30 enjeux pour la viticulture de demain
À l’occasion de notre trentième anniversaire, six experts de la filière ont accepté de se projeter sur ce que sera la viticulture dans dix ans. Et ce, via trente questions.
À l’occasion de notre trentième anniversaire, six experts de la filière ont accepté de se projeter sur ce que sera la viticulture dans dix ans. Et ce, via trente questions.
Fin 2015, Frédéric Vigier, alors délégué à l’expertise de l’Irstea (Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture), nous aidait à nous projeter à l’horizon 2050 afin de dessiner le visage des exploitations viticoles d’un point de vue technologique.
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Il imaginait l’arrivée d’un robot tailleur électrique, capable de modéliser les flux de sève, de mémoriser l’architecture et le rendement de chaque cep, ainsi que celle d’une machine à vendanger électrique fonctionnant avec des piles à combustion, reproduisant la récolte manuelle grâce à des bras cueilleurs et permettant une bioprotection des baies. Presque dix ans plus tard, force est de constater que nous sommes encore loin de l’arrivée de telles machines dans le vignoble. Mais Christophe Riou, directeur de l’IFV, augure que ce sera bel et bien la prochaine marche franchie par les robots et l’IA en viticulture.
Vers un développement des co et sous-produits du raisin
Les prédictions de Frédéric Vigier sur les maladies du bois ne prennent en revanche pas le chemin de la réalisation. Il supposait que nous découvririons un produit permettant de lutter contre ce fléau. Même s’il reste encore vingt-cinq ans pour le trouver, la filière ne s’oriente pas vers une seule et unique solution contre les dépérissements et la voie d’un produit semble bien hasardeuse. Frédéric Vigier anticipait également la montée en puissance des produits de biocontrôle pour lutter contre les maladies cryptogamiques à laquelle nous assistons actuellement.
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Mais il allait plus loin, et concevait un futur sans pesticides, où le viticulteur, armé d’un essaim d’abeilles électroniques, interviendrait de manière très précoce. Dès la première détection de maladie (identifiée par fluorescence) ou du moindre prédateur, « les abeilles, équipées d’un dard électrique, envoient une décharge létale sur le parasite, et c’en est fini des problèmes », écrivions-nous alors. Peut-être sera-ce le cas en 2050. Mais pour l’instant, les spécialistes penchent plutôt pour la montée en puissance des variétés résistantes, de la prophylaxie et des modélisations, ou encore de systèmes de pulvérisation fixes avec des SDN et biocontrôles.
L’expert de l’Irstea pressentait par ailleurs la montée de l’agroécologie, avec l’arrêt des désherbages chimiques et le développement du désherbage électrique sous le rang. Dix ans plus tard, la technique est bel et bien mature, même si elle est encore peu déployée sur le terrain. Parallèlement à cela, il conjecturait l’arrivée d’une filière de recyclage de la biomasse viticole, avec système de ramassage des sarments et transformation en matériaux de construction. Une prémonition qui pourrait bien se réaliser dans les années à venir, Christophe Riou s’attendant au développement d’autres productions à base de raisins sur les domaines, comme des co et sous-produits.
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Comme aujourd’hui, plusieurs types de viticulture devraient cohabiter
Mais pour célébrer nos 30 ans, nous avons voulu nous interroger plus largement sur le futur de la filière. Vers quelle typologie d’exploitations nous orientons-nous : seront-elles majoritairement en polyculture, en bio, en AOC, ou détenues par de grands groupes et banques ? Que voudra boire le consommateur : des vins de cépages résistants, du « vin » sans alcool, dans des canettes, labellisés ? Autant de questions auxquelles vous trouverez des éléments de réponses dans les pages qui suivent. Mais ce qui est certain, c’est que l’innovation sera une composante importante dans l’évolution de notre filière. De même, il n’y aura pas une mais plusieurs viticultures qui cohabiteront.