Les entreprises d’abattage-découpe de viande tirent la sonnette d’alarme
Culture viande s’inquiète de la baisse des marges des entreprises d’abattage-découpe, amplifiée récemment par l’effondrement du prix des coproduits animaux.
Culture viande s’inquiète de la baisse des marges des entreprises d’abattage-découpe, amplifiée récemment par l’effondrement du prix des coproduits animaux.
Dans un communiqué daté du 5 octobre, Culture viande, le syndicat des entreprises françaises des viandes, dénonce « l’effondrement des prix des coproduits animaux imposés aux abattoirs par les équarrisseurs et transformateurs qui vient mettre à mal notre équilibre économique et met en danger nos entreprises ».
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Ces coproduits représentent 45 % du volume de l’animal. « Pour plus de deux tiers de ces coproduits, nous devons désormais payer pour nous les faire enlever, alors que nous les vendions auparavant », précise Paul Rouche, le directeur de Culture viande, à Agra Presse. Parmi les produits concernés, le sang, les os ou encore les suifs et autres gras. « Les équarrisseurs vendaient une grande partie des PAT (protéines animales transformées) au Vietnam, qui est une plaque tournante pour l’Asie. Or, ce marché a été fermé en raison de fraudes », explique-t-il.
Restructuration dure attendue
Le syndicat rappelle que le taux de marge nette des entreprises des viandes porcines est passé de 2 % à 0,5 % entre 2021 et 2022. « Et au regard des premiers mois de l’année, cette marge nette risque encore d’être davantage dégradée pour 2023. » Alors que la décapitalisation se poursuit, « on s’attend à une restructuration dure en bovins et porcins », s’inquiète Paul Rouche. Plusieurs dizaines d’outils pourraient être menacées, sur un total de quelque 230 abattoirs de boucherie en France. Face au manque d’animaux, le directeur de Culture viande cite le cas d’usines où « les salariés ne travaillent plus que quatre, voire trois jours par semaine ». La stratégie abattoirs lancée cet été par Marc Fesneau vise à accompagner cette restructuration, avec des aides ciblées sur des outils répondant aux besoins des bassins d’élevage. Un plan qui consistera en « une garantie publique sur 50 millions d’euros d’encours de prêts », a annoncé l’exécutif au Sommet de l’élevage. Le directeur de Culture viande espère, lui, que cette stratégie permettra de « fermer des outils qui ne sont plus conformes », dénonçant des « distorsions de concurrence » en faveur de certains abattoirs « déconnectés de la réalité économique ». Yves Fantou, le président de Culture viande, estime que « pour que l’élevage français puisse être valorisé au mieux, il faut que l’ensemble des maillons de la filière viande soit viable ». L’élevage et l’abattage ont des destins liés. Notre inquiétude aujourd’hui, avec cette dégradation des prix des coproduits, est de ne plus pouvoir assurer aux éleveurs une juste rémunération. Nos entreprises sont en grand danger et avec elles l’ensemble de notre filière.
Dominique Poilvet et Yannick Groult, Agra