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Lutte contre les campagnols terrestres : vers une solution prometteuse

La Cuma de Sainte-Geneviève/Cantoin située dans l’Aveyron et le parc naturel régional de l’Aubrac mènent une expérimentation pour lutter contre les campagnols terrestres responsables de gros dégâts dans les prairies pâturées. Les résultats sont encourageants.

Piégeur de campagnol en pleine action dans un champ
Pour cette expérimentation, un piégeur a été embauché à plein temps.
© Parc naturel régional de l'Aubrac

[modifié le 23 novembre 2023]

Le parc naturel régional de l’Aubrac rappelle que le campagnol terrestre est un rongeur souterrain des prairies d’altitude, principalement présent dans le Massif central et le Jura. Ses effectifs sont soumis à des variations cycliques avec des pics de pullulation, où les populations peuvent aller jusqu’à plusieurs centaines d’individus par hectare. Les campagnols créent des galeries et tumuli et mangent l’herbe par la racine. Dans une prairie pâturée, les dégâts sont conséquents et impactent fortement l’autonomie fourragère des exploitations d’élevage.

 

La lutte chimique nuit à la biodiversité

Les méthodes de lutte chimique ont été employées mais elles ont eu des impacts importants sur la biodiversité, avec notamment des empoisonnements des prédateurs (rapaces, renards)  qui consommaient régulièrement des rongeurs empoisonnés à la bromadiolone, molécule aujourd’hui interdite.

 

Un piégeur salarié à plein temps

Accompagnée par le Parc naturel régional de l’Aubrac, la Cuma de Sainte Geneviève/Cantoin porte une expérimentation de lutte contre le campagnol terrestre destinée à tester des méthodes collectives et coordonnées, basées sur l’observation des populations et l’intervention d’un piégeur salarié à plein temps. Le principe de cette expérimentation repose sur les résultats encourageants d’autres expérimentations de lutte menées dans le Massif central, dont Volvic par exemple.

 

Piégeage mécanique

Débutée en septembre 2022, l’expérimentation prendra fin en septembre 2025. En tout, 19 exploitations de la Cuma adhèrent à ce service de piégeage qui s’étend sur 2 000 hectares. Les parcelles engagées sont proches les unes des autres et forment un réseau restreint, dense et cohérent, sans zone qui pourrait servir de refuge pour les campagnols évitant ainsi le risque de dispersion sur les parcelles adjacentes. L’expérimentation est basée essentiellement sur le piégeage mécanique des campagnols par le piégeur salarié. Elle exclut l’utilisation du raticide « Ratron ». 

 

Surveillance précoce de la dispersion et de la densité en campagnols

L’expérimentation s’appuie sur un travail de surveillance précoce de la dispersion et de la densité en campagnols à l’échelle de chaque parcelle sur le site expérimental. Elle est organisée en période de basse densité afin de prévenir la pullulation des populations par la limitation des individus reproducteurs. Elle intervient également sur les taupes car leur présence favorise l’installation des campagnols, avec utilisation de PH3 (un gaz constitué d'hydrure de phosphore utilisé dans les activités de fumigation)  sur les premières années, et l’objectif à terme de s’en passer.

Lire aussi : « À cause du campagnol terrestre, nous sommes contraints de nous séparer de vaches »

 

Favoriser les prédateurs naturels

Elle prévoit aussi de favoriser les prédateurs naturels avec l'installation de nichoirs à rapaces fabriqués par le piégeur pendant la période hivernale, comme les buses et les milans, mais aussi les rapaces nocturnes comme le hibou moyen-duc ou la chouette chevêche. 

Des diagnostics de prairies naturelles, de leur place et de leur évolution possible à l’échelle des systèmes d’exploitations seront également réalisés pour rechercher une meilleure résilience.

 

Près de 2500 campagnols et 260 taupes piégés en quatre mois

De septembre à décembre 2022, 2 485 campagnols et 260 taupes ont été piégés. Jusqu’à 130 individus ont été piégés par hectare. De janvier à mars 2023, 59 campagnols ont été piégés et 465 taupes. En 2023, la pullulation s’est brutalement terminée, sûrement accentuée par la sécheresse de l’été précédent. Le piégeur s’est concentré sur les taupes, tout en attrapant 2 à 10 campagnols par hectare. Durant l’été 2023, suite à la surveillance de printemps, aucune colonie de campagnols n’a été identifiée. Le piégeur s’est concentré sur les taupes, lui permettant d’agir sur une surface plus importante.

 

Aucune fumigation n’a été nécessaire

En cette fin d’année, le piégeage est ciblé sur les colonies de campagnols de nouveau actives, repérées grâce à la surveillance des parcelles. Pour être le plus efficace possible, des opérations collectives de piégeage pourraient être organisées en mobilisant les agriculteurs du service de la Cuma. C’est pendant cette période de basse densité qu’il faut intensifier le piégeage sur les secteurs actifs. Aucune utilisation de PH3  n’a été nécessaire cette année.

 

Un coût de 65 000 euros à partager

Les dépenses engagées pour cette première année d’expérimentation s’élèvent à 65 000 €, dont 40 000 € pour la Cuma de Saint Geneviève/Cantoin et 25 000 € pour le Parc. Le budget estimé au total pour la Cuma pour les deux années suivantes est de 20 800 €.

Le Parc a mobilisé des fonds du « Dispositif biodiversité » de la Région Occitanie. Il est conduit en concertation avec les organisations professionnelles agricoles : FDGDON Aveyron, FREDON Occitanie, Chambre d’Agriculture de l’Aveyron, FDCUMA Aveyron, Conservatoire botanique du Massif central, élus locaux,.... Le Parc apporte à la Cuma un accompagnement technique, a organisé des formations pour le piégeur et les agriculteurs engagés dans cette démarche. Il a aussi monté le dossier pour obtenir les fonds.

 

Une nouvelle expérimentation est prévue dans un autre secteur de l’Aubrac

Le Parc a candidaté au Fonds vert de l’Etat pour accompagner la création d’un second collectif d’agriculteurs dans un autre secteur de l’Aubrac. Cette nouvelle expérimentation s’appuiera sur les enseignements de cette première période-test à Sainte Geneviève et reposera sur le même principe de lutte par piégeage collectif et coordonné, mais dans un contexte local différent. Elle sera confirmée dès l’obtention de ce financement en début d’année 2024.

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