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Rester vigilant face à Drosophila suzukii

Signalée dans le vignoble en 2011, cette mouche a fait craindre le pire en 2014 car elle est à l’origine du phénomène redouté de pourriture acide. Depuis, les conditions climatiques ont été moins favorables mais les vignerons doivent rester vigilants.

Drosophila suzukii est un ravageur originaire d’Asie recensé en France depuis dix ans, avec des dégâts observés sur fruits rouges notamment. En vigne, cette espèce invasive avait fait le buzz en 2014 avec des conditions climatiques qui lui étaient très favorables (fraîcheur et humidité lors de la véraison puis temps sec et chaud en septembre) et de nombreux foyers de pourriture acide observés lui avaient alors été attribués.

« Drosophila suzukii agit en tant que précurseur de la pourriture acide dans la mesure où ses attaques précoces sur grappes sont suivies du développement d’autres drosophiles et par la suite de la propagation de micro-organismes à l’origine de la pourriture acide », explique Lionel Delbac, chercheur à l’Inrae de Bordeaux. Les étés chauds des dernières campagnes ont contraint Drosophila suzukii à se réfugier dans les zones fraîches et humides autour des parcelles mais cette drosophile est bien présente dans les vignobles et nécessite surveillance et vigilance.

 

Caractéristiques

Description et biologie

C’est au stade adulte que l’on peut distinguer Drosophila suzukii des autres drosophiles communément présentes en France (principalement Drosophila melanogaster). Les adultes sont des petites mouches jaune brunâtre à jaune orangé présentant des bandes noires sur l’abdomen. Les mâles se distinguent des femelles par leur taille plus petite (2,6 à 2,8 mm) et par la présence d’une tache sombre sur l’extrémité antérieure de chacune des deux ailes. L’identification de la femelle nécessite une loupe binoculaire pour observer l’ovipositeur (appendice abdominal qui sert à déposer les œufs) équipé de dents noires et épaisses sur un tiers à deux tiers de la longueur.

Les femelles peuvent pondre plusieurs œufs par jour sur différents fruits avec une fécondité totale pouvant être supérieure à 400 œufs par femelle. Drosophila suzukii réalise toujours au moins une génération par an sur le raisin durant la phase de maturité. Mais, avec son cycle court et les nombreuses plantes hôtes, elle est capable de faire en tout jusqu’à 13 générations par an.

Nuisibilité

Drosophila suzukii présente la particularité de pouvoir infester des fruits sains en sous maturité grâce à son ovipositeur qui lui permet de percer la peau des baies et d’insérer l’œuf à l’intérieur. Dès leur éclosion, les larves se nourrissent de la pulpe des fruits ce qui provoque son affaissement et une dépression de l’épiderme. À un stade avancé des dégâts, la chair du fruit est dégradée et oxydée en raison de la propagation de levures et bactéries à l’origine de la pourriture acide. La blessure est également une porte d’entrée pour un champignon comme Botrytis cinerea.

Prophylaxie et lutte

Quelques insecticides sont autorisés contre les drosophiles, mais à la veille de la récolte, ces solutions chimiques ne sont pas adaptées. Drosophila suzukii appréciant des conditions humides, des mesures prophylactiques comme un effeuillage modéré ou le fauchage de couverts végétaux qui maintiennent l’humidité peuvent être mises en œuvre.

« Plusieurs pistes de recherche sont à l’étude comme la technique de l’insecte stérile avec des résultats encourageant en milieu fermé. Le recours à des répulsifs type kaolinite pour réduire les pontes de la drosophile est également prometteur », explique Simon Fellous chercheur à l’Inrae de Montpellier.

Le contrôle des zones réservoirs, l’influence des facteurs paysagers et la sensibilité des cépages font également l’objet de travaux conduits par Lionel Delbac à l’Inrae de Bordeaux, « nous étudions avec intérêt la mise en place de plantes pièges type Pyracantha en bordure de parcelles », explique-t-il.

en bref

Drosophila suzukii peut provoquer des dégâts sur un grand nombre de fruits : raisins, myrtilles, mûres, framboises, cerises mais aussi pommes, poires, pêches, abricots, nectarines, prunes, figues, kiwis… Elle est également présente dans le paysage viticole sur des fruits sauvages comme les baies de sureau, les mûres sauvages ou les baies de gui par exemple.
Elle semble préférer les cépages rouges alors que les autres drosophiles détectées en France s’observent plus sur cépages blancs
Près de 3 300 espèces de drosophiles ont été décrites dans le monde entier, réparties en 66 genres dont le genre Drosophila (insectes diptères)

En savoir plus sur d'autres ravageurs :

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