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[TAILLE DE LA VIGNE] Mécaniser pour réduire ses coûts de production

Réduire les coûts de main-d’œuvre à la taille passe par la mécanisation, qu'il s'agisse de prétailleuses ou tireuses de bois en AOC, ou de taille mécanique en IGP ou sans IG.

La taille rase est l'une des trois voies possibles de mécanisation, avec la taille en haie et la taille minimale.
La taille rase est l'une des trois voies possibles de mécanisation, avec la taille en haie et la taille minimale.
© X. Delbecque

En AOC, les cahiers des charges exigent un nombre d’yeux maximums bien inférieur à celui que l’on pourrait obtenir avec la taille mécanique. Ce n’est donc pas une piste envisageable. En revanche, les machines peuvent se révéler utiles à deux niveaux. « La prétaille mécanique permet essentiellement de gagner du temps sur le tirage des bois, commente Christophe Gaviglio, ingénieur à l’IFV. En cordon unilatéral, ce gain de temps est de 90 %, et entre 20 et 30 % sur les guyots ou tailles longues. »

Des machines à tirer les bois à partir de 22 500 euros HT

Dans d’autres configurations, par exemple en gobelet, le bénéfice n’est pas aussi marqué, « mais on gagne en confort car la zone de taille est beaucoup plus accessible », remarque Christophe Gaviglio. Pour les tailles longues, les machines à tirer les bois constituent l’alternative. Certaines sont équipées de broyeurs de sarments. « Ce n’est pas tout à fait le même budget qu’une prétailleuse », note toutefois l’ingénieur de l’IFV. Les prix de ces engins démarrent à 22 500 euros HT là où ceux des prétailleuses démarrent à 6 840 euros HT.

Les vignobles en IGP ou vins de France, peuvent quant à eux utiliser la taille mécanique sans contraintes, ou presque. « Il y a dans ce cas trois voies possibles, expose Denis Caboulet, ingénieur et œnologue à l’IFV pôle Rhône Méditerranée. La taille rase, la taille en haie, où l’on va laisser des bois longs de 30 à 40 cm, et la taille minimale (voir encadré) ». La taille en cordon de Royat unilatéral se montre la plus adaptée au passage de la machine, surtout si elle est équipée de cellules de détection automatique. La vitesse de travail varie de 1 à 3 km/h.

Une hausse des rendements de 30 % avec la taille rase

« La taille manuelle coûte entre 650 et 1 000 euros par hectare selon le niveau de qualification des tailleurs. La taille mécanique, hors prétaille, coûte entre 300 et 400 euros par hectare, dont environ la moitié est due à la reprise manuelle », indique Denis Caboulet. Mais pour l’expert, l’impact sur les coûts de production se traduit surtout par la hausse des rendements. Elle est de l’ordre de 30 % sur les parcelles en taille rase et 41 % avec la taille en haie.

Il souligne qu’une telle hausse des rendements doit par ailleurs être accompagnée d’irrigation et d’une fertilisation azotée adaptée. Par conséquent, Denis Caboulet estime que la taille mécanique se destine à des marchés bien spécifiques. « C’est bien pour faire des rosés, des bases effervescents ou des brandys », illustre-t-il. Il rappelle que la viabilité de ces systèmes est remise en cause dès lors que les rendements baissent, « soit au bout de vingt à vingt-cinq ans ». Il peut donc être pertinent d’intégrer les coûts d’arrachage et de replantation dans les calculs de coûts de production.

en bref

Diminuer les coûts de production en AOC : avoir recours à des prétailleuses et/ou des tireuses de bois.

Réduire les coûts de production en IGP et sans IG : opter pour la taille mécanique.

voir plus loin

La taille minimale, ou non-taille, ne donne pas satisfaction

La taille minimale consiste en un simple rognage des rameaux qui retombent au sol, idéalement pendant l’hiver, pour éviter d’obstruer le passage dans l’interrang pendant la saison. Elle ne demande donc que très peu de temps. Toutefois, des essais menés par l’Inrae de Pech Rouge ne laissent que peu d’espoir sur la possibilité d’intégrer ce mode de conduite dans un système de production viable. « La vigne ainsi taillée peine à mettre en réserve les éléments nutritionnels. L’irrigation est absolument nécessaire », commente Denis Caboulet, ingénieur à l’IFV. Pour lui, la non-taille présente un intérêt en recherche fondamentale pour comprendre la physiologie de la vigne, « mais est difficilement transférable en production ».

 

Tous les articles de notre dossier taille de la vigne :

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