Consommation mondiale de vin : retour vers le futur
La stabilité de la consommation mondiale de vin devrait être au rendez-vous cette année. C'est l'un des résultats du baromètre de la chaire Inseec et de Vinotracker.
Voilà une bonne nouvelle ! La consommation mondiale de vin devrait (enfin !) se stabiliser en 2024, après six ans de déclin ; elle est anticipée à 220,4 millions d’hectolitres.
Pour arriver à cette prévision, plusieurs économistes et entreprises ont joint leurs forces et mis en place un baromètre, qui se base sur les travaux de recherche de Jean-Marie Cardebat, professeur d’économie à l’université de Bordeaux et à l’Inseec Grande école et Benoît Faye (Inseec Grande école Bordeaux-Omnes Education Research Center), et « s’appuie sur des données collectées, analysées puis visualisées par la start-up Vinotracker, accompagnée par Unitec », indique le communiqué de presse.
Crise des subprimes, chute de la consommation chinoise, Covid
Ce travail met également en lumière d’autres données intéressantes. Ainsi, bien qu’ayant été sur une tendance haussière de 1995 à 2023, la consommation de vin plonge depuis 2018. « L’évolution est contrastée sur la période, reconnaissent les économistes. La hausse a été particulièrement forte dans les années 2000. La crise des subprimes en 2009 a constitué une pause et les années 2020 représentent une période de stagnation. La vive diminution de la consommation chinoise depuis 2018, suivie du Covid et de la crise économique expliquent le déclin qui s’est installé à la fin de la décennie. La chute de la consommation en 2023 est particulièrement prononcée. »
Par ailleurs, la production mondiale de vin se situe sur une tendance baissière depuis 2018. Mais cette moyenne recouvre en fait deux réalités opposées : si l’Europe voit sa production s’éroder, le Nouveau Monde est sur une dynamique positive. « On notera que ces tendances de production suivent les tendances de consommation dans les différentes zones », analysent les chercheurs dans leur rapport.Une consommation qui n'est plus majoritairement européenne
Et de fait. « La consommation de vin est géographiquement passée des pays traditionnellement producteurs (Europe) au reste du monde, pointent-ils. L’Europe est devenue minoritaire dans la consommation de vin depuis 2006. » À l’inverse, les États-Unis ont eu « la hausse la plus consistante sur la période, malgré le Covid. Par contraste, la Chine a vu sa consommation s’effondrer entre 2017 et 2023 de plus de 60 %, déstabilisant l’ensemble du marché. »
Un changement que nous n’avons pas forcément anticipé. Or un Américain (15 % de la consommation mondiale) ou un Australien (2,4 % de la consommation mondiale) n’auront pas les mêmes attentes en termes de produit qu’un Français, un Italien ou un Chinois. Il est temps de s’y atteler.