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Couvert végétal en vigne : 5 conseils clés pour réussir son engrais vert

Implanter un beau couvert hivernal n’est pas chose aisée, surtout quand on débute. Voici quelques recommandations pour réussir son engrais vert.

Jean-Luc Audubert, viticulteur à Saint-Aubin de Branne (Gironde), enherbement de la vigne avec de la vesce ici en fleur
Avoir un couvert hivernal bien développé pour en faire de l'engrais vert demande un peu d'attention.
© C. de Nadaillac

Comment bien préparer sa parcelle ?

Obtenir un beau couvert passe avant tout par une bonne implantation. Aussi, il est recommandé de réaliser un lit de semences. L’idéal est de travailler le sol un peu avant les semis, en prenant soin d’obtenir une terre tout juste émiettée. « Il faut éviter de semer sur un sol trop compact ou avec des mottes, avertit Nicolas Laugier, expert du groupe Perret. Un sol littéralement farineux n’est pas mieux, car le semoir risque alors de plonger en profondeur. » Florent Banctel, conseiller à la chambre d’agriculture des Pays de Loire, propose de préparer le terrain avant les vendanges. « Déjà que le semis tombe à cette période critique, autant anticiper les choses », fait-il remarquer. « Personnellement je fais ça après, car je récolte à la machine et je ne veux pas prendre le risque de creuser des ornières si l’année est humide », relate quant à lui François Dargelos, viticulteur et formateur en agroécologie.

Les outils et le nombre d’interventions dépendent des conditions de sol et de l’historique de la parcelle. « Un passage de vibroculteur ou de cover-crop est idéal. Nous n’encourageons pas forcément les outils rotatifs, mais sur un sol bien ressuyé avec un peu d’herbe ou une croûte, ils peuvent avoir un intérêt », précise Florent Banctel. Cette préparation est d’autant plus importante que la parcelle n’a jamais reçu d’engrais verts et que les sols sont peu fertiles. « Le semis direct, qui demande un matériel particulier, est intéressant mais ne se fait pas du jour au lendemain », estime François Dargelos. Il conseille, avant de tester cette pratique, d’avoir un sol régénéré, plus fertile et mieux structuré.

Quelle attention porter au matériel de semis ?

« Il y a des choses faciles à faire avec un petit budget », estime Nicolas Laugier. Il suffit parfois de monter quelques pièces sur un outil de travail du sol existant pour s’en sortir dans la pratique des engrais verts. L’essentiel, pour lui, étant que le matériel soit bien réglé. Et que le viticulteur ne confonde pas la dose et la consommation de semence ! « Il y a quelques notions qui ne sont pas insurmontables, mais il faut s’impliquer un minimum. Sans ça, avoir le matériel adéquat ne sert pas à grand-chose », poursuit l’expert. Un constat partagé par Florent Banctel, pour qui la motivation est un prérequis pour réussir ses couverts. « Semer, ce n’est pas simplement poser un semoir au sol et avancer », avertit le conseiller.

Le groupe Perret expérimente depuis deux ans les semis par Hydroseeding. « Nous observons de très bons résultats d’implantation », dévoile Nicolas Laugier. La technique se cantonne toutefois, pour l’heure, aux semis sur le cavaillon avec des espèces végétales couvre-sol, en alternative aux désherbages chimiques et mécaniques du rang.

Quels sont les points clés pour une bonne germination ?

Nicolas Laugier a tendance à préconiser des mélanges de semences avec des graines de tailles moyenne et grosse. Car le risque est grand, avec des petites graines, qu’elles soient trop enterrées et ne veuillent pas lever. « La profondeur de semis, qui doit se situer entre 1 et 1,5 centimètre, est un élément clé de la réussite », assure-t-il. De même le rappui (roulage par exemple) est important pour mettre en contact la graine et la terre.

