Pulvérisateur viticole : « Le Lane System de Teknika est satisfaisant mais peut mieux faire »

C’est ce que l’on appelle un baptême du feu. À peine sorti des cartons, le pulvérisateur Lane System, créé par Teknika engineering, s’est retrouvé dans les vignes girondines face à une pression mildiou qualifiée d’historique. Laurent Vallet, chef de culture des vignobles Vauthier, à Saint-Émilion, a eu l’unique exemplaire en test pour la campagne. Le responsable a été attiré par le concept de flux d’air laminaire destiné à réduire la dérive des produits phytosanitaires de 40 % et à atteindre le dos des feuilles plus efficacement. Ainsi, il a gardé deux hectares de merlot et cabernet sauvignon conduits en agriculture biologique traités uniquement à l’aide du pulvérisateur innovant.

Avec le recul, il se dit satisfait, mais ne positionne pas le Lane System au-dessus du lot. « Il y a une bonne base, toutefois je pense qu’il reste encore un peu de développement pour atteindre les performances initialement visées », commente Laurent Vallet. Pour se faire une idée objective, le chef de culture a réalisé des tests de pulvérisation à l’aide de feuilles spéciales réparties dans la végétation. Qu’il a d’ailleurs pu comparer avec les autres appareils du domaine, à savoir un face par face Berthoud, un autre de chez Weber ainsi qu’un pulvé à panneaux récupérateurs de chez Lipco. Conclusion : la pénétration au cœur du feuillage avec le Lane System est bonne. « Mais un peu moins qu’avec le Lipco à panneaux récupérateurs », relate Laurent Vallet.

La consommation de carburant est réduite par rapport aux autres pulvérisateurs

En ce qui concerne l’homogénéité de la bouillie, le responsable relève parfois quelques répartitions moins uniformes entre le haut et le bas, « mais comme avec tous les appareils ». Et d’ajouter : « je pense qu’il manque une buse sur la hauteur, pour que les jets puissent se croiser correctement et la zone des grappes être parfaitement couverte ». Lors du premier traitement, le 20 avril, l’appareil était équipé de buses antidérives en partie basse (gouttes de 250 µm) et de buses à injection d’air aux gouttes plus fines (135 µm) en partie haute. Dès le troisième traitement, Laurent Vallet a changé de stratégie et a opté pour des buses ayant un débit plus important, réduisant au passage la taille des gouttes (165 µm).

Concernant l’utilisation, le chef de culture a été séduit par le système de détection du feuillage par ultrason, segmenté en deux zones (haute et basse). « Nous avons eu une fois un problème de réglage d’un capteur, dont la sensibilité était trop basse, mais c’est dans l’ensemble un bon système », analyse le responsable. Le tractoriste a notamment apprécié l’aspect pratique de ne pas avoir besoin de couper la pulvérisation en bout de rang. Laurent Vallet n’a pas eu à déplorer d’autre problème technique que ce réglage de capteur. Pas même un bouchage de buse. « Je n’ai rien à redire sur la conception », commente le chef de culture.

Il a également apprécié le montage de la cuve sur boggie, qui confère une meilleure stabilité que les autres appareils de l’exploitation. De même, la consommation de carburant induite par l’appareil est relativement basse : 7,5 l/h, selon les relevés effectués par Teknika engineering, contre 11,5 l/h en moyenne avec les autres équipements. Il faut dire que le Lane System permet de tourner à faible régime (1 500 tr/min). Toujours selon Teknika engineering, le volume sonore du pulvérisateur ne dépasse pas 65 dB, ce qui est plus faible que le bruit du tracteur.

Un état sanitaire identique aux autres parcelles

Côté entretien, Laurent Vallet ne relève pas de difficulté particulière. Le lavage est simple et les pièces du pulvérisateur assez robustes pour résister au Kärcher. Au chapitre des points négatifs, le chef de culture cite principalement le fait que le Lane System ne traite que deux rangs à la fois, ce qui ralentit le débit de chantier. Il est à noter d’ailleurs que les vignobles Vauthier ne sont pas allés au bout de l’expérimentation. « À partir de mi-juin nous avons commencé à avoir des petits dégâts de mildiou, quels que soient les types de pulvérisateurs, retrace Laurent Vallet. Face à la montée inquiétante de la pression parasitaire, nous avons décidé de ne prendre aucun risque et de n’utiliser que les matériels que nous connaissons. Surtout avec un parcellaire en bio, où la lutte est d’autant plus compliquée. » Finalement, le Lane System a fonctionné les deux tiers de la saison, ce qui représente tout de même une dizaine de passages. Le chef de culture précise qu’au moment de changer de braquet, il n’observait pas de différence sanitaire entre les vignes protégées par le Lane System ou par les autres pulvérisateurs.

À la suite de ce premier test grandeur nature, la société Teknika engineering a pris note des pistes d’amélioration et a d’ores et déjà commencé à travailler sur les ajustements. « Nous allons revoir un point de la pulvérisation, qui va faire l’objet d’un brevet et qui va parfaire encore la qualité d’application, informe Olivier Moulinet, cofondateur. Il est par ailleurs prévu d’ajouter de nouveaux déflecteurs en bas, pour rediriger davantage le flux vers la zone des grappes. »