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Comment gérer les faibles disponibilités en vin ?

Conséquence des faibles disponibilités en ce début de campagne, les cours du vin sont globalement orientés à la hausse. Une embellie salvatrice pour les producteurs qui n'hésitent pas à remettre sur la table le sujet de la contractualisation. Côté négoce, on est plus circonspect craignant une déconnexion du marché des vins français et un recul des exportations françaises, faute d'approvisionnement suffisant.

Les stocks, tant à la  la propriété qu'au négoce,
sont en baisse 
par rapport 
à la campagne précédente. 
À cela s'ajoute, une petite récolte. Au final, les disponibilités 
sont à un niveau très bas.
Les stocks, tant à la la propriété qu'au négoce,
sont en baisse
par rapport
à la campagne précédente.
À cela s'ajoute, une petite récolte. Au final, les disponibilités
sont à un niveau très bas.
© P. Cronenberger

Les vins des Pays d'Oc donneront-ils le LA de cette campagne de commercialisation 2014-2015 ? Pour eux, signe des faibles disponibilités, elle a démarré en fanfare, avec un mois d'avance par rapport aux années précédentes. Au 21 novembre, les transactions ont porté sur 614 333 hectolitres, selon Inter Oc, contre 300 381 hl à la même époque, l'an passé. Résultat de cet emballement, les cours flambent : 93,80 euros/hl contre 79,18 euros/hl en 2013. Et ce, sur les trois couleurs : + 11,25 % en rouge à 86,80 euros/hl ; + 16,18 % en blanc à 103,93 euros/hl ; + 14,52 % en rosé à 89,66 euros/hl. Avec des poussées de fièvre notamment pour le chardonnay à 115,96 euros/hl. Jusqu'à quand cela va-t-il durer ? « Le plus longtemps possible, espère bien Jacques Gravegeal, président d'Inter Oc. À ce jour, les prix ne décrochent pas. Nous sommes dans le marché. Nous affichons 2,83 euros, prix moyen consommateur. Le seuil fatidique des trois euros n'est pas franchi. »

 Dans certains autres vignobles à IGP, les sorties sont encore très faibles et les prix non encore établis. Ce qui n'empêche pas de lorgner du côté du Languedoc-Roussillon. « Étant donné la tension sur les prix que l'on constate dans cette région, on peut penser que les nôtres seront aussi orientés à la hausse, indique Alain Desprats, directeur du syndicat des Côtes de Gascogne. Même si une hausse serait justifiée, compte tenu de la qualité de la récolte, une envolée serait à craindre car la grande distribution ne pourrait pas la répercuter au consommateur. »
Boris Calmette, président de la Confédération des coopératives vinicoles de France (CCVF), se veut rassurant : « le marché est lancé avec des prix qui certes, affichent une hausse substantielle d'environ 15 % mais qui ne vont pas exploser. Il y a peu de risque, au moins pour cette année ».


Et puis, comme le souligne Frédéric Rouanet, président du syndicat des vignerons de l'Aude,
« les prix actuels ne sont ni plus, ni moins que ceux qu'ont connus nos grands-parents. Les prix montent et il faut qu'ils montent encore puisque l'équilibre de production auquel nous sommes arrivés nous est favorable ». Mais l'est-il tant que cela ? Bruno Kessler, président de l'Anivin, en doute. « La production se focalise sur le prix à l'hectolitre mais si l'on en croit l'Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV), la France, dans l'Europe est le seul pays à perdre des parts de marché pour des raisons de prix mais aussi de disponibilités. »

« La France est le seul pays européen à perdre des parts de marché »

De retour de la Bulk Wine, le salon des vins en vrac qui se tenait fin novembre à Amsterdam, Florian Ceschi, du cabinet de courtage Ciatti à Montpellier, a constaté que les opérateurs du négoce et la grande distribution se mettaient désormais en quête d'alternatives aux cépages internationaux du Languedoc-Roussillon. « Et si auparavant, l'Espagne ne fournissait que des vins génériques, aujourd'hui, elle propose des vins de cépages. Et puis, il y a aussi le Chili, l'Australie ou l'Afrique du sud. » Et selon lui, inutile de compter sur le coût du transport pour amortir une différence de prix qui va du simple au triple. « Des changements sont en cours dont les conséquences pourraient se faire sentir l'année prochaine », prévient-il.

La question des vins sans IG revient sur le tapis


Un phénomène, certes, estime Bruno Kessler, qui ne touchera pas l'ensemble des vins français mais ceux qui constituent le coeur du marché, soit ceux vendus autour de 2 euros. « Ce qui représente un gros morceau. À l'Anivin, nous estimons qu'il est dangereux pour la France de se désengager de ce segment qui risque d'être remplacé par des vins d'importation. Mais tant qu'il n'y aura pas de vignobles dédiés aux vins sans IG et qu'il ne faudra compter que sur le repli des autres catégories de vin pour alimenter cette entrée de gamme, nous n'y arriverons pas ou alors à des prix trop élevés. » Ce à quoi ne croit pas Boris Calmette : « pour ne prendre que l'exemple des Espagnols, je ne pense pas qu'ils soient durablement capables de produire et vendre des vins de cépage en étant plus rentables que les Français. Nous avons les capacités d'être concurrentiels ». En tout cas, pour l'instant, le rapport de force traditionnel entre production et négoce est clairement dans les mains de la première.

Le retour de la contractualisation pour réguler le marché


« Et si on en profitait pour faire de la contractualisation ? », suggère Thomas Montagne, président des Vignerons indépendants de France (VIF). Une proposition que l'ensemble des responsables professionnels de la production reprennent à leur compte. « Alors que les cours flambent ou du moins progressent, qu'un responsable professionnel de l'amont dise que l'on va faire de la contractualisation est un geste positif. Il nous faut réguler ce marché en volume et en prix. Et je crois que ce message devient aujourd'hui audible. Je suis surpris par la maturité des producteurs », constate Jacques Gravegeal. La fin d'un éternel bras de fer ? À voir. Mais il y a peut-être un élément, qui semble-t-il, serait dans la tête des professionnels et pourrait favoriser ces discussions : le renouvellement des générations. « La pyramide des âges des vignerons est négative tout comme leur taux de renouvellement. Si nous voulons installer des jeunes et rendre ce métier attractif, nous devons sécuriser leur revenu. Et sous réserve qu'il n'y ait pas d'aléas climatiques. Ce qui doit pousser à mettre en place une assurance récolte », poursuit Jacques Gravegeal.

 

Et puis, à la question du revenu est corrélée celle des rendements. « Le challenge de demain en Languedoc-Roussillon sera de retrouver, avec un niveau de prix corrects, des rendements qui le soient tout autant afin de pouvoir investir à la fois sur l'exploitation, dans les outils de transformation et surtout dans la commercialisation », souligne Michel Servage, président de la VNIGP (Confédération des vins de France à IGP). « Car aujourd'hui, le rendement moyen en Languedoc-Roussillon ressemble à celui de l'Aquitaine. »

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