Aller au contenu principal

Quels leviers pour continuer à faire du Champagne après 2050 ?

L’impact du changement climatique sur les vins de Champagne était au programme de la conférence des œnologues qui s’est tenue pendant le Viteff. Tour d’horizon des pratiques œnologiques évoquées pour y faire face.

Avec le changement climatique, la chaptalisation, autorisée en Champagne, pourrait ne plus présenter d'intérêt.
Avec le changement climatique, la chaptalisation, autorisée en Champagne, pourrait ne plus présenter d'intérêt.
© J.-C. Gutner

+ 0,8% vol. C’est la hausse moyenne des degrés alcooliques dans les vins de base de champagne en trente ans. L’acidité totale a de son côté chuté de 1,5 g d’H2SO4/litre sur la même période. Le vignoble est donc contraint d’adapter ses pratiques afin de conserver la typicité de ses vins. « Au-delà de 2050, il faut se préparer au pire », prévient Arnaud Descôtes, directeur technique au Comité interprofessionnel des vins de Champagne (CIVC).

La chaptalisation est vouée à disparaître

Si le sujet inquiète, le CIVC se veut plutôt rassurant. « On a une boîte à outils garnie », estime Arnaud Descôtes. Premier levier, la chaptalisation. « En moyenne, nos moûts ont un TAV de 10,3 %, alors que nos vins de base titrent autour de 11 % vol. À terme nous n’aurons plus besoin de chaptaliser », évalue le responsable. La voie biologique est un second levier à actionner, quoique complexe. « Il y a deux possibilités. Soit on développe de nouvelles souches de S. cerevisiae par des techniques OGM ou non. Soit on sélectionne des souches non-Saccharomyces qui consomment des sucres sans pour autant produire de l’éthanol », expose Hervé Alexandre, enseignant chercheur à l’Institut universitaire de la vigne et du vin (IUVV) de Dijon.

La piste OGM est toutefois peu explorée compte tenu de la politique intracommunautaire sur le sujet. En revanche, les techniques non OGM comme la mutagenèse, l’hybridation ou l’adaptation évolutive offrent des opportunités. « Elles posent toutefois des questions sur le plan éthique puisqu’elles visent à contraindre les levures à dévier de leur métabolisme naturel », soulève le chercheur.

Les techniques membranaires de désalcoolisation en réflexion

Si la sélection de souches non-Saccharomyces se montre plus prometteuse, Hervé Alexandre rapporte par ailleurs que la baisse des degrés alcooliques est systématiquement plus importante à l’échelle laboratoire qu’en conditions réelles. Pour l’heure, compte tenu du coût, le jeu n’en vaut donc peut-être pas la chandelle. Avec l’évolution prochaine de l’OCM viticole, les techniques membranaires comme la nanofiltration ou l’osmose inverse pourraient faire leur entrée dans le monde des AOC. Encore faut-il qu’elles soient autorisées par les cahiers des charges. « Il y a toutefois des questions d’ordre réglementaire concernant les rejets à élucider », pose Philippe Cottereau, ingénieur à l’IFV.

Les couverts végétaux impactent le pH des vins

Outre le changement climatique lui-même, des techniques adoptées à la vigne pour y faire face impactent également la composition des vins. « Depuis que nous avons implanté des couverts végétaux, nous avons remarqué que les pH de nos vins avaient bougé. Ce qui pose quelques soucis pour les prises de mousse », note José Lievens, des champagnes Picard. En Champagne comme partout ailleurs, adapter ses pratiques est une affaire de compromis.

voir plus loin

Des tests de dilution à l’eau concluants dans l’Hémisphère sud

« La technique la plus simple pour abaisser le degré alcoolique, c’est d’ajouter de l’eau », souligne Hervé Alexandre, enseignant chercheur à l’IUVV de Dijon. Une pratique évidemment interdite en Europe. Hors de nos frontières, elle est pourtant courante, et se montre même intéressante sous certaines conditions. Nicolas Follet, œnologue conseil chez Oenosense Consulting, et l’œnologue Michel Rolland, ont mené lors des dernières vendanges des essais sur le sujet en Afrique du Sud. « Nous avons fait une saignée à 15 % d’une cuve de vin rouge, puis une dilution du jus extrait à 15 % avant de le réincorporer dans la cuve mère. Avec un impact neutre sur l’aromatique et la texture des vins comparé au témoin non dilué », assure Nicolas Follet.

Les plus lus

Ce tâteur fixe réalisé avec une dent d'andaineur de fenaison permet de coucher les herbes qui pourraient déclencher le tâteur hydraulique de l'intercep.
Astuce de viticulteur : « J’ai trouvé un système pour coucher les érigérons devant l’intercep »

Christophe Lunel, viticulteur à Vagnas en Ardèche, a adapté un système aussi simple qu’ingénieux pour coucher les grosses…

%agr
Sécheresse : la dernière crise viticole pour les Pyrénées-Orientales et le sud de l’Aude ?

Le sud de l’Aude et les Pyrénées-Orientales s’enfoncent dans une crise inédite. Et personne ne sait ce qu’il en sortira.

Viticulture. Commercialisation du vin. Vente en vrac au négoce. Chargement de vin dans un camion citerne de 28 000 litres depuis le chai d'un vigneron. Enlèvement de vin ...
Contrats vrac : « Egalim implique des changements importants pour le vin »

La loi Egalim prévoit des règles pour la contractualisation entre un vendeur et un acheteur de produits agricoles. Le point…

New Holland autoguidage lidar
New Holland - Guidage par Lidar sur les T4 V/N/F
New Holland est lauréat d’une « innovation technique » à l’Eima pour une solution de pilotage du tracteur par Lidar.
Dès que les symptômes de la flavescence dorée apparaissent, le cep concerné doit être arraché.
Flavescence dorée : faire l’impasse sur les traitements obligatoires pourrait coûter cher aux viticulteurs
Une étude en cours essaie de chiffrer le coût des réticences des viticulteurs face au fléau que représente la flavescence dorée.…
Pellenc dévoile la machine de récolte Optimum XXL80, qui convient aussi bien à la récolte des olives et amandes en cultures super-intensives avec la nouvelle tête de récolte Arbo'Process, qu'en vendange avec la tête de récolte Selectiv'Process.
Pellenc – L’Optimum XXL80, la récolte en grande taille

Pellenc complète par le haut son catalogue d’automotrices de récolte avec l’Optimum XXL 80, pour le raisin, les olives et les…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Vigne
Consultez les revues Réussir Vigne au format numérique sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters des filières viticole et vinicole