Vacciner les broutards contre les maladies respiratoires pour l’export à condition de mieux les valoriser
Encadrée par un cahier des charges interprofessionnel, la préparation sanitaire des broutards permet de vendre des animaux préalablement vaccinés en bonne et due forme chez le naisseur. C’est un atout pour réduire les pathologies respiratoires et par conséquent le recours aux antibiotiques.
Encadrée par un cahier des charges interprofessionnel, la préparation sanitaire des broutards permet de vendre des animaux préalablement vaccinés en bonne et due forme chez le naisseur. C’est un atout pour réduire les pathologies respiratoires et par conséquent le recours aux antibiotiques.
Bien des essais comparatifs le confirment, des broutards préalablement vaccinés chez le naisseur contre les principales pathologies respiratoires permettent par la suite de meilleures performances en atelier d’engraissement. Différents essais comparatifs mettent en avant des différences significatives selon la date d’application du vaccin, puis du rappel.
La vaccination chez le naisseur (deux injections à un mois d’intervalle) permet de garantir une immunité contre les trois principaux agents pathogènes (le virus respiratoire syncytial bovin, le virus para-influenza de type 3 et la bactérie mannheimia haemolytica) pendant au moins quatre semaines après avoir quitté l’élevage du naisseur couvrant ainsi la période la plus à risque.
Comparativement à une vaccination réalisée chez le naisseur (primo injection) puis en centre de tri (rappel) ou intégralement en atelier d’engraissement, ce protocole permet une réduction significative de la proportion d’animaux affectés par des pathologies respiratoires avec à la clé une diminution des frais vétérinaires, de meilleures croissances et donc une réduction de la durée d’engraissement.
Moins de médicaments antimicrobiens
Le corollaire logique de ces animaux moins affectés par les maladies respiratoires est une réduction du recours aux médicaments antimicrobiens (nouveau nom d’usage des antibiotiques). Une donnée clé pour lutter contre l’antibiorésistance. « La problématique de l’antibiorésistance est une préoccupation majeure en Europe. On a actuellement certains antibiotiques qui ne fonctionnent plus. Il faut utiliser moins d’antibiotique. C’est la règle générale à retenir », expliquait Pierre-Alexandre Heckly, vétérinaire conseil pour l’interprofession à l’occasion d’une table ronde organisée à ce sujet lors du dernier congrès d’Elvea France.
« En production de viande bovine, l’essentiel des antibiotiques sont utilisés dans les ateliers d’engraissement pour soigner des pathologies respiratoires, première source de perte d’animaux pour les engraisseurs. Il y a des années que l’on connaît quels sont les principaux agents pathogènes responsables des maladies respiratoires. Les vaccins donnent de bons résultats dès l’instant que leur protocole d’application est bien respecté », rappelait Christophe Le Nouvel responsable veau de boucherie et bovins viande pour le laboratoire MSD santé animale. Et de mettre également en avant l’intérêt pour le naisseur d’avoir des veaux vaccinés dans leur jeune âge avec là aussi à la clé de meilleures performances pondérales.
Si l’intérêt d’acheter ces animaux dûment vaccinés chez le naisseur est reconnu par bon nombre d’engraisseurs français, la pratique est encore loin de remporter le même succès dans les unités italiennes. Pour mieux connaître ces freins, les responsables d’Elvea France avaient invité les dirigeant d’Asprocarne, une organisation de producteur du Piémont. Cette dernière commercialise 130 000 bovins finis par an dont une forte proportion est issue de maigre français avec une large part de blonds d’Aquitaine.
Bien conditionnés et vaccinés
« Acheter chez vous des veaux bien conditionnés et vaccinés est pour nous plus intéressant. Cela se traduit par moins de mortalité et de meilleures croissances. », a reconnu Franco Martini, président d’Asprocarne. « Sur des lots non vaccinés, on a parfois jusqu’à 5 à 6 % de mortalité. Mais les disponibilités en animaux vaccinés en bonne et due forme sont confidentielles », regrettait Mauro Capello, directeur commercial.
Et ce dernier d’expliquer qu’une partie des animaux qu’il achète ont bénéficié en France d’une phase de repousse d’environ 90 jours. « Et sur ces animaux plus lourds et déjà bien habitués à manger à l’auge, il y a une vraie différence côté résultats techniques comparativement à du broutard léger, fraîchement sevré. »
L’autre frein évoqué est lié à l’absence de carnet sanitaire électronique qui puisse suivre l’animal tout au long de son existence, depuis la ferme française jusqu’à l’atelier italien et surtout jusqu’à l’abattoir de la péninsule. « En Italie, la traçabilité électronique des traitements est obligatoire à partir du fichier d’identification des animaux. Ce passeport sanitaire fait mention de tous les traitements et vaccins. » Et d’expliquer que s’il y avait un « pont numérique » permettant aux données sanitaires enregistrées sur un carnet numérique français d’être automatiquement transférées sur le carnet numérique italien au moment de l’achat de l’animal, cela simplifierait les procédures. « Quand l’animal arrive à l’abattoir, le vétérinaire a ainsi la possibilité de voir tout l’historique sanitaire des animaux qui seront abattus. Ne manque que ce qui s’est passé en France ! »
La question de la plus-value à appliquer à du maigre vacciné en bonne et due forme n’a bien entendu pas été occultée mais les interlocuteurs transalpins se sont montrés plus évasifs sur ce sujet. De leurs côtés, les responsables français ont bien rappelé que cette somme nécessaire pour rémunérer la préparation sanitaire ne devait pas être globalisée sur l’ensemble du prix de l’animal mais répercuté en pied de facture, comme le stipule d’ailleurs très clairement l’accord-cadre mis en place par Interbev.
Rôle moteur de certaines OP
Certaines organisations de producteurs ont eu un rôle moteur dans la préparation sanitaire des broutards. Dans les Pays de la Loire, Ter’élevage a été un précurseur. En 2006 elle a mis en place le contrat Broutard Max, lequel définit un niveau de préparation sanitaire pour des animaux nés chez certains de ses adhérents. Le contenu de ce contrat a d’ailleurs largement inspiré le cahier des charges interprofessionnel sobrement intitulé Préparation sanitaire des broutards.