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Optimiser son matériel pour moins consommer

Pouvoir choisir un matériel en fonction de ses caractéristiques techniques, mais aussi de sa consommation énergétique, comme c'est déjà le cas pour les appareils électroménagers. Tel est l'enjeu des essais menés à l'IFV Pôle Sud-Ouest. Il en ressort logiquement que les technologies « passives » sont les moins gourmandes.

L'IFV a utilisé un débitmètre à gasoil de marque AIC modèle 884, pour effectuer des mesures en continu du débit de gasoil dans le circuit d'alimentation du moteur, avec un enregistrement des valeurs de consommation instantanée seconde par seconde.
L'IFV a utilisé un débitmètre à gasoil de marque AIC modèle 884, pour effectuer des mesures en continu du débit de gasoil dans le circuit d'alimentation du moteur, avec un enregistrement des valeurs de consommation instantanée seconde par seconde.
© C. Gaviglio

Le Giesco (Groupe international d'experts en systèmes vitivinicoles pour la coopération), qui s'est déroulé à Gruissan et à Montpellier (Hérault) la première semaine de juin, a été l'occasion pour de nombreux chercheurs de dévoiler les résultats de leurs derniers travaux. Ce fut notamment le cas pour Christophe Gaviglio, de l'IFV Pôle Sud-Ouest, venu exposer les dernières avancées de ses expérimentations sur la consommation de carburant au vignoble. En voici les principaux enseignements.

1-Les technologies « passives » moins énergivores

Le choix d'une technologie impacte fortement la qualité du travail réalisé, mais aussi la consommation en carburant du tracteur. C'est ce que l'IFV a démontré, sur trois types de matériels : les pulvérisateurs, les effeuilleuses et le désherbage mécanique sous le rang. À chaque fois, la technologie la plus « passive » s'est avérée être la moins gourmande.

C'est particulièrement criant sur les interceps. L'IFV a comparé un intercep rotatif animé hydrauliquement, une lame bineuse avec effacement hydraulique, l'étoile de binage de Kress et l'Ecocep de CGC Agri ; ces deux derniers matériels étant auto-animés (cf. dossier du numéro de juin). Et malgré la puissance nécessaire pour les entraîner, ce sont ces deux derniers outils qui sont les plus économes en carburant. L'étoile se place en pôle position avec seulement 2,2 l/ha, grâce à une vitesse de passage élevée (7 km/h), suivie de près par l'Ecocep avec 3,8 l/ha (5 km/h). La lame bineuse se retrouve en troisième place avec une consommation de 8,3 l/ha, en partie provoquée par une vitesse de travail de l'ordre de 3 km/h. L'intercep rotatif hydraulique se retrouve bon dernier avec 12 l/ha, du fait de l'emploi d'hydraulique, fournie par une centrale branchée sur la prise de force et surtout d'une faible vitesse de travail (2,5 km/h). Ces chiffres sont variables en fonction des conditions d'utilisation.

Le constat est similaire pour les effeuilleuses. En mode « une face effeuillée », la machine à pales-couteaux consomme moins que la pneumatique, qui est elle-même moins gourmande que celle à soufflerie et barre de coupe. Les consommations s'établissent respectivement à 4,6 l/h, 6,4 l/h et 9,3 l/h. Néanmoins, le classement change lorsque la machine effeuille deux faces simultanément, la pneumatique étant alors la plus dispendieuse (15,7 l/h), « la soufflerie et barre de coupe n'étant presque pas affectée par la mise en route du deuxième module », souligne l'expert.

En traitement, l'emploi d'un pulvérisateur à jet porté s'avère moins énergivore qu'un pneumatique, de 7 à 18 % environ, notamment suivant le stade phénologique de la vigne. « L'écart peut s'élever à 18 % quand les appareils ne sont pas utilisés au maximum de leurs capacités, par exemple, en début de saison, détaille Christophe Gaviglio. Mais la différence est beaucoup plus faible dans le cas d'une utilisation à pleine charge (turbine à vitesse maximale et régime de prise de force normal). »

2 - Moins de consommation avec le régime de prise de force économique

Cela semble aller de soi. Mais encore fallait-il le prouver. Le recours au régime de prise de force économique du tracteur (540 E) permet bel et bien d'effectuer des économies de carburant. Logique puisqu'il s'agit d'une démultiplication permettant de travailler à 540 tours/minutes à la prise de force, mais avec un régime moteur moindre. Suivant les matériels, les gains vont de 2,7 à 13,3 % avec un tracteur John Deere 5080 V de 80 chevaux, et de 25,6 à 34,4 % pour un Landini Rex 95 F, de 95 chevaux. Mais contrairement à ce que l'on pourrait supposer de prime abord, ce n'est pas sur les mêmes matériels que les différences les plus importantes ont été constatées. Ainsi, les économies les plus significatives ont été réalisées avec le broyeur à sarments pour le Landini, et avec une tondeuse pour le John Deere. « La réserve de puissance disponible est un facteur qui permet d'abaisser le régime moteur sans perdre en efficience, note Christophe Gaviglio. Les consommations moyennes sont ainsi plus faibles avec le tracteur le plus puissant utilisé à bas régime, alors que c'est l'inverse sans utiliser le mode économique. » Et de souligner : « utiliser un tracteur plus puissant pour les mêmes travaux dans les mêmes conditions est un facteur de surconsommation si on n'applique pas d'optimisations, hors celles-ci autorisent des gains souvent plus intéressants qu'avec un tracteur moins puissant. »

3 - De l'importance des réglages et de la vitesse

Vitesse d'avancement et réglage des outils sont deux paramètres influant fortement sur la consommation à l'hectare. « Il ressort de notre étude que, lorsque les conditions le permettent, augmenter le débit de chantier en travaillant plus vite est favorable à la consommation par hectare, en dépit d'une consommation horaire supérieure », pointe l'ingénieur.

Par ailleurs, il est « économique » de bien régler son matériel. À titre d'exemple, l'utilisation d'une vitesse d'air moindre en sortie de turbine en début de saison diminue la consommation d'un pulvérisateur de manière non négligeable. Le gain est de l'ordre de 18 % sur un pneumatique et de 27 % pour un jet porté. En travail du sol, la profondeur de travail est le principal levier d'économie. Selon Christophe Gaviglio, entre un désherbage plutôt superficiel et un ameublissement plus profond, et à vitesse égale, la différence de consommation tourne aux alentours de 50 % !

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