Oenologie
Les micro-organismes génétiquement modifiés frappent aux portes des chais
Oenologie
Si aucune levure ou bactérie génétiquement modifiée n´est encore commercialisée pour l´oenologie, les recherches avancent et les esprits s´échauffent.
Les rumeurs vont bon train concernant une éventuelle commercialisation dans le secteur de l´oenologie de levures ou de bactéries génétiquement modifiées (OGM). Rumeurs que les scientifiques démentent énergiquement. « Il n´y a aucune levure ou bactérie génétiquement modifiée produite ou vendue à ce jour dans le secteur de l´oenologie, ni en France, ni dans le monde », assure ainsi Laurent Dulau, consultant international en fermentations. « Mais il y en a dans les cartons. » Quelques laboratoires de recherche travaillent en effet sur le sujet et ont mis au point, depuis plusieurs années, des levures GM qui n´attendent que leur heure. Un brevet a même été déposé au Canada avec demande d´autorisation de mise sur le marché pour l´une d´entre elles, sans toutefois l´obtenir. « Aucun MGM n´a été testé en cave, précise également Bruno Blondin, microbiologiste à l´Agro-Inra de Montpellier. La réglementation cantonne les essais à des fermentations en laboratoire. » Même discours chez les fournisseurs de levures et bactéries qui s´empressent de fournir des certificats garantissant que leurs micro-organismes ne sont pas OGM.
©Institut Rhodanien |
« Certes nous ne sommes pas hostiles aux OGM, indique Patrice Pellerin, responsable recherche chez DSM Onologie. Mais notre politique est de respecter la législation et d´être très transparent sur le sujet. Si la législation évolue, nous laisserons le choix aux utilisateurs. »
Il n´y a cependant pas urgence dans le secteur de l´oenologie. « Les méthodes classiques de sélection suffisent pour trouver de nouvelles bactéries intéressantes, estime Éric Pilatte, consultant pour la société CHR. Hansen. La quasi totalité des levures actuellement commercialisées proviennent elles aussi d´une sélection naturelle dans les différents terroirs viticoles ou de croisements. « Les levures modifiées génétiquement ne sont pas indispensables, concède Bruno Blondin. Mais elles apportent toute une panoplie d´outils pour faciliter le travail des oenologues, voire pour améliorer la qualité sanitaire du vin. »
Du côté des vinificateurs, les pro-OGM se font encore discrets, les sceptiques sont plus loquaces. L´Inao a pris position contre dès 2001 et son projet de décret attend la signature du gouvernement. « Les OGM sont contraires à l´esprit AOC qui s´appuie sur une authenticité de terroir, explique René Renou. Nous refusons que des OGM soient lâchés dans la nature avant d´avoir vérifié qu´ils ne posent pas problème, après il sera trop tard, on ne pourra pas revenir en arrière. » L´association Terre et Vin du Monde, qui regroupe 500 vignerons européens, demande un moratoire de dix ans. Les vignerons bio écartent les OGM de leur liste d´additifs autorisés. L´Union des oenologues, qui s´était annoncée contre pourrait revenir sur sa position.