Installer Anagrus Atomus dans les vignes pour gérer les cicadelles vertes
Anagrus atomus est un microhyménoptère qui réside sur des espèces végétales diverses, dont le cornouiller, le noisetier et les rosacées. Il parasite plus de 34 espèces de cicadelles, dont Empoasca vitis, la cicadelle verte de la vigne. Il pond ses œufs dans ceux de son hôte, qui avortent alors. L’intérêt pour ce parasitoïde dans la lutte contre les cicadelles vertes ne date pas d’aujourd’hui. En Gironde, à la fin des années quatre-vingt-dix, Bertrand Sutre, de Biovitis, avait mis en œuvre des essais avec des lâchers annuels d’Anagrus atomus. « Les résultats étaient intéressants, avec un taux de parasitisme de 50 %, témoigne-t-il. Mais nous avons été freinés dans notre projet par un coût estimé à 150 €/ha et par la difficulté à trouver des investisseurs pour produire Anagrus atomus. »
Dans le cadre du programme national Écophyto, une expérimentation a été mise en place en Val de Loire en 2014. Elle se déroule sur l’exploitation du lycée viticole d’Amboise, sur une parcelle de 0,5 ha de côt, cépage très sensible, où sont implantés deux rangs de rosiers tous les sept rangs de vigne. « Les rosiers font partie des plantes hôtes et sont parfaitement intégrés au paysage viticole, souligne Didier Sorgniard, directeur de l’exploitation du lycée viticole d’Amboise. L’objectif de l’expérimentation est de réguler les cicadelles et d’atteindre un équilibre qui ne soit pas préjudiciable à la vigne », précise-t-il.
« Les piégeages que nous avons réalisés montrent que les populations d’Anagrus atomus augmentent et que ce parasitoïde semble vouloir s’installer grâce à la présence des rosiers. Nous avons également observé qu’il parasite effectivement les larves de cicadelles, observe Guillaume Delanoue de l’IFV d’Amboise. Il est en revanche trop tôt pour savoir si la présence de l’insecte suffit pour maîtriser les cicadelles vertes en année normale, car la pression parasitaire a été très faible ces trois dernières campagnes. » L’expérimentation va donc se poursuivre encore pendant cinq ans afin de valider l’intérêt d’une lutte biologique avec Anagrus atomus.