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« Notre robot alimente jusqu’à 450 bovins dans six bâtiments »

En Ille-et-Vilaine, Caroline et Jean-Pierre Pinsault ont robotisé l’alimentation de leurs 150 mères charolaises et toute leur suite, pour mieux valoriser leurs rations, tout en se dégageant du temps sans main-d’œuvre supplémentaire.

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L'automate Jeantil R4D4 embarque 4 m3 de ration qu'il peut distribuer à gauche ou à droite à l'aide de son tapis transversal.
© M. Portier

« Avec des animaux répartis dans six bâtiments, dont certains sont inaccessibles avec la mélangeuse, la distribution des rations était devenue un poste très chronophage et difficile à déléguer, retrace Jean-Pierre Pinsault, installé en Gaec avec sa sœur Caroline à Gévezé en Ille-et-Vilaine. Passer au robot d’alimentation a permis de réduire notre astreinte journalière d’une heure et demie en hiver et de nous libérer des week-ends sans recourir à un second salarié. Il nous suffit désormais de prendre l’équivalent d’une demi-heure à trois quarts d’heure tous les trois jours pour approvisionner la cuisine et 15 minutes chaque matin pour enlever le peu de refus qu’il reste. Des missions qui sont à la portée de tout le monde. » L’automate Jeantil R4D4 a été mis en route en janvier 2024 pour alimenter les 150 mères charolaises et toute leur suite. « L’hiver, en comptant les veaux sous la mère, ce sont environ 450 bovins qui voient passer le robot tous les jours. »

Passer de trois à sept rations

L’exploitation de 210 hectares, accueille sur le même site une porcherie de 1 100 places à l’engraissement et sur un deuxième site distant de six kilomètres, un atelier d’une cinquantaine de vaches laitières (430 000 l), principalement géré par Caroline Pinsault. Enfin, un troisième site est dédié aux cultures.

Avant d’adopter le robot, la distribution s’effectuait à l’aide d’un bol mélangeur. « J’avais trois rations de base et je repassais ensuite avec une dérouleuse pour distribuer de la paille et du foin. La configuration et la hauteur limitée de certains vieux bâtiments ne permettaient pas le passage de la mélangeuse et imposaient une distribution à la main. De même, je passais beaucoup de temps à repousser le fourrage. » Désormais, l’automate prépare jusqu’à sept rations différentes en hiver, incluant les fourrages grossiers, et réalise une quinzaine de distributions dans la journée. Par exemple, quand l’éleveur confectionnait une seule ration avec son bol pour les vaches à l’engrais et les taurillons, le robot en prépare trois, en différenciant notamment les taurillons de 450 et 650 kilos.

Moins de refus grâce aux nombreuses distributions par lots

« La ration des vaches est distribuée à six ou sept reprises, dès 4 h du matin. Pour les bovins à l’engraissement, la première des deux distributions débute à 8 h 30, après avoir retiré les refus, précise Jean-Pierre Pinsault. D’ailleurs, j’ai aussi gagné beaucoup de temps sur cette tâche, car en passant à une ration complète mélangée et en multipliant les repas par lots, la quantité de refus s’est très fortement réduite. Le fait que le robot distribue des quantités précises et repousse le fourrage après chacune des distributions y est aussi pour quelque chose. Je ne fais plus que la dernière repousse de la journée pour surveiller les animaux, spécialement les vaches à l’approche du vêlage. » Une observation qui donne déjà une indication de la meilleure valorisation de l’alimentation avec le robot. « Même si tous les indicateurs sont positifs, avec moins d’un an de recul, je ne souhaite pas pour l’instant me prononcer sur les gains en efficacité alimentaire. On a gardé les mêmes ingrédients dans la ration, mais la qualité de l’ensilage l’an dernier ne permet pas une comparaison très pertinente par rapport à une année moyenne. »

Trois jours d’autonomie en cuisine

Si le R4D4 ne chôme pas en hiver avec un temps de fonctionnement effectif de 14 à 16 heures, il est beaucoup moins sollicité l’été, les 150 vaches étant toute la journée au pâturage, tout en gardant l’accès à la stabulation. « Il reste quand même avantageux à cette période pour les animaux à l’engrais. Et pour les vaches, il permet de vraiment s’adapter à la pousse de l’herbe. Je suis par exemple passé de trois distributions en juin à six en août, quand les pâtures étaient sèches. Et je n’ai plus à apporter de fourrage au pré dans les râteliers. »

La cuisine du robot a été installée sous un hangar existant à proximité des tas d’ensilage. « C’est essentiel d’avoir l’ensilage à proximité pour ne pas perdre de temps au ravitaillement de la cuisine », insiste Jean-Pierre Pinsault. La dizaine d’aliments composant les rations sont chargés dans des stockeurs à tapis ou des trémies de plus ou moins grande taille. « D’une capacité de 11 tonnes, le stockeur à maïs ensilage offre une autonomie de trois jours. Le tapis stockant cinq balles de foin est à recharger tous les cinq jours en hiver. »

La pesée à tous les étages

Chaque compartiment de stockage est monté sur un système de pesée, autorisant un dosage précis des différents ingrédients de la ration. Ces derniers sont acheminés dans le bol mélangeur de 8 m³ par un tapis convoyeur, ou par des vis pour les minéraux et le bicarbonate. « Le bol et le robot de distribution disposent aussi de leur propre système de pesée. Le fait de pouvoir préparer la ration suivante pendant la distribution et de disposer d’un robot de 4 m³ est un avantage du système Jeantil pour absorber des rations volumineuses. Sa grosse capacité réduit également les allers-retours, en autorisant par exemple la distribution en une seule fois d’une rangée de 70 cornadis dans le bâtiment principal », apprécie Jean-Pierre Pinsault.

