 450 g/ha de glyphosate pendant l’été et de privilégier des interventions mécaniques sur le rang pour maîtriser la flore annuelle. En l’absence de vivaces, le glyphosate peut être appliqué en sortie d’hiver, associé à un herbicide de prélevée.
Peut-on se passer du glyphosate dans la vigne ?
Depuis plusieurs années, de nombreux projets ont vu le jour pour réduire les usages du désherbant. En viticulture, la première alternative mise en avant pour réduire le glyphosate est le désherbage mécanique. Elle nécessite des équipements spécifiques (type interceps) et plusieurs passages en particulier quand les printemps sont pluvieux.
Comment détruire le couvert végétal en sortie d’hiver sans glyphosate ?
En cas de retrait du glyphosate, des stratégies faisant appel uniquement à des herbicides foliaires seraient difficiles à tenir, en particulier pour la destruction du couvert végétal en sortie d’hiver et la destruction des vivaces. De plus en plus de vignerons s’orientent vers des stratégies mixtes, combinant désherbage mécanique et désherbage chimique.
Pour faciliter cela, des outils permettent de combiner les deux types de désherbages ont vu le jour, comme le Grifherbu et l’Herbiduo. Ils permettent de coupler le travail du sol à l’application d’herbicide.
5 alternatives au glyphosate à combiner dans la vigne
D’autres alternatives au glyphosate à combiner et à confirmer :
- Le désherbage électrique qui repose sur la mise en contact des végétaux avec des électrodes. Il nécessite un investissement important (120 000 euros pour l’intercep de Zasso). L’efficacité est variable selon les adventices.
- Le désherbage thermique mais il émet plus de CO2 par hectare que le désherbage chimique et il n’a pas d’effet racinaire.
- L’enherbement, que ce soit avec des engrais verts ou de l'enherbement naturel. Si cette technique fait de plus en plus d'adeptes dans l'interrang, il est également possible de la décliner sur le cavaillon, mais elle peut s'avérer concurrentielle pour la vigne et onéreuse, selon des essais conduits par la chambre d’agriculture du Vaucluse.
- Le biocontrôle : des recherches sont en cours sur des insectes phytophages capables de contrôler des plantes nuisibles. La solution Beloukha à base d’acide pélargonique a fait ses preuves même si elle reste coûteuse et nécessite un matériel pointu et adapté.
- Demain, des molécules naturelles pourraient également contribuer au désherbage des vignes comme la radulanine A, dont les effets toxiques ont été mis en évidence en 2019 sur une crucifère modèle en biologie.