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[Effervescents] Le marché des effervescents continue de pétiller

À l’instar du marché du rosé, celui des effervescents affiche un certain dynamisme, surtout à l’international.

dégustation de vins effervescents
Selon l'étude Vinexpo/ISWR 2019, le marché mondial des effervescents progressera de 21 millions de caisses d'ici 2022.
© C.Gerbod

La diversification des styles et des gammes ainsi que l’export permettent aux effervescents de conserver leur dynamisme. Alors que la consommation globale de vin s’effrite, les ventes d’effervescents en grande distribution ont augmenté globalement de 3,8 % en valeur en 2018 par rapport à 2013-2017.

En France, la segmentation du marché évolue

La percée des effervescents étrangers, portés par de nouvelles tendances de consommation et par leur positionnement prix, a redessiné le marché en grandes surfaces. Ces effervescents représentent 14 % des ventes en 2018. Ils ont enregistré une progression de 58 % en volume par rapport à 2013-2017 et de 71 % en valeur. Le cava (40 %) et le prosecco (37 %) représentent à eux seuls 77 % des ventes d’effervescents étrangers.

« Les plus de 65 ans sont le moteur des vins étrangers en 2018 », souligne FranceAgriMer. L’essor du prosecco montre que les évolutions de consommation peuvent être rapides. En 2010, il ne pesait que 1 % de la catégorie des effervescents étrangers en volume, loin derrière les 42 % du lambrusco. Il a élargi l'offre en proposant une consommation aussi estivale et en lien avec un cocktail. Le Spritz est à l'origine de 40 % des volumes achetés. Son créneau de prix se concentre surtout entre 5 € et 7 €. Il est promu par de grands groupes aux puissants moyens marketing.

Face à ce succès, les ventes de champagne en grandes surfaces ont reculé en volume de 5,7 % en 2018 mais sont restées stables en valeur. Selon FranceAgriMer, la baisse de la pression promotionnelle est le premier facteur d’explication du recul. Les marques distributeur (MDD) sont les plus touchées. Le champagne reste un champion de la valorisation avec 25 % des volumes mais 63 % de la valeur des effervescents vendus en grandes surfaces. Les AOP effervescentes pèsent un quart des volumes vendus mais seulement 17 % de part de marché en valeur. Dans cette famille, les crémants représentent désormais 61 % des volumes avec une progression de 2 points par rapport à 2017. La saisonnalité reste marquée, notamment pour le champagne. Quelle que soit la catégorie d'effervescent, le prix par col progresse en 2018 par rapport à la moyenne 2013-2017.

Une offre de plus en plus diversifiée sur les marchés export

L'étude Vinexpo/ISWR 2019 évalue le marché mondial des effervescents à 281 millions de caisses d'ici 2022, soit 21 millions de caisses de plus qu'en 2017. Des perspectives à l'export relayées par les effervescents français. Ils ont vu leurs exportations progresser de 3,4% en volume alors que dans le même temps, elles diminuaient de 5,9 % pour les vins tranquilles. Le mode de consommation évolue. Guénaël Revel, journaliste spécialiste des effervescents, observe que "aujourd’hui, partout dans le monde, le consommateur accepte les effervescents à table et non plus seulement en apéritif ou au dessert". Autre tendance, "la catégorie brut est moins chargée en sucre pour la plupart des élaborateurs. Ceux de prosecco ou de sekt, notamment, proposent de plus en plus cette catégorie alors qu’il y a vingt ans, leurs vins étaient élaborés en demi-sec ou sec".

Le champagne fait figure de locomotive à l'export. Avec 51 % des expéditions, l'export a dépassé le marché français en volume pour la première fois en 2018. Cuvées rosées, de prestige, à dosage supérieur à brut ou inférieur à brut ont contribué à la croissance. Le poids des bruts non millésimés est passé de 73 % de la valeur exportée en 2010 à 66 % en 2018.

Offre montante au sein des effervescents AOP, les crémants affirment un potentiel à l’export mais freiné par leur manque d’image. Le constat encourage la Fédération nationale des producteurs et élaborateurs de crémant à envisager pour la première fois une campagne commune ciblant l’Amérique du Nord et la Scandinavie. "La filière crémant a autant d’atouts, voire davantage que celle du prosecco, mais elle est simplement en retard", estime Guénaël Revel. D’après lui, les crémants peuvent rencontrer la demande des nouvelles générations qui "recherchent davantage d’authenticité, de traçabilité et de régionalisme".

Mais à la condition notamment de faire en sorte "d’être achetés pour leur personnalité". Il estime que cela passe aussi "par une révision à la hausse des tarifs, car le prix est la signature d’une identité marquée". Pour le journaliste, "la filière française a un potentiel à l’export à condition de mettre en place une stratégie". Il est sûr qu'entre la diversité des cépages et des styles, l'échelle des dosages ou encore l'essor des pétillants naturels se rapprochant des codes de la bière artisanale, l'éventail de l'offre n'a jamais été aussi vaste.

(1) Depuis le Canada où il vit, Guénaël Revel observe le marché des vins effervescents en tant que journaliste, auteur, chroniqueur télé-radio et animateur du site monsieurbulles.com. Retrouvez son interview en fin d'article.
 

voir plus loin

Les bulles en test pour réorienter des vignes

Dans le vignoble nantais, le projet "bulles nantaises" explore la valorisation hors AOP de surfaces plantées en melon de bourgogne et folle blanche, affectées par des pertes de marché en muscadet et gros plant. L’étude s’appuie sur des vins mousseux de qualité déjà existants, produits en méthode traditionnelle et vendus avec une bonne valorisation (entre 6 et 12 €). Le but est d’évaluer si « ce marché, actuellement autour de 10 000 hl, peut se développer plus largement avec un processus partagé », expliquent les Vins de Nantes. Les essais sont menés avec la responsabilité technique de l’IFV et soutenus par InterLoire.

Dans le vignoble du Roussillon, le potentiel de vinification en effervescents des muscats petits grains et d’alexandrie a fait l’objet d’un programme déployé de 2015 à 2018 par la chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales, l’IFV Occitanie, les Vignerons Catalans et l’ESA d’Angers. Il a conclu à un « réel potentiel » pour des vins jeunes « typés sur la fraîcheur », issus d’une fermentation directe ou différée (stockage des moûts à 2 °C sans impact sur la qualité). Les dégustations consommateurs ont montré une préférence pour les vins issus de parcelles IGP plutôt que AOP.

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