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Stockage des pommes de terre : limiter les pertes de poids et ses conséquences économiques

Les solutions pour stocker ses pommes de terre sur la longue durée doivent être maîtrisées pour éviter au maximum la freinte, source de perte économique pour le producteur.

<em class="placeholder">Bâtiment ventilé de stockage de pommes de terre en palox</em>
La ventilation doit être gérée tout au long de la campagne de stockage pour limiter les pertes de poids des pommes de terre.
© M. Martin/Arvalis

La gestion du stockage des pommes de terre s’est complexifiée depuis l’interdiction du chloroprophame (CIPC) en 2020. Cette solution « passe-partout » était utilisée de manière quasi généralisée pour maîtriser la germination des pommes de terre durant leur stockage. Les schémas d’intervention sont désormais multiples en fonction de l’itinéraire cultural, du bâtiment, de la variété, du débouché (industriel, frais ou fécule)…

Un panel de produits antigerminatifs remplace le CIPC : éthylène, 1,4 DMN (Dormir), huiles essentielles d’orange (Argos) et de menthe (Bio M). L’hydrazide maléique reste également applicable en végétation avant la récolte. Outre la maîtrise de la germination avec les produits, le bon refroidissement du tas après récolte, la stabilité de la température tout au long du stockage et l’efficacité de la ventilation sont devenus incontournables pour parvenir à stocker ses tubercules sur une longue durée.

Ne pas déshydrater les tubercules

Un des enjeux est de limiter au maximum l’évaporation de l’eau des pommes de terre, entraînant un phénomène de freinte et donc de pertes financières pour le producteur. « Il faut veiller à ne pas déshydrater les tubercules avec la ventilation tout en prenant garde de contrôler la germination », précise Florine Delassus, conseillère pomme de terre à la chambre d’agriculture Nord-Pas-de-Calais.

Impact financier de la perte de poids dans trois stockages en variété Fontane pour l'industrie (2023-2024)

 Bâtiment 1Bâtiment 2Bâtiment 3
Date de récolte 202309/10/2307/10/2318/10/23
Type de stockageCaillebotisVrac gainesVrac gaines /extracteur CO2
Groupe froidNonNonOui, à partir de début mars
Tonnage stocké1 000 t620 t1 250 t
Température de consigne7,5 °C7 °C7 °C
Durée de stockage8,5 mois7,5 mois8 mois
Impact financier de la freinte
Exemple d'un prix du contrat au déstockage au mois de mai280 €/t
Freinte au déstockage3,4%4,6%4,4%
Perte financière (tonnage perdu X prix)9 520 €7 986 €15 400 €
Impact financier à la tonne9,52 €/t12,88 €/t12,32 €/t
Source : chambre d'agriculture Nord-Pas de Calais  

La vigilance est de mise dès la récolte : il convient de limiter les endommagements au maximum et de privilégier les plages de températures comprises entre 8 °C et 20 °C. « Si les températures sont trop basses lors de la récolte, cela diminue les plages possibles pour le séchage », prévient Florine Delassus. Pour les bâtiments de stockage sans groupe froid, c’est l’utilisation de la température de l’air extérieur qui permet de refroidir les pommes de terre. Si la différence entre les deux est insuffisante, cela réduit les plages possibles pour effectuer le séchage du tas.

Cette étape de séchage dure entre deux et six jours selon les conditions de récolte. « Lors de cette phase, les besoins de ventilation sont assez importants, note Florine Delassus. Ils sont de 100 m3 par heure par m3 dans les stockages en vrac et de 60 m3 par heure par m3 en palox. »

Une descente progressive de la température

Vient ensuite la phase de cicatrisation des blessures provoquées par la récolte. À ce stade, l’objectif est de faire progressivement abaisser la température du tas autour de 12 °C. Dans l’idéal, il faut attendre le fin de cette phase pour envisager d’intervenir avec un traitement antigerminatif.

Lorsque la cicatrisation est terminée, la descente progressive jusqu’à la température de consigne peut être amorcée. L’objectif est d’atteindre entre 5 et 7 °C en abaissant la température de 0,3 à 0,5 °C par jour maximum en pommes de terre d’industrie (0,5 à 0,8 °C pour le frais).

Avoir une ventilation performante

La conseillère met en garde contre le surdimensionnement de la ventilation qui peut provoquer la déshydratation excessive des tubercules et donc de la freinte. « Il ne faut pas oublier d’adapter la ventilation après les phases de séchage et de cicatrisation, ajoute-t-elle. Si l’air entrant est trop froid et trop sec, cela peut provoquer des pertes de poids. » C’est pourquoi elle recommande une surveillance très régulière de son stockage et une adaptation du niveau de ventilation.

Maîtriser le taux d’humidité

Lors des phases de ventilation avec l’air extérieur, il faut en effet veiller à ce que l’hygrométrie soit supérieure à 90 % préconise Arvalis. L’automatisation du déclenchement de la ventilation et de l’ouverture des volets est une solution pour viser les plages optimales de température extérieure et d’hygrométrie.

Outre l’automatisation, Arvalis précise que d’autres solutions existent pour maintenir un taux d’humidité suffisant dans le bâtiment : recourir à « un groupe froid » travaillant en circuit fermé ou bien utiliser un humidificateur d’air. « Il ne doit pas favoriser la condensation à la surface des tubercules. Les gouttelettes du brumisateur doivent être les plus fines possibles afin de maximiser la surface d’échange avec l’air ambiant », conseille Michel Martin, spécialiste de la conservation des pommes de terre chez Arvalis.

Il est aussi possible de s’équiper d’un extracteur de CO2 qui rejette le gaz vers l’extérieur. Objectif : éviter de déshydrater le tas lors des phases de ventilation et d’ouverture de volets nécessaires pour évacuer le CO2 dégagé par la respiration des tubercules.

Des nouvelles conditions d’application pour le Dormir

Le produit Dormir, appliqué par thermonébulisation, bénéficie de nouvelles conditions d’utilisation depuis cette année : le délai de la dernière application avec l’enlèvement des pommes de terre passe de 30 à 3 jours.

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