Jean-Baptiste Ancelot : "la remise au goût du jour des cépages oubliés est une vraie tendance"
Jean-Baptiste Ancelot est l’auteur de Wine Explorers, un livre où il raconte le tour du monde des pays viticoles qu’il a réalisé pendant quatre ans. Une vision passionnante et panoramique de la planète vin ! Interview.
Jean-Baptiste Ancelot est l’auteur de Wine Explorers, un livre où il raconte le tour du monde des pays viticoles qu’il a réalisé pendant quatre ans. Une vision passionnante et panoramique de la planète vin ! Interview.
Vous avez exploré les vignobles et les vins de 90 pays. Est-il vraiment possible de faire du bon vin partout ?
Si on a des viticulteurs consciencieux, de la technique, du matériel de pointe, des cépages adaptés à l’endroit, alors oui, on est capable de produire des bons vins partout. Il y a quand même un bémol, c’est à quel prix ? Plus on se rapproche de l’équateur, plus les conditions sont compliquées et imposent un coût environnemental important.
Quels sont les pays qui selon vous mériteraient davantage de reconnaissance pour la qualité de leurs vins ou pour les techniques qu’ils mettent en œuvre ?
Il me semble que des pays comme l’Albanie, la Bolivie, le Brésil, la Bosnie-Herzégovine, la Tunisie, la Belgique, le Japon ou encore le Mexique mériteraient plus d’attention.
Est-ce que le goût du vin se mondialise ?
Là où il y a peu de cépages endémiques, il faut travailler sur le terroir pour que la production sorte du lot, c’est l’exemple du malbec en Argentine. Dans tout le Caucase, l’Europe et la Méditerranée, il y a tellement de cépages autochtones que les vins ont de vraies différences. Le vin de cépage ne disparaîtra jamais car une grosse partie des consommateurs veulent boire du vin avec des repères simples, mais la remise au goût du jour des cépages oubliés est une vraie tendance. Une frange de consommateurs curieux a envie de nouvelles expériences, ça se ressent partout. C’est important parce que grâce à eux, le patrimoine peut être préservé et entretenu.
Y'a t'il un point commun entre les différents vignerons que vous avez rencontrés ?
S'il y a un point commun à 99% des vignerons que j'ai rencontré c'est la sensibilité et l'écoute. Lors des dégustations, il y a de vrais échanges. Derrière chaque bouteille il y a l'histoire d'une famille, d'une personne, ça fait une grande communauté. On garde des liens forts avec les vignerons que l'on rencontre. Il n'y a que le vin qui apporte ça. C'est la boisson la plus fédératrice au monde !
Est-ce que ce voyage a changé votre regard sur le vignoble français ?
Oui et non. Mais je me dis que nous avons plusieurs chances : une histoire, une notoriété, une foultitude de cépages endémiques, une variété de régions pour faire une variété de vins, une situation géographique propice pour faire des grands vins. Mais j’ai l’impression que l’on se repose sur nos acquis. Je me souviens d’une campagne sur le thème de la dolce vita faite par l’Italie pour défendre ses vins. Après, on a vu le vin italien partout. Il faudrait qu’on puisse faire pareil et qu’on se serre les coudes.