L’enjambeur électrique Beagle travaille le sol des vignes en silence
L’entreprise lot-et-garonnaise Saudel devrait prochainement commercialiser le Beagle, un enjambeur électrique destiné au travail du cavaillon.
L’entreprise lot-et-garonnaise Saudel devrait prochainement commercialiser le Beagle, un enjambeur électrique destiné au travail du cavaillon.
Le tracteur électrique Beagle, de Saudel, est un quatre roues enjambant un rang, conçu pour travailler mécaniquement sous le rang. « Si je schématise, le vigneron qui me l’a demandé voulait un motoculteur de vigne, qui soit écologique, peu bruyant et simple », explique Éric Saurel, à la tête de l’entreprise éponyme. Pour ce faire, l’enjambeur est équipé de deux roues motrices à l’arrière avec chacune un moteur de 3 kW. De série, il reçoit des porte-outils entre les roues et à l’arrière, où l’on peut fixer des interceps mécaniques, tels que des disques, des étoiles Kress, ou encore des socs.
D’une longueur hors tout de 4 mètres, et d’une largeur de 1,80 mètre, cet enjambeur est prévu pour évoluer dans des parcelles d’environ 1 mètre d’interrang et ayant des tournières de l’ordre de 4 mètres. D’autres versions seront néanmoins au catalogue, afin de proposer des voies plus larges, ou même une voie variable. Tous les modèles seront en revanche équipés d’une correction de dévers d’environ 15 cm permettant à l’appareil d’évoluer sans problème dans des pentes jusqu’à 20 %. La hauteur totale de l’enjambeur variera quant à elle de 2,10 à 2,50 mètres.
Le Beagle est muni, selon la demande du client, d’un à trois packs batterie en lithium-ion, offrant entre 4 et 12 heures d’autonomie. Pour recharger un pack, il faut compter environ une heure en 220 V. « Mais le temps diminue bien sûr si la prise électrique délivre du 380 V », nuance Éric Saurel. La vitesse d’avancement se règle via un rhéostat, et peut aller jusqu’à 10 km/h.
L’enjambeur peut aussi alimenter un outil hydraulique nécessitant un faible débit, de l’ordre de 10 à 15 l/min, comme une tarière ou un enfonce pieux. De même, il peut animer une rogneuse électrique si la tension est compatible. En revanche, le Beagle n’est pas conçu pour les traitements phytosanitaires.
Le poids dépend bien sûr du nombre de packs batterie mais tourne aux alentours de 2 tonnes. Le Beagle attend son homologation routière pour le printemps et devrait être disponible entre 50 000 et 80 000 euros HT, selon notamment le nombre de batteries.
Philippe Bardet, des Vignobles Bardet, à Vignonet en Gironde
« Cet enjambeur est tellement silencieux qu'on entend les racines craquer»
« Si on veut être efficace au niveau du bilan carbone, il faut changer de mentalité. Il ne faut plus chercher toujours plus de puissance et d’hydraulique mais au contraire viser la frugalité. J’ai donc voulu un laboureur électrique, qui ne nécessite pas plus de puissance qu’une paire de bœufs, sans climatisation ni cabine. J’ai le Beagle depuis quatre ans. À l’époque, les moteurs sur les roues étaient de 2 kW, et les batteries au plomb.
Au départ, je m’en servais pour travailler le cavaillon de mes vignes à 1,40 ou 1,50 mètre d’interrang (et 1,75 mètre de hauteur de rognage) avec des décavaillonneuses et des disques classiques ou Kress. Le Beagle permet une grande précision de travail, ce n’est pas le même monde que le thermique. On entend le bruit des racines craquer quand on va trop près des pieds. Cela fonctionne très bien.
À présent, j’ai modifié mes itinéraires d’entretien du sol, et adapté des taille-haies pour faucher l’enherbement sous le cavaillon sur 15 à 20 hectares. On peut avancer au maximum à 6 km/h. On cale le rhéostat à la vitesse qui convient et c’est parfait.
Je me sers aussi de l’enjambeur pour arroser les complants par gravité, car on s’arrête pile poil au bon endroit. On ramasse aussi les bougies contre le gel avec.
Pour déplacer le Beagle, c’est comme un cheval, on le charge sur une remorque. Cet engin est simple, ne fait pas de bruit, ne chauffe pas, a peu de pièces en mouvement et tombe donc peu en panne. On a eu un seul problème électrique au stade prototype. Mais depuis, aucun souci. L’inconvénient majeur reste l’autonomie. Moyennant un temps de charge d’une heure ou 1 h 30 lors du déjeuner, on tient une journée de 7 ou 8 heures de travail. Mais avec les batteries en lithium, c’est beaucoup mieux. »