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« Irriguer en post-vendange pour favoriser la mise en réserve »

Marc Gelly, gérant de l’entreprise Ag-Irrig, spécialisée en conseil en nutrition et irrigation, revient sur les principaux enseignements des deux dernières campagnes viticoles et livre ses conseils.

Marc Gelly, gérant de l’entreprise Ag-Irrig, spécialisée en conseil en nutrition et irrigation, estime que la restructuration du sol par l'arrêt du désherbage chimique est un outil face au déficit hydrique.
© M. Gelly

Quelle est votre méthode de travail ?

Je suis basé dans le sud de la France et j’accompagne des vignerons dans le suivi nutritionnel et hydrique de leur vigne. Je les suis deux à trois ans, mais le but est qu’ils deviennent ensuite autonomes. Je suis là juste en appui technique, sans vente de produit.

Pour l’irrigation, je me base sur des relevés de stations météos, des mesures de chambre à pression, parfois de sondes capacitives, et le modèle de prévision Vintel d’ITK. En règle générale, il faut irriguer plus tôt et en plus faible quantité que ce que font les vignerons naturellement. Il ne faut pas attendre l’apparition de symptômes pour agir, car il faudra alors apporter beaucoup d’eau et on ne récupérera pas les pertes de rendement.

Pour la nutrition, je fais réaliser des analyses pétiolaires à raison de trois par saison, et une analyse de sarments en hiver. Les analyses sont réalisées par la SRDV. Selon les résultats, je préconise une application foliaire en cours de saison et/ou un apport hivernal au sol. Le but est de travailler sur les carences avérées, mais aussi et surtout de les prévenir. Anticiper le problème permet une économie et un maintien, ou une amélioration, à la fois des rendements et de la qualité, quand les conditions climatiques ne sont pas trop adverses, comme cette année.

Quelles sont les principales carences ou problèmes que vous rencontrez ?

Grâce à des analyses pétiolaires et de bois, nous avons par exemple récemment anticipé des problèmes de carence ferrique, dus à une mauvaise mise en réserve. J’ai donc préconisé un apport de fer par fertirrigation, lors de la vérification du réseau d’irrigation, avant sa mise en route. Pour ceux qui n’ont pas d’irrigation, deux applications foliaires avec les premiers traitements phytos donneront le même résultat.

De même, l’équilibre K/Mg est plus difficile à gérer les années de déficit hydrique. Le suivi par analyses pétiolaire à différents stades phénologiques est de grande utilité. Deux applications permettent souvent de débloquer des situations qui pourraient avoir un effet négatif sur la maturité et la qualité du raisin.

Il y a beaucoup de pédagogie dans notre approche, autant en irrigation qu’en suivi nutritif. Le viticulteur connaît très bien son vignoble, mais il n’a pas forcément l’explication à ses problèmes. Analyses et mesures, avec interprétations, permettent de le guider, en expliquant ce qu’il se passe.

Comment se sont déroulées les deux dernières campagnes ?

Dans le Sud-Est, on relève des problèmes de mise en réserve à cause des sécheresses consécutives. Les feuilles tombent avec plus d’un mois d’avance. Les conséquences sont des bois plus faibles, un mauvais aoûtement, un choix de taille plus difficile. Il y a ensuite des risques de faible sortie, donc baisse de rendements.

Le problème du manque de précipitation est critique également. Un test sur de la syrah, avec des sols différents, montre 12 % de production de moins pour le non-irrigué en terrain plutôt riche (13 t/ha en irrigué). Sur un sol argileux, et peu profond, la différence passe à 40 %, 6 tonnes, contre 10 tonnes, avec un apport raisonné d’eau.

Quelles mesures préconisez-vous pour favoriser la mise en réserve ?

Je recommande à ceux qui le peuvent de continuer à irriguer en post-vendange, avec également des applications foliaires de cuivre pour maintenir le feuillage et favoriser la mise en réserve des minéraux. Parallèlement à cela, il faut revoir le mode d’entretien du sol. Le désherbage chimique en plein n’est pas bon. Il entraîne une perte d’activité du sol, qui conserve alors moins l’eau. Il convient d’essayer de restructurer le sol. Cela prend du temps, mais c’est un outil face au déficit hydrique.

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