Quand la sélection massale sert la diversité génétique du merlot
Au château Petrus, la sélection massale a permis l’exploration génétique des merlots. Plusieurs accessions d’intérêt vis-à-vis du changement climatique ont été repérées, et un protocole reproductible de la méthodologie de sélection a été rédigé.
Parce que la biodiversité existe au sein de chaque cépage, le château Petrus, en Gironde, a voulu cartographier la variabilité génétique des 55 accessions de merlot de sa collection issue d’un programme de sélection massale au sein de vieilles vignes plantées dans les années 1950. Une opération rendue possible par les nouvelles méthodes de séquençage à haut débit et grâce à l’appui de la cellule Agap (Amélioration génétique et adaptation des plantes) de l’Inrae et l’IFV.
« Cette exploration de la diversité intravariétale du merlot sert à identifier les accessions les mieux adaptées au changement climatique, notamment celles dont le métabolisme global donne des raisins moins sucrés au moment des vendanges, explique Victoria Lesbats Sichel, auteur de ces travaux dans le cadre de sa thèse. L’idée est de permettre au merlot de retrouver sa fenêtre optimale de maturation tout en conservant son potentiel œnologique pour élaborer des vins de qualité. »
Jusqu’à 1 degré d’alcool de différence entre deux individus
Ce travail de recherche a notamment permis de mettre en évidence une différence significative d’environ 1 degré d’alcool entre l’accession la plus précoce et la plus tardive de la collection. Après avoir été microvinifiées puis sélectionnées pour leur intérêt œnologique et leur aptitude au changement climatique, cinq accessions ont été plantées (200 pieds chacune) en 2023 en comparatif avec les clones du commerce.
Le but sera d’observer la réalité de leur adaptation au changement climatique et de vérifier le maintien de leur potentiel œnologique. En cas d’essais concluants, leur mise à disposition auprès des viticulteurs pourra s’envisager. Et pour ceux qui souhaiteraient lancer une sélection intravariétale à partir de leurs propres vignes, un protocole a été rédigé. Il décrit les différentes étapes à mettre en œuvre, à commencer par les modalités d’observation, de collecte et de traitement statistiques des différentes données.