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Tracteurs enjambeurs : l’homologation antirenversement ankylose les livraisons

Bon nombre de constructeurs de tracteurs enjambeurs ont réduit momentanément leur catalogue. La cause est multifactorielle.

Lors de l'utilisation d'un tracteur enjambeur, il est important de vérifier, en fonction de l'outil attelé, dans quelles conditions de pente (inférieure à 15, 35 ou 50 %) l'engin peut évoluer, afin de garantir que l'arceau de sécurité protégera l'opérateur en empêchant de partir en tonneau.
Lors de l'utilisation d'un tracteur enjambeur, il est important de vérifier, en fonction de l'outil attelé, dans quelles conditions de pente (inférieure à 15, 35 ou 50 %) l'engin peut évoluer, afin de garantir que l'arceau de sécurité protégera l'opérateur en empêchant de partir en tonneau.
© Tecnoma

Depuis le 1er janvier 2020, tous les constructeurs de tracteurs enjambeurs doivent avoir une homologation récente des véhicules commercialisés. Ceci fait suite à un arrêté du 19 décembre 2016, qui stipule que toutes les réceptions routières de véhicules agricoles immatriculés (automoteurs et outils tractés) sont caduques – certaines prescriptions ont changé – et que les véhicules doivent être réhomologués avant le 1er janvier 2019 pour les nouveaux modèles, avant le 1er janvier 2020 pour les modèles déjà commercialisés. Cela constitue un volume de modèles et de marques très important au regard de la diversité du paysage du machinisme agricole français. En charge des homologations routières, les Dreal (direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement – une par région) continuent à être bien occupées encore aujourd’hui.

Une homologation qui s'effectue au niveau européen

Si l’homologation routière est à réaliser par les Dreal, le volet santé et sécurité au travail fait l’objet d’une autocertification (logo CE sur la plaque d’identification) par le constructeur, qui s’engage sur la sécurité du matériel, à condition que les opérateurs suivent scrupuleusement les consignes et cadres d’utilisation inscrits dans le manuel utilisateur. Cela vaut pour tous les véhicules, y compris les Maga (machines agricoles automotrices, telles les machines à vendanger), sauf les tracteurs dont certains aspects (protection des opérateurs contre le renversement, la chute de charge pour les véhicules qui soulèvent des charges au-dessus de la cabine, les vibrations, les sources de chaleur, etc.) doivent faire l’objet d’une réception spécifique. Pour les tracteurs standards et spécialisés interlignes, cette homologation s’effectue désormais au niveau européen, avec une validité sur tout le continent. Seuls les tracteurs enjambeurs échappent à la règle et doivent être homologués à l’échelle du territoire français. Cette réception doit être effectuée auprès de l’Utac.

Une réception des tracteurs enjambeurs qui mobilise du temps et du personnel

La majorité des acteurs du tracteur enjambeur sont des sociétés spécialisées pour lesquelles cette réception mobilise une part importante de la masse salariale et sur une durée élevée. Selon les marques, la confection du dossier pour la réception à l’Utac nécessite entre 1,5 et 4 mois. Certains aspects du dossier sont délégués à des cabinets extérieurs, notamment les calculs de résistance de l’arceau de sécurité. Ce dernier doit empêcher ce que la réglementation appelle « l’antirenversement continu » : le tracteur doit au maximum se coucher sur l’arceau et ne pas partir en tonneau, quelle que soit la direction (vers l’avant, vers l’arrière ou sur le côté).

Démontrer que l’arceau empêchera le mouvement aggravant

Il faut envisager trois situations de pente maximale (15, 35 ou 50 %), et pour chacune, démontrer que l’arceau empêchera le mouvement aggravant, dans différentes configurations (pulvérisateurs avec une cuve en position ventrale, entre roues ou sur la plateforme, différents outils placés à l’avant ou à l’arrière du tracteur). Cela multiplie les calculs et complexifie le dossier. Tous les résultats sont résumés dans le livret d’utilisation, qui consigne et informe l’opérateur des conditions de pentes dans lesquelles il peut utiliser tel ou tel outil.

Face aux moyens humains mobilisés, les constructeurs se sont concentrés prioritairement sur la réception des modèles les plus vendus. Et bon nombre d’entre eux n’ont pas encore terminé aujourd’hui la réception de tous leurs modèles auprès de l’Utac, dont le calendrier reste bien chargé.

Des moteurs Stage V qui n’existent pas encore

Pour les fabricants de tracteurs enjambeurs, cette réception tombe au plus mauvais moment, puisqu’elle est concomitante au passage à la norme antipollution Stage V qui mobilise également les équipes de recherche et développement. Intégrer des équipements de dépollution dans des gabarits contraints par la largeur d’interrang des vignes peut être compliqué. Parfois, le moteur n’existe pas encore. La norme Stage V interdit en effet de déplacer les éléments de dépollution pour les positionner à sa guise. Il faut tenir compte du gabarit du moteur avec ses artifices. Les motoristes continuent d’étoffer leur gamme en proposant différentes configurations de position des systèmes de dépollution. Certains enjambeurs devront ainsi attendre fin 2022, voire 2023 pour réapparaître dans les catalogues.

Une réglementation amenée à évoluer

La réglementation protégeant de l’antirenversement continu s’appuie sur un texte qui date de 2007. Un groupe de travail au sein de l’Axema vient de se constituer, afin de moderniser et peut-être simplifier une réglementation qui n’est plus adaptée à des tracteurs enjambeurs dont les gabarits, les conceptions et les usages ont bien évolué depuis les années 2000.

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