Eco-régimes, MAEC zones intermédiaires et forfaitaires : les explications de Sébastien Windsor
Pour le Président des Chambres d’Agriculture, Sébastien Windsor, il faut se préparer dès maintenant afin de pouvoir bénéficier dès la première année des différentes aides de la PAC. Son réseau est en train de développer une série d’outils de simulation pour éclairer les agriculteurs et anticiper.
Pour le Président des Chambres d’Agriculture, Sébastien Windsor, il faut se préparer dès maintenant afin de pouvoir bénéficier dès la première année des différentes aides de la PAC. Son réseau est en train de développer une série d’outils de simulation pour éclairer les agriculteurs et anticiper.
[Mis à jour le 1er octobre 2021]
Expliquer et accompagner. Voilà les deux missions que s’est donné le réseau des chambres d’agriculture vis-à-vis de la nouvelle Pac qui va entrer en vigueur en 2023. Maintenant que le cadre législatif européen est voté, et que l’on connait les grandes lignes de Plan stratégique national français, les ingénieurs des chambres d’agriculture font un travail de fond pour informer et aider à sa mise en œuvre. Sébastien Windsor, président des Chambres d’Agriculture, a expliqué sa stratégie lors d’une conférence de presse le 24 août.
La mise en œuvre d’une nouvelle Pac est toujours source de stress pour les agriculteurs. Comment comptez-vous les accompagner ?
Le réseau des chambres d’agriculture est déjà en train de déployer tout une série de séminaires sur le territoire pour expliquer cette Pac aux agriculteurs. Et l’APCA tient aussi son rôle d’expert pour éclairer les pouvoirs publics. En effet, pendant la phase de réflexion, nous avons réalisé des dizaines de simulations pour comprendre l’impact selon les typologiques des exploitations selon les territoires. On a travaillé autour de la création de la valeur, notamment par la valorisation de l’engraissement dans les fermes bovines, et la production de protéines. Et nous voyons arriver cette Pac avec un volet agriculture biologique conséquent, ce qui nous va bien. Pour accompagner les agriculteurs, nous allons lancer en janvier 2022 un calculateur permettant de mesurer l’impact financier des différentes aides de cette nouvelle Pac sur leur exploitation.
Nous allons lancer en janvier 2022 un calculateur permettant de mesurer l'impact financier des différentes aides de la nouvelle Pac
Concernant les éco-régimes, comment les agriculteurs peuvent savoir si leur exploitation est en règle par rapport aux exigences qui seront demandées ?
Il y a deux possibilités d’accès à ce paiement forfaitaire qui sera versé par hectare et par an : soit directement via une certification (AB, HVE,...), soit via une liste de pratiques : couverts, rotation des cultures, élevage extensif, agriculture de précision, bien-être animal... Nous allons proposer dès septembre 2021 un outil numérique de simulation permettant d’analyser chez les agriculteurs où ils en sont par rapport aux éco-régimes (ou éco-programmes), et que faut-il mettre en place chez eux pour pouvoir les atteindre, puisqu’ils vont représenter 25 % des aides du 1er pilier de la Pac. Notre objectif : faire en sorte qu’un maximum d’agriculteurs soient en capacité dès la première année de mise en place de la Pac d’aller chercher l’aide correspondant aux éco-régimes. Et je ne veux pas entendre dire demain que c’était trop facile à atteindre. Non ! C’est parce que nous aurons travaillé tous ensemble pour anticiper.
Nous travaillons aussi sur la certification environnementale de niveau 2+ (CE2+) pour que les gens qui n’arrivent à atteindre les éco-régimes par l’assolement y arrivent par un progrès environnemental différent.
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Il reste encore des choses à caler, notamment autour des MAEC. Qu’en est-il de la MAE zones intermédiaires ?
Nous travaillons étroitement avec les services de l’Etat à l’écriture d’une MAE zones intermédiaires qui permettra aux agriculteurs de changer leurs pratiques en termes d’assolement en essayant de cibler les exploitations dont le niveau de rendement est relativement bas. Doté d’un budget de 30 millions d’euros, il s’agit de leur donner un coup de pouce pour remonter les rendements. Nous avons voulu que cette MAE zones intermédiaires ne soit pas limitée à la cartographie des zones intermédiaires actuelles afin d’éviter le phénomène d’exclusion des exploitations en bordure de zone. Le principe est plutôt de proposer cette MAE à ceux qui ont des difficultés à atteindre des niveaux le potentiel de rendement sur leur territoire. Pour la MAE grandes cultures, le principe est d’agir sur la diversité des cultures dans l’assolement, pour sortir de la rotation blé/orge/colza, et sur la production de légumineuses pour enrichir les sols. En ce qui concerne la MAE Elevage, l’écriture du cahier des charges n’est pas encore suffisamment avancé pour en parler.
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Et les MAE forfaitaires, de quoi s’agit-il ?
On a obtenu dans les trilogues l’existence de ces MAE forfaitaires, qui sont là pour accompagner les agriculteurs dans la prise de risque due à la mise en œuvre d’une transition sur l’exploitation. Le ministre de l’Agriculture a dit qu’il mettrait 22 millions d’euros pour les régions sur ces MAE et on a tous espoir qu’un budget encore plus important soit déployé.
Nous travaillons sur une MAE autonomie protéique dans les élevages
Nous sommes en train de travailler à la rédaction des cahiers de charges de ces MAE forfaitaires. La plus avancée concerne la problématique carbone - stockage du carbone et baisse de consommation d’énergie. Nous travaillons sur une MAE autonomie protéique dans les élevages, un sujet d’actualité. Les autres MAE porteront sur la réduction de l’usage des produits phytosanitaires, sur les risques liés à la suppression de certaines molécules ou encore sur le respect du bien-être animal.
Qui pourra y avoir accès ?
Nous allons avoir un changement d’état d’esprit par rapport aux MAE actuelles qui reposait sur le principe d’entrer dans un système pré-établi qu’il fallait respecter. Avec ces nouvelles MAE forfaitaires, on demandera à l’agriculteur d’écrire lui-même son projet, et une fois qu’il aura accès à la MAE, il sera jugé sur ses résultats, c’est-à-dire le respect de son projet. L’objectif est bien d’aider l’agriculteur à couvrir les pertes économiques liées à une prise de risque.
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