Sécurisez les interventions dans les fosses à lisier
Intervenir dans une fosse ou une préfosse expose à des gaz mortels. Tous les ans, des agriculteurs sont victimes d’intoxication. Pour éviter le pire, il est essentiel d’anticiper et de s’équiper.
Intervenir dans une fosse ou une préfosse expose à des gaz mortels. Tous les ans, des agriculteurs sont victimes d’intoxication. Pour éviter le pire, il est essentiel d’anticiper et de s’équiper.
En France, les fosses à lisier représentent environ 2 % des causes de décès en agriculture. Ainsi, entre 2002 et 2016, elles ont été responsables de vingt et un accidents mortels. Ces décès sont liés au dégagement d’hydrogène sulfuré, un gaz très toxique.
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Nicolas Boizumeau, conseiller en prévention à la MSA Sud Aquitaine, a travaillé sur le sujet à la suite d’un accident mortel dans cette région. « Les gaz se dégagent lorsque le lisier est mis en mouvement, explique-t-il. Les gaz légers, comme l’ammoniac, se dissipent après un temps de repos. Les gaz lourds, comme l’hydrogène sulfuré, restent à la surface, sur une épaisseur d’un peu plus d’un mètre. La première mesure de prévention est de ne pas intervenir immédiatement après un brassage : il faut attendre 45 minutes à une heure au minimum, et bien ventiler. » L’idéal est de forcer l’évacuation des gaz grâce à un ventilateur.
Il est parfois nécessaire de descendre dans une préfosse, pour déboucher une conduite, récupérer un objet qui y est tombé ou, plus grave, des animaux en cas de casse de caillebotis fragilisés. Dans ce cas, la prudence est de mise. « On ne descend jamais dans une fosse sans quelqu’un à proximité, qui surveille si tout va bien et qui peut intervenir en cas de malaise, met en garde le conseiller en prévention. Il est nécessaire d’y faire descendre (au bout d’une corde) un détecteur de gaz. »
Ce détecteur doit mesurer les taux de quatre gaz : l’hydrogène sulfuré, l’ammoniac, le méthane et l’oxygène. Il signalera des taux trop élevés des trois premiers, mais aussi une atmosphère trop pauvre en oxygène.
Ne jamais intervenir seul sur les fosses à lisier
La personne qui descend dans une fosse ou une préfosse doit être équipée d’un harnais accroché à un treuil. En cas de malaise, cette précaution permettra de la ramener rapidement en surface, sans mettre en danger une autre personne. Il faut également porter le détecteur de gaz sur soi, pour être alerté en cas de dégradation de la qualité de l’air.
Les masques avec une cartouche comportant la lettre B peuvent être utilisés pour se protéger contre les gaz toxiques, mais attention, la cartouche doit être neuve. En effet, à cause des dégagements parfois importants de H2S, elle peut saturer très rapidement et devenir alors inefficace. Dans ce contexte, les masques de protection contre les phytosanitaires, de type A2P3, ne sont d’aucune utilité. L’idéal est de porter un appareil respiratoire isolant (ARI), qui apporte de l’oxygène.
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En cas de malaise, la priorité est de prévenir les pompiers. Si la personne inconsciente est équipée d’un harnais, il faut la remonter. Dans tous les cas, il est impératif de ne pas exposer une seconde personne, à moins d’être équipé d’un ARI.
Caroline Depoudent, caroline.depoudent@bretagne.chambagri.fr
Mise en garde sur les accidents liés aux préfosses
Un des moyens de prévenir les accidents liés aux préfosses est d’inspecter régulièrement ses caillebotis. Dans les salles âgées, il est important de vérifier l’état des poutrelles de soutènement, des poteaux, des caillebotis et des gaines de ventilation.
À retenir pour intervenir en sécurité dans les fosses à lisier
Côté web
Retrouvez tous les conseils sur la brochure Conseils et prévention pour une bonne utilisation de votre fosse à lisier, de la MSA Sud Aquitaine