En chiffres

150 mères charolaises et leur suite

450 bovins alimentés l’hiver au robot

7 rations(1)

15 distributions(1)

4 m³ de capacité de distribution

14 à 16 heures de fonctionnement effectif(1)

300 000 € d’investissement pour le robot

50 000 € pour les aires bétonnées aux abords des bâtiments

2 400 € par an de contrat d’entretien (2 visites, hors prix des pièces)

15 €/j l’hiver et 10 euros/jour l’été de consommation électrique (25 ct/kWh)

(1) En hiver.

Un robot électrique filoguidé

Alimenté par une batterie et reposant sur deux roues avant motrices associées à deux roues arrière directrices, l’automate Jeantil se guide à l’aide de fils métalliques incrustés dans le béton. « Il gravit des pentes jusqu’à 12 %, un critère décisif pour les rampes d’accès à certains des bâtiments, qu’il faut toutefois maintenir propres pour éviter le risque de patinage. » Une fois dans le bâtiment, le R4D4 se repère à l’aide de puces RFID installées en début et en fin de couloir d’alimentation. « Pour identifier les lots, je crée des puces virtuelles sur le programme de l’ordinateur. Dans la stabulation principale, d’un lot de 70 sur chacune des deux rangées de cornadis l’été, je passe à 10 lots pendant l’hiver », illustre l’éleveur, qui apprécie le caractère très adaptable du robot. « Tout se paramètre depuis l’ordinateur de la cuisine ou en prenant la main à distance avec le PC du bureau. Je dispose aussi d’une application Smartphone, qui m’indique les quantités restantes dans la cuisine, les distributions effectuées et aussi les alertes. » La ration est définie en saisissant les quantités d’ingrédients par animal, l’éleveur indique ensuite le nombre d’animaux et joue sur un pourcentage pour adapter les quantités en fonction de la croissance des animaux. « Le système permet aussi de définir les phases de mélange (temps et vitesse de vis) et l’ordre d’incorporation des aliments pour chaque recette. »

Conserver l’autonomie alimentaire

Sur la SAU de 210 hectares, 95 sont alloués aux prairies, dont 73 au troupeau allaitant. Le Gaec cultive 50 ha de maïs et autant de céréales paille (blé et orge). Les 10 ha restants sont dédiés au colza. « Nous visons au maximum l’autonomie alimentaire et nous ne voulions pas que le robot change notre philosophie, insiste Jean-Pierre Pinsault. En hiver, moins de 4 % du poids brut de la ration est importé. » Ration la plus volumineuse, celle des vaches gestantes est constituée (en matière sèche) de 3,5 kg paille, 1,75 kg de foin, 4,5 kg de méteil, 1,7 kg d’ensilage de maïs (42 % de MS) et 100 g de minéral. Autre exemple, une ration de taurillons (650 kg) à l’engraissement comprend 0,3 kg de foin, 7,7 kg d’ensilage de maïs, 1,3 kg de maïs grain humide (35 % d’humidité) et 1,75 kg de correcteur azoté (pourvu en minéral). Selon les rations et les périodes de l’année, le robot distribue aussi de l’enrubannage, de l’ensilage d’herbe et du blé aplati.

 

 
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Jean-Pierre Pinsault, éleveur à Gévezé en Ille-et-Vilaine. «Le robot d'alimentation est beaucoup plus précis et efficace qu'une distribution au bol.» © M. Portier

 

 
<em class="placeholder">Le stockeur dédié à l&#039;ensilage de maïs peut recevoir 11 tonnes de matière, de quoi assurer une autonomie de trois jours.</em>
Le stockeur dédié à l'ensilage de maïs peut recevoir 11 tonnes de matière, de quoi assurer une autonomie de trois jours. © M. Portier

 

 
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Installé sous un hangar existant à proximité des silos d'ensilage, la cuisine du robot Jeantil comporte des stockeurs et trémies pour chaque ingrédient des rations. © M. Portier

 

 
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La mélangeuse à poste fixe permet d'anticiper la préparation de la ration avant de charger le robot de distribution. © M. Portier

 

 
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Les trois grosses trémies montées sur pesons à l'arrière de la cuisine accueillent le maïs humide, le blé aplati et le correcteur azoté. © M. Portier

 

 
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Doté de deux roues motrices à l'avant et de deux roues directrices à l'arrière, le robot se guide par l’intermédiaire de fils incrusté dans le béton. Il peut gravir des côtes de 12 %. © M. Portier

 

 
<em class="placeholder">Mesurant 2,53 mètres de haut, le robot accède à des bâtiments dans lesquels l&#039;éleveur ne pouvait pas distribuer à la mélangeuse.</em>
Mesurant 2,53 mètres de haut, le robot accède à des bâtiments dans lesquels l'éleveur ne pouvait pas distribuer à la mélangeuse. © M. Portier

 

 
<em class="placeholder">La stabulation principale des vaches allaitantes comporte un couloir d&#039;alimentation encadré de 70 cornadis, qui peuvent être segmentés en 10 lots.</em>
La stabulation principale des vaches allaitantes comporte un couloir d'alimentation encadré de 70 cornadis, qui peuvent être segmentés en 10 lots. © M. Portier

 

 
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La cuisine accueille un ordinateur à partir duquel l'éleveur paramètre l'ensemble de ses rations et distributions. Il y accède aussi à distance par TeamViewer. © M. Portier

 

 
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Grace à l'application Smartphone, Jean-Pierre Pinsault garde toujours un œil sur le bon déroulement des distributions et sur les stocks en cuisine. © M. Portier

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