Expérimentations
Les panneaux récupérateurs permettent d’éviter 40 % de pertes de bouillie
En 2013, les exploitations de deux lycées viticoles girondins ont testé deux pulvérisateurs équipés de panneaux récupérateurs. Objectifs : évaluer leurs atouts et les contraintes de leur utilisation tout au long d’une campagne de traitements.

au Lycée de Montagne près
de Libourne et l’appareil Dhugues–modèle Koléos au lycée de la Tour Blanche près de Sauternes sont les deux équipements testés.
L’expérimentation conduite sur toute la campagne 2013 fait ressortir que le taux moyen de récupération de bouillie se situe, selon les situations, aux alentours de 40 %. Quant à la qualité de la pulvérisation, évaluée par la quantité de produit déposé et sa répartition sur les parties à traiter (faces inférieures/supérieures des feuilles, zone fructifère), il apparaît que les deux pulvérisateurs testés (Lipco-technologie Clemens au Lycée de Montagne près de Libourne et l’appareil Dhugues–modèle Koléos au lycée de la Tour Blanche près de Sauternes) affichent de bonnes performances, similaires à celles d’appareils “ classiques ” face/face bien réglés. “ Ces résultats montrent d’une part que la qualité de la pulvérisation obtenue avec ces matériels équipés de panneaux récupérateurs est comparable à celle d’appareils classiques face/face, explique Alexandre Davy, ingénieur IFV à Blanquefort. Ce test démontre aussi que ces appareils permettent de baisser significativement les quantités de pesticides utilisés en réduisant fortement les pertes au sol et dans l’air. ” Leur utilisation apparaît particulièrement intéressante lors des premiers traitements quand la vigne n’est pas encore très développée : au stade 5/6 feuilles, le taux de récupération est noté supérieur à 55 % pour les deux appareils testés en 2013.
Baisser les doses de phytos sans prise de risque
La réduction des quantités de produits phytosanitaires utilisés est d’autant plus intéressante pour les viticulteurs qu’elle intervient sans aucune prise de risque : autrement dit, sans réduction de la cadence de traitement mais aussi sans réduction de la dose. Dans la panoplie des mesures envisagées pour réduire la consommation des pesticides, cette voie apparaît donc sécuritaire et significative puisqu’elle conduit in fine à une baisse moyenne de 40 % de la quantité annuelle de produits utilisés.
Cela dit, il reste des freins qui limitent l’utilisation généralisée de ces matériels. La diminution du débit de chantier liée à la fois au nombre plus faible de rangs traités par passage est le premier facteur limitant. Le second est la maniabilité de ces appareils avec un risque d’accrochage accru. Il semble ainsi difficile de vouloir généraliser leur emploi à l’ensemble du vignoble. “ Leur utilisation, poursuit Alxandre Davy, pourrait être prioritairement réservée aux zones sensibles comme celles situées à proximité d’habitations, d’écoles ou de points d’eau. Ces appareils pourraient aussi être spécifiquement utilisés pendant les périodes où ils présentent un maximum d’intérêts pour les viticulteurs, à savoir lors des traitements de début de saison. On peut ainsi imaginer que, sur une même exploitation, cohabitent différents pulvérisateurs équipés ou non de panneaux récupérateurs. Comme perspectives, on peut attendre des constructeurs qu’ils proposent des matériels plus “ souples ” à utiliser pour réduire le risque d‘accrochage et pour assurer une meilleure maniabilité. Sont aussi attendues des montages sur des enjambeurs qui permettraient de traiter plus de trois rangs en vignes étroites pour améliorer le débit de chantier. ”
(1) Cette expérimentation a été menée par les exploitations des lycées agricoles de l’EPLEFPA Bordeaux Gironde, en collaboration avec l’IFV, la DRAAF-SRAL et les constructeurs. Pour plus de renseignements : alex.barrau@formagri33.com au Château La Tour Blanche,melanie.chenard@formagri33.com à l’exploitation du lycée de Montagne ou alexandre.davy@vignevin.com