Expérimentation
Des bactéries pour lutter contre le Botrytis
Expérimentation
La nouvelle génération de matières actives phytosanitaires sera-t-elle constituée de molécules produites par des organismes vivants ? C´est ce que laissent entrevoir les recherches menées au laboratoire de Stress Défense et Reproduction des plantes (SDRP)de l´Unité de recherche vigne et vin de Champ
Ce laboratoire travaille sur des bactéries qui offrent des perspectives intéressantes en matière de lutte contre le Botrytis. Si leur mode d´action exact reste méconnu pour l´instant, ces bactéries auraient la propriété de stimuler les défenses naturelles de la vigne et agirait en outre directement sur le champignon. " Ce mode de lutte biologique est en fait un cas particulier de l´élicitation ", indique le professeur Christophe Clément, directeur du laboratoire.
Les résultats obtenus en laboratoire sont très encourageants. " In vitro, la protection observée sur les plants de vigne bactérisés est de 100 %, même contre les souches les plus virulentes de Botrytis ", indique le professeur Christophe Clément. Ces plants bactérisés sont obtenus en permettant la colonisation des racines par les bactéries. Les racines de vitro-plants sont plongées dans une solution contenant des bactéries. En quatre jours, les bactéries recouvrent l´ensemble des racines des vitro-plants et forment un biofilm. A partir de ce moment là, elles pénètrent dans les tissus racinaires et colonisent tous les organes de la plante en empruntant les faisceaux conducteurs de la sève brute. Elles induisent ainsi une protection des feuilles et des baies en agissant comme des éliciteurs, comme en témoigne la stimulation d´activités enzymatiques telles que la chitinase (marqueur de défense naturelle).
" Des essais au vignoble ont lieu depuis trois campagnes ", ajoute le professeur Christophe Clément.
Ce sont des bactéries du sol champenois qui sont utilisées dans le cadre de ces expérimentations aux champs, l´introduction de micro-organismes étrangers pouvant bouleverser l´équilibre écologique des sols. Pour l´instant, il est difficile de tirer des conclusions quant à l´efficacité des bactéries car les deux dernières campagnes ont été marquées par une pression fongique relativement faible.
Et si les recherches donnent de bons résultats, peut-on imaginer à terme que les viticulteurs pulvérisent des bactéries dans leur vignoble ? " Un être vivant est toujours délicat à manipuler. L´orientation actuelle de nos recherches vise plutôt à isoler le principe actif synthétisé par la bactérie et impliqué dans la protection de la plante contre le champignon. Les bactéries pourraient ainsi être utilisées pour confectionner une nouvelle génération de produits phytosanitaires, inoffensifs pour l´environnement et dépourvus d´être vivants ", explique le chercheur.