Les innovations viticoles repérées à la foire Vini viti vici
Pour sa deuxième édition, la foire aux innovations tarnaise Vini viti vici a réuni plus de 50 entreprises sur le site de l’IFV Sud-ouest. Voici notre best-of.
Pour sa deuxième édition, la foire aux innovations tarnaise Vini viti vici a réuni plus de 50 entreprises sur le site de l’IFV Sud-ouest. Voici notre best-of.
Un itinéraire bio minimaliste en cuivre.
L’IFV sud-ouest a fait visiter la plateforme d’essai du projet Nocuvibio, lancé en 2021. Le programme est aussi clair qu’ambitieux : concevoir un itinéraire bio viable et sans cuivre. « Un pari gagné en 2022 », se félicite Nicolas Lébé, ingénieur protection du vignoble à l’IFV. Comme on peut aisément s’en douter, la cible a été manquée en 2023. « Mais nous n’avons utilisé que 2,1 kg de cuivre par hectare sur la campagne, ce qui est très honorable au vu de l’incroyable pression », relativise l’ingénieur. Ce résultat repose sur trois piliers que sont la modélisation des maladies, le suivi hebdomadaire des parcelles et l’utilisation de produits de biocontrôle. En 2022, quatre passages basés sur le soufre, l’Armicarb, l’huile essentielle d’orange et le Pyrévert ont permis de garder la vendange intacte.
Cette année, le premier passage antimildiou de cos-oga, au 1er juin, a rapidement laissé place à des doses de cuivre comprises entre 50 et 100 g/ha. Le tressage permet par ailleurs de réduire la vigueur dans la zone des grappes. « Nous avons enregistré 15 % d’attaque sur feuille et sur grappe », relate Nicolas Lébé. Pour lui, la preuve est ainsi faite qu’il est possible de faire de la viticulture biologique avec un très bas niveau de cuivre, voire de s’en passer selon les années. « La prochaine étape sera de voir comment faire diminuer le coût de l’itinéraire, car le biocontrôle peut être onéreux, et comment simplifier le suivi des parcelles », conclut l’ingénieur.
Un traitement pour préserver la rotundone
L’entreprise garonnaise Asclepios Tech a présenté aux visiteurs son système Boxilumix, qui décontamine les fruits et légumes et permet de les conserver ainsi intacts plus longtemps. Le procédé est basé sur des signaux lumineux émis par des LED. Si l’on imagine aisément le type d’application en raisin de table, l’entreprise a également cherché les potentiels intérêts en raisin de cuve. « Les teneurs en rotundone, qui participe aux notes épicées, ont tendance à diminuer avec le changement climatique, expose Christine Roynette, directrice de la start-up. Dans le cadre d’essais avec l’école d’ingénieurs de Purpan à Toulouse, nous avons montré que notre procédé permet de tripler les concentrations. »
Les essais terrain ont été réalisés avec l’appareil de laboratoire, à raison de quatre passages entre la véraison et la récolte. « Contrairement à d’autres procédés lumineux, nous n’infligeons pas de stress à la plante. Les signaux activent des métabolismes cellulaires », précise la centralienne. De la même façon, des plus grandes concentrations en resvératrol, flavonoïdes, stilbènes et polyphénols totaux ont été constatées. « Nous sommes en train de réfléchir au développement d’une lampe torche qui permettrait d’être facilement utilisée au champ », dévoile Christine Roynette.
Les bonnes idées des groupes Dephy
Quelques exemples de pratiques remarquables étaient mis à l’honneur sur le stand des groupes 30 000 et Dephy, issus du plan Ecophyto. Notamment celle de Geoffrey Gabaston, vigneron au domaine Carcenac, dans le Tarn. Le jeune exploitant s’est lancé dans les couverts végétaux en 2017. Depuis trois ans, il détruit son couvert de féverole et d’avoine (un interrang sur deux) en l’andainant sur le cavaillon, dans le but de créer un paillage lui permettant de réduire les herbicides. Mais aussi de ramener de la fertilité sur cette bande de terre au pied des vignes que forme le rang.
« Cela fonctionne bien, témoigne Thierry Massol, conseiller viticole à la chambre d’agriculture du Tarn. Si le couvert est réussi, cela lui permet de pailler la moitié des rangs et de limiter la pousse des adventices. » Cette technique permet au vigneron de gagner entre trois semaines et un mois, et de retarder d’autant le passage de désherbant chimique. « Il y a plusieurs autres effets qui sont flagrants, comme la réduction du chiendent ainsi que la conservation de l’humidité sur le cavaillon », assure le conseiller.
Les biosolutions ne cessent de s’accroître
L’innovation est toujours très active dans le domaine des biostimulants. Trois entreprises exposaient de nouveaux produits sur le salon.