« Les robots viticoles réalisent un entretien du cavaillon précis et régulier »
La plupart des robots viticoles actuellement sur le marché permettent de travailler sous le rang. Entretien avec Christophe Gaviglio, ingénieur spécialisé en agroéquipements à l’IFV Occitanie, sur les avantages et inconvénients de cette nouvelle technologie.
La plupart des robots viticoles actuellement sur le marché permettent de travailler sous le rang. Entretien avec Christophe Gaviglio, ingénieur spécialisé en agroéquipements à l’IFV Occitanie, sur les avantages et inconvénients de cette nouvelle technologie.

Les robots sont-ils efficaces pour entretenir le cavaillon ?
Oui. Moyennant un bon arpentage de la parcelle en amont, les robots effectuent un travail sous le rang précis et régulier, tout au long de la journée et passage après passage. Il y a un risque bien moindre d’abîmer ou de faire sauter des ceps que lors d’un travail mécanique par un tracteur avec chauffeur. Une fois que la cartographie est bonne, le robot suit la carte avec une précision centimétrique.
Quelle est la configuration la plus efficace ?

Les robots enjambeurs ont un avantage en termes de précision, puisqu’ils ne doivent s’aligner que sur un rang à la fois, ce qui est plus simple. Les outils remontent les problèmes rencontrés au robot et se réalignent automatiquement. Les enjambeurs permettent par ailleurs de travailler les deux côtés du cavaillon simultanément. C’est la solution idéale pour travailler sous le rang.
Un robot interrang aura moins de prétentions de qualité de travail au binage sous le rang, puisqu’il devra s’aligner sur les deux rangs, mais il permettra une meilleure optimisation économique.
Quelles performances peut-on attendre ?
D’après mon expérience, les robots peuvent travailler entre 4 et 5 km/h sans problème. Les manœuvres de bout de rang ont été bien optimisées. Un changement de rang qui prenait auparavant une minute ne dure plus que 30 secondes. En revanche, ces robots ne sont pas adaptés aux dévers, n’étant pas équipés de correction de dévers.
Par ailleurs, de plus en plus d’interceps sont disponibles, comme des lames, des décavaillonneuses, des disques.
Quand on souhaite s’équiper d’un robot, quels sont les principaux critères de choix ?
Il faut se poser plusieurs questions avant de faire son choix : quel est le terrain (vignes étroites ou larges, présence de pentes, etc.), est-ce que je veux travailler l’interrang ou uniquement sous le rang, l’outil doit-il être simple à déplacer ou n’est-ce pas un souci (ce qui déterminera la taille de l’engin), quelle interface utilisateur conviendrait à mon domaine (Smartphone ou télécommande), de quel budget est-ce que je dispose ? Tout cela permettra de s’orienter vers l’un ou l’autre des robots.
À l’heure actuelle, Vitibot, Naïo Technologies, Sabi Agri, Exxact Robotics, ou encore Pellenc proposent tous des engins permettant de travailler le cavaillon. Mais ils répondent à des configurations différentes. Le Bakus de Vitibot vaut par exemple dans les 200 000 euros et enjambe un rang. Il doit être déplacé avec une remorque. À l’inverse, le Jo de Naïo Technologies évolue dans un interrang, ne coûte « que » 130 000 euros et peut être transporté dans un fourgon.
Quels sont les points de vigilance à avoir en tête ?
Si les robots travaillent de manière autonome, il faut néanmoins les déplacer d’une parcelle à une autre. Il faut également les surveiller. Sauf les robots de Naïo Technologies mais qui, au passage, perdent en performance.
Par ailleurs, il faut prendre en compte les coûts annexes à celui de l’achat du robot à proprement parler, tels que l’achat d’une remorque, l’abonnement au SAV à distance (environ 4 000 euros par an pour Vitibot), l’abonnement à la correction RTK, la mise en place d’un chargeur dédié, ou encore, si besoin, la réalisation d’un lieu de stockage. De même, le coût de la cartographie est à anticiper. Elle revient à 250 euros par hectare si on la fait soi-même et au double si c’est l’entreprise qui la réalise. Enfin, il faut penser à l’assurance. Groupama s’est depuis longtemps intéressé au sujet des robots et propose un tarif de 600 euros par an (1).
Un autre aspect à prendre en compte est la gestion des pannes. Bien souvent, il ne s’agit pas d’un problème mécanique mais électronique, qui immobilise l’appareil. On se retrouve à devoir débrayer une à une toutes les roues, puis à devoir pousser le robot hors de la parcelle. C’est compliqué.
Quelle rentabilité en attendre ?
Tout dépend de la performance de l’outil et de son prix. Ce sont des matériels que l’on amortit plutôt sur cinq ans, car ce sont des produits technologiques, dont on ne connaît pas encore la durée. Si on part sur un prix d’achat de 200 000 euros, cela fait 40 000 euros par an. Si on a 40 hectares, cela fait 1 000 euros par hectare et par an. C’est beaucoup. Mais si on a une aide FranceAgriMer, à hauteur de 50 % tout de suite, ça commence à être plus compétitif. Il faut aussi regarder la performance du robot. S’il ne peut couvrir que 3 à 4 hectares par jour par exemple, cela signifie qu’il travaillera les 40 hectares en dix à quinze jours, ce qui est long.
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