Une protection des ovins sans faille grâce au confinement
Les isolements en quarantaine et en infirmerie sont préconisés en élevage ovin afin de se prémunir au mieux des épidémies, surtout face à des traitements sujets au développement de résistances.
A l’heure où des résistances aux antibiotiques et aux antiparasitaires se développent, casser la chaîne de contamination entre animaux est primordial lors de la détection d’une maladie. Cependant, il peut être délicat de pratiquer une quarantaine efficace sur un animal à l’instinct grégaire. Les animaux vivent tout le temps ensemble, ils représentent donc la source directe de transmission de pathogènes d’un mouton à l’autre. La solution certes radicale mais toujours efficace est l’isolement. D’autant que les vétérinaires spécialisés en ovins et effectuant de nombreuses visites ne sont pas répandus partout en France.
L’endroit où les animaux sont isolés doit être facilement accessible pour l’éleveur
En pratique, l’isolement est préconisé pour les animaux malades ou présentant des symptômes, ainsi que pour les animaux nouvellement introduits dans l’élevage. Il faudrait donc dans l’idéal avoir la possibilité d’avoir deux zones d’isolement différentes pour ces deux cas (une infirmerie et une quarantaine). Une pharmacie doit être disponible facilement depuis l’espace d’isolement, afin de s’équiper au moins de gants, et de matériel d’injection à usage unique adapté au gabarit des animaux. Une attention particulière doit être portée lors de la réintroduction de l’animal mis à l’isolement, car cela remet en cause la hiérarchie dans le troupeau.
Les animaux achetés peuvent avoir été contaminés dans leur cheptel d’origine, lors de leur transport ou dans les zones de rassemblement. Ils peuvent donc être malades, en incubation ou même simplement porteurs sains de certains pathogènes. Comme il est démesuré de tester l’ensemble des animaux achetés pour toutes les maladies possibles, on axe plutôt la protection de l’élevage sur l’isolement dès l’arrivée des nouveaux animaux ; sans contact direct ni indirect (barrières) avec les animaux de l’élevage. En fonction du niveau de risque identifié avec les techniciens et l’élevage d’origine, on peut profiter de l’arrivée de ces animaux pour les traiter contre les parasites, et c’est un moment privilégié pour effectuer des analyses coprologiques.
Pour savoir combien de temps doit durer l’isolement, on peut prendre en compte le temps de recevoir les résultats des analyses (s’il y en a eu), puis selon les résultats le temps de soigner, ou d’organiser des lots, changer les plannings de reproduction ou de pâturage, etc. Selon Pierre Autef, vétérinaire en Haute-Vienne, la quarantaine dépend aussi des animaux achetés : “Si on achète un ou deux béliers, comme on peut se permettre de faire un examen clinique avant l’achat, l’isolement peut durer seulement quinze jours. Lors de la construction d’un troupeau, si l’on achète des lots de brebis dans différents élevages en même temps, les contacts entre lots sont à éviter pendant trois semaines à un mois.” Quelques écueils sont parfois rencontrés sur le terrain, comme le fait de ne pas anticiper l’achat de ses bêtes en vue de la quarantaine. Par exemple, il est préférable d’acheter les béliers au moins un mois (la spermatogenèse dure six semaines) avant la mise à la lutte dans les élevages allaitants, pour pouvoir les isoler et si besoin les soigner avant de les introduire avec le reste du troupeau. De même, Pierre Autef souligne qu’il est trompeur "de penser qu’il vaut mieux acheter des moutons dans un élevage indemne de tout. En élevage ovin, il vaut mieux acheter en provenance d’une exploitation dans le même état sanitaire que le sien" (dont les animaux ont été affectés par les mêmes pathologies). Cependant, il regrette le fait qu’il n’y ait pas un statut sanitaire clair et généralisé pour les élevages ovins (sauf pour la brucellose, qui a quasiment disparu du territoire). Les éleveurs s’en remettent donc à la confiance qu’ils portent en leurs fournisseurs d’animaux, confiance qui peut être confirmée en discutant avec le vétérinaire du secteur.