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Protéger la vigne du mildiou et de l'oïdium grâce à des micro-injections de produits phytosanitaires dans le cep

Des essais de micro-injection dans le cep ont été réalisés dans le cadre du projet Preamisse sur mildiou et oïdium pendant trois ans. Le concept est prometteur, mais les résultats sont perfectibles en vigne.

Et si demain, on protégeait la vigne des parasites, maladies et ravageurs, avec une injection, à l’image d’un vaccin en santé humaine ? Une idée d’avant-garde mise en œuvre lors de Preamisse, « un projet innovant qui consiste à développer une solution de traitement par micro-injection des arbres », explique Philippe Beuste, porteur du projet et gérant de Lauragri Services, entreprise de prestation de services paysagers en zone non agricole (ZNA). Initialement prévu pour répondre à un besoin de solutions alternatives dans ce secteur, ce projet révolutionnaire a été étendu à l’arboriculture et à la vigne pour une période d’essais sur trois ans, à partir de décembre 2014. Les premiers résultats de ces travaux ont été présentés en mars 2019 à Toulouse, et sont très encourageants. Cette technique montre notamment des avancées significatives dans la maîtrise de certains ravageurs comme le carpocapse du pommier, le processionnaire du pin, ou encrore la mineuse du marronnier.

Les résultats sont encore mitigés sur mildiou et oïdium en vigne

En viticulture, des essais ont été mis en place par l’IFV sur mildiou à Gaillac dans le Tarn et sur oïdium dans le Gers, de 2014 à 2018. « Les matières actives qui ont été injectées sont des substances déjà autorisées sur le mildiou et l’oïdium de la vigne. Le choix s’est porté sur des molécules systémiques, qui circulent dans la sève », explique Audrey Petit, ingénieur à l’IFV sud-ouest, partenaire du projet. Les injections, au nombre de trois à quatre par saison, ont été réalisées en cours de végétation, et les doses injectées (de l’ordre du millilitre de bouillie par cep) ont été calculées à partir de la dose par hectare des produits autorisés sur la vigne. Les résultats des trois années d’essais sont mitigés avec, souligne Audrey Petit, « pas d’efficacité concernant les matières actives testées sur oïdium, mais en revanche une efficacité sur mildiou comparable à la référence pour l’une des modalités testées en dernière année d’expérimentation ».

Plusieurs facteurs semblent expliquer les difficultés rencontrées en vigne, selon les partenaires du projet. Pour Adeline Renier, du centre d’expertise en techniques environnementales et végétales (Cetev), organisme partenaire du projet en charge de la mise en place des traitements de micro-injection, il semblerait notamment « que la technique de micro-injection soit plus adaptée à la maîtrise des ravageurs qu’à celle des maladies fongiques, du fait de la nécessité de contrôle des inoculums successifs ».

La formulation des produits, un point clef pour la micro-injection

Le deuxième facteur de réussite de la micro-injection est la formulation des produits, qui doit être adaptée. « Le challenge est de mettre au point des formulations qui permettent d’injecter les matières actives autorisées en très faible quantité, mais avec suffisamment de principe actif pour avoir un effet sur les parasites visés », explique Wilfried Remus, de la société Jade, qui a travaillé sur la formulation des produits. Pour chaque problématique et chaque filière, l’entreprise a donc sélectionné des matières actives en fonction de leur profil environnemental et de la possibilité de les reformuler pour la micro-injection. « Nous avons travaillé sur des matières actives solos afin de mieux évaluer leur capacité à rentrer et rester dans la plante sans rejet », précise Wilfried Remus, « avec la difficulté pour la vigne, d’avoir affaire à une liane et non à un arbre comme c’est le cas pour les autres filières étudiées ».

Des aiguilles adaptées sur un matériel portatif

Un autre défi majeur de ce projet innovant a été la conception d’une machine portative, légère et précise, pour la micro-injection. Philippe Beuste a travaillé avec la société Premetec pour mettre au point le matériel d’application. « Depuis fin 2017, la machine est finalisée, elle peut être utilisée manuellement ou sur un porteur. Elle est un peu plus grosse qu’un sécateur et comporte un réservoir qui peut contenir de 20 à 100 ml de produit », décrit le concepteur, qui précise qu’en viticulture, la forme de l’aiguille, essentielle pour sa performance, a été une question délicate à mettre au point. « L’outil est hypersécurisé, ajoute Philippe Beuste, afin qu’il n’y ait aucun contact avec le produit, et à terme il devrait être connecté, géolocalisé pour une application encore plus précise ». La machine reste à ce jour secrète avec pas moins de 5 brevets déposés !

Un concept prometteur à tester sur les maladies du bois

Au-delà des réussites et des échecs d’efficacité du projet Preamisse par filière et problématique testées, Adeline Renier rappelle l’intérêt environnemental et sociétal du concept de la micro-injection, « diminution des doses d’intrants, absence de dérive au sol ou dans l’air, zéro impact sur les riverains, respect des LMR », autant d’atouts qui, espèrent les partenaires du projet, motiveront les professionnels des différentes filières à poursuivre les travaux sur la micro-injection. En viticulture, remarque Audrey Petit, « il pourrait être intéressant d’étudier la micro-injection pour maîtriser les maladies du bois et de poursuivre les travaux de recherche sur mildiou et oïdium mais avec d’autres molécules et d’autres formulations ».

voir plus clair

Les partenaires du projet Preamisse

Lauragri Services, porteur du projet qui a travaillé sur un prototype de machine avec la société Prometec.

Le CETEV, centre d’expertise en techniques environnementales et végétales, pour la mise en place de l’ensemble des expérimentations et traitement en micro-injection.

La société Jade, filiale du groupe Belchim Crop Protection, chargée de la formulation de produits adaptés à la technique.

L’IFV sud-ouest pour l’évaluation du système en vigne.

Le CTIFL, centre technique interprofessionnel des fruits et légumes, pour l’évaluation du système en arboriculture.

L’UMR, unité mixte de recherche Toxalim de l’Inra de Toulouse.

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