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L’Herbanet, pour désherber au printemps sur sol humide

Philippe Carretero, vigneron girondin, s’est équipé d’un Herbanet lors de sa conversion en bio en 2009. Sept ans plus tard, cet outil tient toujours ses promesses.

« En sept ans, mon utilisation de l’Herbanet a évolué, résume Philippe Carretero, vigneron sur 47 hectares à Saint-Ciers d’Abzac, en Gironde. Mais j’en suis vraiment satisfait. » Cet outil est constitué de deux têtes, comportant chacune un rotor horizontal, d’où partent cinquante-deux fils répartis dans treize trous. Animées par leur centrale hydraulique, les têtes « brossent » le sol et le bas de souches, ce qui provoque un désherbage avec « effet immédiat ». Philippe Carretero effectue quatre passages par an : deux en sortie d’hiver (le premier en avril, juste avant le premier traitement, et le second début mai), afin de nettoyer le cavaillon, et deux fin mai et en juin, pour épamprer le bas des souches, tout en tondant les adventices. Car c’est l’un des points forts de ce matériel : il réalise deux opérations simultanément, nettoyage d’une bande de 20 cm de part et d’autre du pied, et épamprage de la base des ceps sur 20 cm de hauteur.

Mais contrairement à ce que l’exploitant espérait lors de son achat, l’Herbanet seul ne permet pas d’entretenir le cavaillon tout au long de la saison. « J’ai pu faire cela les deux premières campagnes qui ont suivi l’arrêt des herbicides, témoigne-t-il. Mais ensuite, une autre flore s’est développée, dont je ne viens pas à bout avec l’Herbanet. » C’est le cas du chiendent et du ray-grass par exemple.

Un outil complémentaire des lames

De plus, « sur nos terrains argilo-limoneux, l’Herbanet ne peut pas s’employer sur sol sec, il soulève tellement de poussière qu’on ne voit pas à trois mètres », relève le propriétaire du château Rioublanc. Il passe alors des lames interceps pour poursuivre l’entretien du cavaillon, une fois les sols secs. C’est d’ailleurs dans ce cas que les lames font le meilleur travail. « Les deux outils sont complémentaires, pointe-t-il. L’Herbanet supprime les herbes hautes qui perturbent le tâteur des lames. Quant aux lames, elles viennent à bout des herbes restantes. »

Philippe Carretero souligne également que l’Herbanet ne convient pas à toutes les situations : « il nécessite des vignes pas trop basses et bien établies ». Les manchons protégeant les complants doivent être suffisamment résistants ; des Tubex ou des Winytub selon lui. De même, l’outil provoque des projections de terre, de brins d’herbes, de poussière… En ce sens, « il faut en tenir compte dans le programme de traitement ».

Des fils torsadés en plastique de 3,9 mm

Au fil du temps, le choix des fils s’est porté sur des Vortex de 3,9 mm de diamètre. « C’est gros mais cela n’abîme pas les ceps, et c’est plus rapide à changer. Ces fils sont les plus résistants, on peut travailler jusqu’à une demi-journée sur sol très humide, deux heures en conditions plus difficiles », note-t-il. Au total, les fils reviennent à environ 50 euros/ha/an. Il a également affiné la découpe des fils : "nous faisons cela à deux. Nous coupons 4 fils à la fois avec un sécateur électrique. Cela prend 15 à 20 minutes pour quatre bobines de 76 mètres."

Au niveau de la fiabilité, l’Herbanet donne toute satisfaction à son utilisateur : « le système hydraulique, que ce soit l’écartement des têtes ou leur rotation n’a jamais failli », se félicite Philippe Carretero. Il a en revanche changé les carters de protection l’an dernier. Par ailleurs, les trous d’où partent les derniers fils se sont agrandis, « mais cela n’est pas gênant ».

Pour le vigneron, « l’Herbanet et les lames interceps constituent une « dream team » : l’Herbanet intervient par temps humide et en surface et permet de retarder le travail du sol (portance). Les lames interviennent par temps sec et plus en profondeur. Ces deux outils associés entretiennent un cavaillon parfait tout au long de l’année ». Tant et si bien qu’il s’est équipé d’une seconde paire d’Herbanet en 2013 !

repères

Outil : Herbanet, des Établissements Soreau Mounier

Vitesse de passage : 2 à 4 km/h

Hydraulique : Centrale intégrée, branchée sur la prise de force économique

Puissance nécessaire : faible (tracteur de 40 ou 50 ch suffisant)

Consommables : environ 1 bobine de 76 mètres pour 4 à 8 ha (selon humidité du sol).

Prix : 13 000 euros en 2009.

avis d’expert

Peu adapté aux vignes basses

"Ce type de matériel a du mal à se développer en Gironde, car il n’est pas adapté aux vignes basses, surtout dès que les grappes sont tombantes. Et ce, du fait de la hauteur de travail minimale insuffisante de ce type de matériel (généralement supérieur à 40 cm). Autre frein, l’appareil génère une poussière problématique, et ce d’autant plus qu’elle se dépose sur les feuilles, provoquant des phénomènes de grillure. Pour pallier cela, on peut ajouter un système d’asperseurs, mais le remède est presque pire que le mal lorsque le volume d’eau pulvérisé est trop important (projection de boue au niveau de la zone fructifère). Autre inconvénient, le débit de chantier est limité (surtout lors d’intervention sur des couverts végétaux fortement développés). On travaille entre 1,5 et 2 km/h. Et la gestion des complants, en montage deux demi-rangs est complexe. Il est difficile d’être vigilant sur les deux côtés à la fois, pour débrayer au niveau des jeunes plants. Il est donc impératif d’avoir des manchons rigides résistants. Dernier souci : l’outil est limité sur sol humide et battant. Il lisse la terre ce qui occasionne la formation d’une semelle de labour sous le rang et des risques de ravinement.

Néanmoins, sur vignes hautes à faible densité, sur des terres argileuses compactes, et dans des conditions de contre-pente ou de dévers, l’Herbanet peut être intéressant. Il permet de réaliser deux opérations en une, et on peut intervenir même en conditions humides, sur des couverts relativement importants, de manière performante. Dernier avantage, la possibilité de réaliser un pseudo-décavaillonnage sur les sols légers à tendance sableuse. »

(((Pasdois)))

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