Peut-on faire des économies sur le palissage de la vigne ?
Dans un contexte économique qui se tend, quels sont les leviers à actionner pour faire des économies sur le palissage ?
Jeunes plantations, vignes établies dont le palissage est arrivé en fin de vie, changement dans la conduite d’une vigne (passage à la taille rase ou minimale), évolution de la mécanisation pour compenser la pénurie de main-d’œuvre, etc. Les raisons qui poussent à refaire un palissage sont multiples. Aussi, face à la situation économique, comment investir ?
L’attitude trop souvent adoptée consiste à faire le tour des distributeurs et à sélectionner le moins cher. Mais à tirer sur les prix, le viticulteur n’est jamais gagnant. « Quand on achète des piquets galvanisés, on peut avoir, selon les gammes et les marques, des modèles avec 80 microns d’épaisseur de galvanisation, comme on peut n’avoir que 5 microns, cite pour exemple Jean-Marie Leclercq, gérant de C.E.P. consulting, spécialisé dans le conseil en palissage. Le deuxième sera naturellement moins cher, mais se dégradera aussi beaucoup plus vite. » Sur le long terme, l’achat économique ne s’avère pas forcément gagnant, puisque le piquet se détériorera beaucoup plus vite. Même chose sur l’épaisseur d’acier : diminuer de 10 % l’épaisseur d’acier réduit d’autant le prix du piquet, mais ampute sa résistance mécanique de 20 %. « Devoir remplacer régulièrement des piquets a un coût et mobilise la main-d’œuvre, à une période où en en a besoin ailleurs », pointe le consultant.
La qualité est donc un critère à privilégier par rapport au prix. Le consultant met en garde contre les arguments marketing. « Derrière un même nom de piquet, j’ai pu constater neuf qualités différentes », prévient Jean-Marie Leclercq. Pour des piquets en bois, si on mesure la section avec l’écorce et l’aubier, la durée de vie sera plus faible que pour ceux prélevés dans le cœur.
Un dimensionnement personnalisé à la parcelle
Pour être sûr d’avoir la qualité voulue, il est essentiel d’établir un cahier des charges précis et de le soumettre à son fournisseur. S’il y a des soucis liés à des qualités moindres, l’avoir écrit noir sur blanc dans le cahier des charges engage le vendeur et permet d’avoir un recours. Pour établir ce document, Jean-Marie Leclercq incite à prendre en compte les caractéristiques techniques du produit, ainsi que les cinq principales contraintes (la vigne, la parcelle, la mécanisation, le viticulteur et l’environnement). Le dimensionnement des différents éléments du palissage ne sera pas forcément le même d’une parcelle à une autre : surdimensionner les parcelles à faibles contraintes n’est pas le meilleur compromis économique. Le consultant renvoie vers les simulateurs en ligne sur la page web Technis’Infos, pour optimiser le choix de chaque élément de son installation.
Des choix technologiques peuvent être économiques
Pour un même équipement, plusieurs choix s’offrent parfois au viticulteur. Jean-Marie Leclercq prend l’exemple des fils d’acier : « un acier doux a une résistance à la rupture de 40 à 60 kg/mm² de section. Un acier mi-dur de 70 à 90 kg. Pour une même parcelle, un fil d’acier mi-dur de plus petite section fera le même travail qu’un fil d’acier mou de plus grande section. Le poids total de fils pour la parcelle sera plus faible dans le premier cas. Qui dit moins d’acier, dit économie à la clé. » Le consultant renvoie vers le site Technissage qui comprend plusieurs simulateurs qui indiquent les économies potentielles générées.
Il reste un dernier levier pour réaliser des économies sur le palissage sans compromis sur la qualité : l’achat groupé. Même si cela impose une certaine organisation, mutualiser l’investissement permet de négocier plus facilement des réductions tarifaires auprès du distributeur.