variété patrimoniale
Arinarnoa, un cépage d’avenir aux accents bordelais
Présenté comme un cépage adapté au changement climatique, l’arinarnoa affiche une typicité proche de celle de son parent biologique : le cabernet sauvignon.
Origine et sensibilité aux maladies
Intéressant face à la sécheresse et aux maladies cryptogamiques
L’arinarnoa est un croisement entre le tannat et le cabernet sauvignon. C’est une variété obtenue en 1956 par l’Inrae de Bordeaux et inscrite depuis 1980 au Catalogue officiel des variétés de vigne de raisin de cuve. On la trouve en Argentine, au Brésil ou encore en Uruguay. En France, elle est peu connue, même si on observe un regain d’intérêt depuis qu’elle est inscrite comme Variété d’intérêt à fin d’adaptation (Vifa) pour l’AOC bordeaux. Elle est étudiée dans le cadre du projet Inrae VitAdapt, qui concerne 52 variétés, depuis 2012. Au Château la Tour Carnet dans le Médoc, elle est suivie sur une parcelle de collection de cépages depuis plus de onze ans pour développer la diversité variétale. Elle a également fait l’objet d’essais à Fronton où elle a été appréciée pour sa tolérance à la sécheresse.
L’arinarnoa ne présente pas de sensibilité particulière aux maladies et résiste bien au botrytis, malgré sa maturité tardive, grâce à une pellicule épaisse des baies. « En 2024, nous avons pu apprécier sur la parcelle de Graves en Gironde sa faible sensibilité au mildiou sur feuilles et une sensibilité un peu inférieure au merlot sur grappes », remarque Agnès Destrac Irvine, ingénieure d’études à l’Inrae Bordeaux. En revanche, elle semble vulnérable aux maladies du bois et à la flavescence dorée.
Phénologie et caractéristiques agronomiques
Le débourrement et la maturité sont tardifs
Le débourrement de l’arinarnoa est tardif (13 jours après le chasselas) ce qui rend cette variété peu sensible aux gelées printanières. Sa maturité est également tardive, 3 à 4 semaines après le chasselas, « ce qui engendre une maturation sur des périodes moins chaudes », souligne Lucile Dijkstra, directrice d’exploitation au Château la Tour Carnet. « Nous avons également remarqué sa bonne tolérance à la sécheresse en 2022 bien que ce soit un cépage productif : 1,8 kg par pied sur cette même campagne », précise-t-elle. Le suivi de l’arinarnoa sur la parcelle VitAdapt indique un poids moyen des baies de 2 grammes, versus 1,4 gramme pour le cabernet sauvignon et 2,2 grammes pour le merlot.
Les grappes de l’arinarnoa sont assez grandes, plus ou moins compactes avec des baies moyennes de forme arrondie et régulière et une peau épaisse devenant bleue-noire à pleine maturité. C’est un cépage fertile avec une production bonne et régulière. « Des essais conduits sur trois vendanges à la cave de Berticot à Duras, sur des vignes hautes plantées à 3 300 pieds par hectare, montrent un rendement moyen de 9 tonnes par hectare avec en moyenne 19 grappes par pied et des vendanges la dernière semaine de septembre », indique Ronan Jehanno, chef de département Matériel végétal à la chambre d’agriculture de la Gironde.
Potentialités œnologiques
Des vins tanniques, élégants et structurés
L’arinarnoa donne des vins avec un bon équilibre acide/alcool, colorés et tanniques. Il produit des arômes de fruits rouges et noirs mûrs, d’épices, de réglisse et de violette. Dans leur jeunesse, les vins peuvent présenter parfois un léger goût herbacé. « C’est un cépage qui ressort comme très typique du Bordelais dans les dégustations, analyse Lucile Dijkstra, il est proche du cabernet sauvignon. » Sur les trois vendanges à la cave de Berticot, les vins issus du cépage arinarnoa affichaient un taux d’alcool moyen de 13 % vol. et un pH moyen de 3,4.
carte d’identité
Origine croisement entre le tannat et le cabernet sauvignon
Couleur rouge
Son nom est un néologisme formé à partir de deux mots basques et peut signifier « vin léger »
Surface cultivée en France un peu moins de 200 hectares
Le seul clone agréé en France est le 723
Retrouvez nos fiches sur les variétés patrimoniales :
Le cépage ancestral castets donne des vins colorés et épicés
La dureza, cépage ancestral rhodanien en pleine renaissance
Le tibouren, adapté aux rosés clairs et expressifs
Le cépage counoise résiste bien à la sécheresse
Le mollard, un cépage d’altitude pour des vins légers en alcool