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Un roto au top pour une traite efficace

Joost de Widt est producteur de Rocamadour dans le Lot et a récemment investi dans un roto de traite hollandais suréquipé.

Installés en 2001 avec un troupeau de 300 chèvres, Joost de Widt et son associé n’en sont pas à leur première expérience dans l’élevage. Déjà en Hollande, d’où ils sont originaires, ils produisaient du fromage de chèvre. Malheureusement les Hollandais ne raffolent pas de ce produit-là. Joost de Widt a passé une bonne partie de sa jeunesse dans le Lot, et il a même travaillé dans le camping attenant à sa ferme actuelle. Il a alors décidé de migrer au sud avec son épouse Ingrid, aujourd’hui en charge de la fromagerie et Steven son associé et crée le Gaec de la Ferme Chapelle. « Quand on est arrivé, il n’y avait que les vieilles bâtisses en pierre et la ferme faisait un peu de tout (vaches laitières, chèvres, brebis) comme dans l’ancien temps », se remémore Joost de Widt, sourire aux lèvres. L’augmentation du troupeau a été progressive pour aujourd’hui atteindre les 600 têtes. L’idée de gagner du temps sur la traite a cheminé dans l’esprit des éleveurs. Dotés jusqu’à récemment d’une salle de traite classique avec deux quais de 24 places chacun en ligne basse, les associés mettaient environ deux heures et demie à deux pour s’occuper de leurs chèvres. « C’était devenu une vraie corvée, le plaisir de traire n’était plus là, on se fatiguait beaucoup à ce moment-là », poursuit l’éleveur de 45 ans.

Jusqu’en Hollande pour trouver le roto idéal

Les associés ont alors prospecté auprès des différents fabricants de matériel de traite présents sur le sol français, mais aucun n’a complètement trouvé grâce à leurs yeux. Il faut dire que leurs critères de sélection sont bien précis : ils veulent pouvoir faire la traite à une seule personne et en moins d’une heure et demie. Ils souhaitent avoir un suivi précis de chaque chèvre et gagner en ergonomie et confort de travail. Ils se tournent alors vers le Hollandais Fullwood, avec qui ils avaient précédemment travaillé lors de leur installation aux Pays-Bas. Le fabricant néerlandais a développé le modèle de roto Quick Cap. Le Gaec se dote de ce dernier en octobre 2018. Chacune des 56 places est équipée d’un module indépendant contenant les manchons, le système de décrochage, le système de désinfection des manchons, etc. Les deux manchons ne sont pas solidaires entre eux et permettent à l’éleveur d’ajuster la traite selon la chèvre. Entre chaque animal, les manchons reviennent en position de départ grâce à un cordon en tension. Chaque module est aussi équipé d’un compteur de lait, qui va donner pour chaque animal la quantité de lait produite mais également la température de celui-ci et la conductivité. Les données sont compatibles avec le logiciel de gestion de troupeau Isachèvre utilisé sur l’exploitation.

La traite se fait par l’extérieur du roto

Et surtout, ce qui a attiré l’attention des éleveurs, c’est que l’éleveur fait la traite à partir de l’extérieur du roto. Les chèvres sont donc tournées vers le centre de la machine. « C’est un vrai confort par rapport aux rotos classiques, s’enthousiasme Joost de Widt. Celui qui fait la traite a toute la place pour se mouvoir, on peut aussi vérifier facilement que tout se passe bien dans l’aire d’attente et être rapidement sur place en cas de problème. » D’ailleurs, le poste de traite est doté de deux écrans de contrôle pour l’éleveur. L’un relaie les caméras de l’aire d’attente et du quai et l’autre affiche les données et informe l’éleveur en cas d’anomalies.

600 chèvres en une heure et demie

Fullwood a même prévu une sécurité en cas de décrochage précoce des manchons : le système capte le problème et intervient en gardant la chèvre en question pour un tour de plus. Le roto est équipé d’un distributeur automatique de concentrés (DAC) qui envoie une première dose simplement comme appât pour faire venir la chèvre puis une deuxième dose est distribuée, cette fois-ci adaptée à la lactation de la chèvre. Les chèvres de la Ferme Chapelle produisent en moyenne 830 litres de lait par an, mais pour Joost de Widt « le roto devrait nous permettre d’atteindre les 1 000 litres l’an prochain. » L’éleveur prévoit de faire passer toute la troupe en lactation longue maintenant que la traite est plus rapide à faire.

Une grosse production qui ne fait pas d’ombre aux plus petits

Les 200 meilleures laitières sont mises à la reproduction en février, moitié en monte naturelle, moitié en insémination. Les 400 autres chèvres font deux ou trois mises bas dans leur carrière puis sont gardées en lactation longue. Le roto est livré avec un pont de traite électrique qui permet au manipulateur d’ajuster sa hauteur par rapport au quai de traite. Sur une longueur de 3,5 mètres (et 1,2 m de large), le pont peut s’élever ou s’abaisser, selon la taille et la préférence de l’éleveur. Le pont permet d’avoir accès à sept ou huit places du roto. Joost de Widt a fait ajouter une passerelle qui permet d’accéder au centre du roto. « C’est plus pratique et c’est là que toute la maintenance se fait », explique l’éleveur. D’autant que le système est sécurisé. Si pendant le fonctionnement du roto une des portes de la passerelle est ouverte, toute la machine s’arrête. À la fin de la traite, pour éviter les pertes en lait qui reste dans les canalisations, de l’air comprimé est injecté dans le lactoduc. Tout le système a coûté autour de 250 000 euros hors taxe, ce prix comprend l’importation en direct de Hollande, le montage et la mise en route. À cela s’ajoute la construction du bâtiment qui abrite le roto, muni d’une grande porte et de beaucoup de luminosité (30 000 euros hors taxe) et l’aire d’attente pour 400 chèvres équipée d’un chien électrique (30 000 euros hors taxe également). Actuellement, les chèvres restent toute l’année en bâtiment, dans la chèvrerie de 35 par 45 mètres, pourvue de cinq tapis d’alimentation et de Leds disposées sur toute la charpente pour recréer une luminosité de jour. L’élevage est complètement autonome en alimentation et dispose de quatre cellules de séchage en grange de 200 mètres carrés chacune. Les chèvres reçoivent une ration mélangée afin d’éviter un refus supérieur à 2-3 %. Le Gaec des trois associés n’a débuté qu’avec peu de moyens, pour aujourd’hui être parmi les plus gros producteurs de rocamadour et dégager un chiffre d’affaires annuel d’un million d’euros. « Nous ne voulons pas inquiéter nos voisins producteurs de rocamadours avec la production que nous avons, explique Joost. C’est pourquoi nous sortons de la zone de vente locale pour aller prospecter plus loin. Nous montons tous les 15 jours à Paris. »

Chiffres-clés

600 chèvres
120 hectares
3 associés
8 salariés
500 000 litres de lait annuels, 100 % transformés sur la ferme, soit 60 000 kg de fromages (66 % rocamadour AOP, 34 % tomme).
830 litres/chèvre/an

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