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Détecter la végétation pour traiter les vignes avec précision

Certains capteurs optiques permettent le pilotage de buses pour ne pulvériser que là où c’est nécessaire. Les applications sont possibles en désherbage comme en traitement des parties aériennes.

Le désherbage chimique sous le rang peut être piloté par des caméras qui détectent la végétation et actionnent le pulvérisation.
Le désherbage chimique sous le rang peut être piloté par des caméras qui détectent la végétation et actionnent le pulvérisation.
© Vantage AM

Débarquant du monde de la grande culture, certains capteurs de détection de la végétation commencent à trouver leur intérêt en viticulture. Jusqu’alors trop onéreux, ces capteurs se sont démocratisés et ont vu leur tarif nettement baisser. « À sa sortie il y a deux ans, le Weedseeker 2 de Trimble était proposé aux alentours de 12 000-13 000 euros les deux capteurs », confie Damien Bibens, référent viticulture pour Vantage Atlantique-Méditerranée, qui commercialise l’outil sur une moitié ouest et sud de la France. 

 

 
Dans cette parcelle, grâce aux capteurs de végétation, 61 % de la surface sous le rang qui aurait été classiquement traitée n'a pas été pulvérisée, car il n'y avait pas de végétation.
Dans cette parcelle, grâce aux capteurs de végétation, 61 % de la surface sous le rang qui aurait été classiquement traitée n'a pas été pulvérisée, car il n'y avait pas de végétation. © Vantage AM
Ces capteurs détectent tout ce qui est chlorophylle en contraste avec le sol nu et pilotent les buses de pulvérisation pour ne traiter que là où il y a de la végétation. C’est ce que l’on appelle le spot spraying ou pulvérisation ultralocalisée. « La pression sociétale pousse à se détourner du glyphosate et à employer d’autres substances actives plus chères, plus spécifiques et nécessitant des passages plus réguliers », ajoute Damien Bibens. Dans ce contexte, le retour sur investissement peut être assez rapide, dépendant de la densité des adventices à traiter. « En désherbage, les économies d’intrants peuvent atteindre 60 à 90 % », informe Gérald Germain, président de Carbon Bee, qui fabrique le SmartStriker, un capteur de végétation. Et de rajouter : « le travail du sol dispense de produits phytosanitaires mais peut générer des problèmes de gestion d’adventices avec les espèces vivaces qui se reproduisent facilement par marcottage. »

 

Des capteurs utilisables sous le rang ou pour l’interrang

Pour le désherbage sous le rang, deux capteurs sont nécessaires, afin de « lire » deux rangs complets. « Ainsi un passage tous les deux rangs suffit », confie Damien Bibens. Les informations collectées par les capteurs sont analysées par un terminal qui pilote l’ouverture et la fermeture de buses. Généralement, c’est la technologie des porte-buses à impulsion qui est employée, cette dernière permettant des ouvertures et fermetures très rapides.

« Ces mêmes capteurs peuvent être utilisés pour le désherbage sur l’interrang, en changeant leur orientation, explique Gérald Germain. Le dispositif de pulvérisation sera bien entendu différent. » « Il peut être nécessaire d’ajouter un ou deux capteurs, complète Damien Bibens, chacun lisant une bande de 50 à 60 cm. »

Cibler la pulvé plutôt que récupérer les excédents

Mais ils peuvent également être utilisés à même la souche de vigne, en épamprage chimique. Et pas uniquement. « Avec des porte-buses adaptés et en orientant adéquatement les capteurs, il est possible de pulvériser sur le feuillage, notamment lors des premiers stades de végétation, complète Gérald Germain. Il est plus pertinent d’appliquer uniquement quand le feuillage est détecté plutôt que de récupérer avec des panneaux ce qui est passé au travers. Les économies à réaliser sont de l’ordre de 15 à 30 %. En volume ce n’est pas énorme, mais au prix de certains antifongiques, les gains peuvent être substantiels. On peut vite monter à 100 euros par hectare et par passage. » En ce qui concerne les engrais foliaires, l’utilisation de ces capteurs ne se traduit pas forcément par des économies, mais permet une meilleure répartition.

Ce système peut également faire office de coupure de tronçons et faciliter la conduite de l’opérateur, tout en générant des économies, notamment dans les parcelles en pointe.

Un amortissement dépendant des usages

 

 
La caméra SmartStriker, ici montée sur un pulvérisateur de grandes cultures, peut être utilisée en désherbage mais aussi en traitement de la vigne.
La caméra SmartStriker, ici montée sur un pulvérisateur de grandes cultures, peut être utilisée en désherbage mais aussi en traitement de la vigne. © L. Vimond
Multiplier les usages de ces capteurs permet de les amortir plus facilement. Carbon Bee annonce un coût de 2 000 à 5 000 euros pour deux capteurs, selon les spécificités demandées. Si la gestion des buses est réalisée par la société elle-même, cette dernière s’entoure de partenaires pour le montage en rétrofit (remplacement de composants par des plus récents) des équipements de pulvérisation. Plus l’appareil est vieux et peu pourvu en technologies, plus le rééquipement sera coûteux. De son côté, le Weedseeker 2, compatible Isobus, est proposé à environ 6 000 euros la paire de capteurs, auxquels il faut ajouter 2 000 euros pour le terminal Isobus. Le retour sur investissement va dépendre bien entendu des pratiques culturales, de la surface travaillée et des usages de ces capteurs.

 

Gérer le volume nécessaire sur la dernière cuve

L’une des limites de la pulvérisation ultralocalisée reste toutefois l’impossibilité de connaître la surface totale qui va être réellement traitée. La solution optimale serait de réaliser de l’injection directe qui consiste à diluer la substance active pure dans le circuit de pulvérisation en instantané : n’est utilisée que la juste quantité de produits, le reste du bidon pouvant être conservé pour une utilisation ultérieure. Cependant, la technologie n’est pas encore assez mûre.

« Généralement une règle de trois sur la base de ce qui a été utilisé à l’hectare dans les précédents pulvés suffit à estimer le volume nécessaire pour la dernière cuve, rassure Gérald Germain, quitte à prendre une marge de sécurité de 5 %. » Si les capteurs restent à demeure sur le tracteur, une lecture de la couverture en adventices lors d’un passage précédant le désherbage peut aussi générer une estimation précise des volumes.

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