Agroécologie et technologie : alliés ou faux-amis ? Débat entre Aurélie Trouvé (LFI) et la FNSEA
A l’occasion des Controverses de l’agriculture et de l’alimentation organisées le 14 février par le groupe Réussir-Agra, la députée LFI et Olivier Dauger, administrateur du syndicat majoritaire, ont échangé leurs points de vue sur la technologie au service ou non de l’agroécologie.
A l’occasion des Controverses de l’agriculture et de l’alimentation organisées le 14 février par le groupe Réussir-Agra, la députée LFI et Olivier Dauger, administrateur du syndicat majoritaire, ont échangé leurs points de vue sur la technologie au service ou non de l’agroécologie.
La technologie peut-elle être une alliée pour la transition agroécologique ? Aurélie Trouvé, ex-chercheuse en agroéconomie à AgroParisTech et députée LFI, et Olivier Dauger, administrateur de la FNSEA chargé des dossiers climat, énergies et carbone, ont débattu sur le sujet à l’occasion des Controverses de l’agriculture et de l’alimentation organisées à Paris le 14 février par le groupe Réussir-Agra.
Si la députée LFI et le représentant syndical sont d’accord sur la définition de l’agroécologie visant à « rendre les agriculteurs plus économes et autonomes », sur les moyens pour y parvenir le clivage s’affiche plus marqué.
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Les NBT peuvent-ils aider à la transition agroécologique ?
Oui, répond la FNSEA
Pour faire face aux enjeux de la transition agroécologique et du réchauffement climatique, qui devrait renforcer la pression parasitaire, « on a besoin de la génomique mais il faut guider la recherche par rapport aux enjeux de résilience », estime Olivier Dauger, élu de la FNSEA. Son attente : des plantes plus résilientes et moins dépendantes des produits phytosanitaires. Mais le « travail doit se faire en lien avec les consommateurs », souligne-t-il.
Plutôt non, selon la députée LFI
Pour Aurélie Trouvé, bien que les députés européens aient adopté le 7 février un texte faisant la différence entre deux catégories de plantes issues des nouvelles techniques de sélection variétale, « les NBT sont des OGM ». En conséquence, « le principe de précaution, qui appartient à la Constitution, doit être appliqué en dehors de la recherche publique qui doit être confortée sur le sujet », estime la députée LFI.
Les NBT sont des OGM pour la députée LFI
« La génétique a beaucoup servi à homogénéiser, augmenter le rendement, elle doit aller spécifiquement vers la résistance aux sécheresses, la mise en place de races plus rustiques. La recherche publique doit absolument prendre cela en charge », ajoute-t-elle, estimant que les élus manquent « d’évaluations scientifiques indépendantes » pour appuyer leurs décisions politiques.
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La robotique peut-elle être une solution pour l’agroécologie ?
Oui mais à quel prix ? répond la FNSEA
Quid de la robotique pour aider les agriculteurs face à la transition agroécologique ? « Cela peut répondre à l’enjeu de réduction des produits phytosanitaires (avec le recours à l’intelligence artificielle) et aux enjeux énergétiques avec des robots plus légers souvent électriques et tournant 24h/24 » estime Olivier Dauger qui s’interroge toutefois sur l’équation économique. « Comment on arrive à faire cette transition au niveau économique ? », demande-t-il.
Oui et non, répond la députée LFI
Aurélie Trouvé ne se dit quant à pas opposée à la robotique « si elle permet d’autonomiser et d’émanciper » les agriculteurs et ne représente pas seulement « une substitution du capital travail ».
« Il y a des avantages et des désavantages à la robotique. Les robots de traite par exemple peuvent rendre les éleveurs dépendants aux boîtes qui sont derrière et générer un endettement très fort », estime-t-elle. Sans surprise, la députée préférerait que les politiques publiques encouragent le travail agricole plutôt que l’acquisition de robots pouvant conduire à un « surendettement ».
Pour la députée LFI plus que la technologie ce sont des « techniques de pointe » comme le pâturage tournant dynamique ou les rotations longues, « loin de ce que l’on faisait il y a 70 ans », qui aideront les agriculteurs à gagner en autonomie.
Si les datas échappent aux agriculteurs c’est une mise sous tutelle de l’agriculture
Sur les nouvelles technologies, elle alerte sur l’importance des datas et de la question de leur propriété. « Si le datas échappent aux agriculteurs c’est une mise sous tutelle de l’agriculture qui s’annonce », prévient-elle mettant également en garde contre « la privatisation du conseil agricole ».
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Les agriculteurs Bruno Cardot et Nadège Petit réagissent
Bruno Cardot et Nadège Petit, deux agriculteurs très présents sur les réseaux sociaux et membres du réseau FranceAgriTwittos, ont réagi à ce débat en bilan des Controverses de l’agriculture et de l’alimentation. « Durant cette table-ronde, je ne tenais pas sur ma chaise » a reconnu l’agriculture Bruno Cardot.
Madame la députée va très vite venir sur ma ferme, elle oublie que pas de bras, pas de chocolat
« Quand j’entends les termes « OGM cachés » je ne suis pas d’accord, dans ces technologies il y a des OGM mais pas que, c’est un vrai outil pour nous, ça ne va pas nous résoudre tout de suite comme le problème de la jaunisse de la betterave. Mais madame la députée va très vite venir sur ma ferme », a ainsi réagi l’agriculteur. « Et puis elle a oublié que pas de bras pas de chocolat, comment on va faire sans robot alors qu’on a déjà du mal à trouver du monde ! ».
Même réaction du côté de Nadège Petit qui rappelle que « beaucoup de laitiers ne trouvent personne et c’est pour ça qu’ils passent au robot de traite ».