Détecter la végétation pour traiter les vignes avec précision
Certains capteurs optiques permettent le pilotage de buses pour ne pulvériser que là où c’est nécessaire. Les applications sont possibles en désherbage comme en traitement des parties aériennes.
Certains capteurs optiques permettent le pilotage de buses pour ne pulvériser que là où c’est nécessaire. Les applications sont possibles en désherbage comme en traitement des parties aériennes.
Débarquant du monde de la grande culture, certains capteurs de détection de la végétation commencent à trouver leur intérêt en viticulture. Jusqu’alors trop onéreux, ces capteurs se sont démocratisés et ont vu leur tarif nettement baisser. « À sa sortie il y a deux ans, le Weedseeker 2 de Trimble était proposé aux alentours de 12 000-13 000 euros les deux capteurs », confie Damien Bibens, référent viticulture pour Vantage Atlantique-Méditerranée, qui commercialise l’outil sur une moitié ouest et sud de la France.
Des capteurs utilisables sous le rang ou pour l’interrang
Pour le désherbage sous le rang, deux capteurs sont nécessaires, afin de « lire » deux rangs complets. « Ainsi un passage tous les deux rangs suffit », confie Damien Bibens. Les informations collectées par les capteurs sont analysées par un terminal qui pilote l’ouverture et la fermeture de buses. Généralement, c’est la technologie des porte-buses à impulsion qui est employée, cette dernière permettant des ouvertures et fermetures très rapides.
« Ces mêmes capteurs peuvent être utilisés pour le désherbage sur l’interrang, en changeant leur orientation, explique Gérald Germain. Le dispositif de pulvérisation sera bien entendu différent. » « Il peut être nécessaire d’ajouter un ou deux capteurs, complète Damien Bibens, chacun lisant une bande de 50 à 60 cm. »
Cibler la pulvé plutôt que récupérer les excédents
Mais ils peuvent également être utilisés à même la souche de vigne, en épamprage chimique. Et pas uniquement. « Avec des porte-buses adaptés et en orientant adéquatement les capteurs, il est possible de pulvériser sur le feuillage, notamment lors des premiers stades de végétation, complète Gérald Germain. Il est plus pertinent d’appliquer uniquement quand le feuillage est détecté plutôt que de récupérer avec des panneaux ce qui est passé au travers. Les économies à réaliser sont de l’ordre de 15 à 30 %. En volume ce n’est pas énorme, mais au prix de certains antifongiques, les gains peuvent être substantiels. On peut vite monter à 100 euros par hectare et par passage. » En ce qui concerne les engrais foliaires, l’utilisation de ces capteurs ne se traduit pas forcément par des économies, mais permet une meilleure répartition.
Ce système peut également faire office de coupure de tronçons et faciliter la conduite de l’opérateur, tout en générant des économies, notamment dans les parcelles en pointe.
Un amortissement dépendant des usages
Gérer le volume nécessaire sur la dernière cuve
L’une des limites de la pulvérisation ultralocalisée reste toutefois l’impossibilité de connaître la surface totale qui va être réellement traitée. La solution optimale serait de réaliser de l’injection directe qui consiste à diluer la substance active pure dans le circuit de pulvérisation en instantané : n’est utilisée que la juste quantité de produits, le reste du bidon pouvant être conservé pour une utilisation ultérieure. Cependant, la technologie n’est pas encore assez mûre.
« Généralement une règle de trois sur la base de ce qui a été utilisé à l’hectare dans les précédents pulvés suffit à estimer le volume nécessaire pour la dernière cuve, rassure Gérald Germain, quitte à prendre une marge de sécurité de 5 %. » Si les capteurs restent à demeure sur le tracteur, une lecture de la couverture en adventices lors d’un passage précédant le désherbage peut aussi générer une estimation précise des volumes.