Le deuxième élément déterminant est la météo. « Idéalement il faut viser les fenêtres où l’on annonce un épisode pluvieux », glisse François Dargelos. Attention toutefois, notamment en contexte méditerranéen, au risque de voir germer son couvert puis mourir à cause d’une nouvelle sécheresse en fin d’été. « Si le mois de septembre est sec, mieux vaut attendre, recommande Nicolas Laugier. Avec l’expérience nous observons qu’il n’y a pas de différence en hiver entre un semis tôt dans de mauvaises conditions et un semis tard dans de bonnes conditions. » Pour s’assurer une bonne levée, François Dargelos préconise par ailleurs de surdoser la quantité par hectare de semences. « Nous n’avons pas la qualité des semoirs de grandes cultures ni la technicité des céréaliers, donc on compense en semant dense », commente-t-il.

Le formateur ajoute que les mélanges de six espèces ou plus permettent de s’affranchir de l’effet millésime : si une espèce germe moins bien dans les conditions de l’année, les autres prendront le relais.

Est-il pertinent de fertiliser son couvert végétal ?

Ce n’est pas, à première vue, le but de l’opération. Mais les sols viticoles sont parfois pauvres et compactés. « Il m’est arrivé de fertiliser des couverts qui végétaient, concède François Dargelos. En situation de sol faible, c’est un moyen pour retrouver de la fertilité. » Le viticulteur a essayé cette année l’enrobage des graines, et a trouvé une amélioration de l’enracinement du couvert.

Après avoir réalisé des essais comparatifs, le groupe Perret a conclu à l’intérêt de l’emploi d’un engrais starter sur les sols très peu fertiles, ou bien des biostimulants de type activateurs de sol. Sur des terres moins pauvres, Nicolas Laugier préconise plutôt des biofertilisants (microorganismes). « Il faut néanmoins faire attention à l’aspect coût et main-d’œuvre, et à bien raisonner cette intervention », ajoute-t-il. Cet automne, le groupe mettra en place un essai sur des biostimulants de semences existant en grandes cultures, pour voir si cela sécurise la germination et confère une plus grande résistance aux conditions changeantes.

Que faire si son couvert est attaqué par des ravageurs ?

« Je n’ai jamais observé de problème dans le contexte d’un engrais vert en vigne », rassure Nicolas Laugier. Si d’aventure cela arrivait, le technicien suggère avant tout de dédramatiser : il ne s’agit pas d’une culture de rente. « On peut imaginer des attaques de limaces, mais cela se gère assez facilement si vraiment il y a besoin et que le viticulteur souhaite intervenir », poursuit l’expert. François Dargelos fait état du risque éventuel d’anthracnose sur la féverole. Il est également possible d’avoir des problèmes d’altises au débourrement sur les crucifères. « On est beaucoup moins exposé si l’on utilise des graines en association », note le formateur. Un avis partagé par Nicolas Laugier, qui pointe également le fait que l’on sème généralement, en vigne, des espèces rustiques. En la matière, la prophylaxie est donc le maître mot.

Un réel levier pour arrêter la fertilisation ?

« Le coût des engrais minéraux fluctue, l’accès à la matière organique devient de plus en plus compliqué, aussi l’une des pistes est de réguler la fertilisation de la vigne avec des engrais verts », analyse Florent Banctel, à la chambre d’agriculture des Pays de Loire. Dans les groupes de progrès qu’il suit depuis six ans, le conseiller observe, analyses de sol à l’appui, que quand les couverts sont réussis, il est possible de combler le besoin en azote de la vigne. « Restituer 20 à 30 unités d’azote est assez facile », commente-t-il. À condition bien sûr de définir cet objectif et de choisir ses espèces en fonction. La seule inconnue qui reste à ce stade est la bonne restitution du phosphore et de la potasse. « Personne n’a encore de réponse claire sur le sujet, regrette Florent Banctel, mais il se pourrait qu’il faille compléter épisodiquement avec de la fiente, par exemple. »

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