La grippe récurrente sur les porcelets peut être détectée par des caméras
Le nombre de porcelets couchés par rapport au nombre total dans les cases en post-sevrage calculé par analyse d’images semble constituer un indicateur prometteur de l’apparition de grippe récurrente.
Le nombre de porcelets couchés par rapport au nombre total dans les cases en post-sevrage calculé par analyse d’images semble constituer un indicateur prometteur de l’apparition de grippe récurrente.
« Pour pouvoir tester l’intérêt d’un dispositif de capture d’images, il vaut mieux s’adresser à un éleveur passionné par les nouvelles technologies. » C’est grâce à un tel éleveur que Claudio Trombani, vétérinaire porcin en Bretagne, a pu tester l’utilité de l’enregistrement d’images à intervalles réguliers, en post-sevrage, pour la détection des signes de grippe récurrente. Il en a présenté les résultats préliminaires au congrès de AFMVP à Rennes en décembre dernier. L’analyse des images permet de « détecter les animaux couchés et à la recherche d’endroits frais, des manifestations cliniques pouvant évoquer une infection grippale ». Trois périodes ont été distinguées pendant l’enregistrement : la première est celle de l’adaptation à l’environnement du post-sevrage. La seconde correspond à un comportement normal sans pathologie. durant la troisième période, l’éleveur a observé une modification du comportement des porcelets. Le lendemain, un prélèvement de fluides oraux sur les porcelets a confirmé la circulation d’un virus grippal. L’analyse statistique montre que le ratio du nombre de porcelets couchés sur le nombre total de porcelets dans la case est le paramètre d’intérêt. « Ce ratio augmente de manière significative entre la période 1 et la période 2, et entre la période 2 et la période 3. »
Les photos sont analysées par un algorithme
L’élevage, naisseur engraisseur finistérien de 650 truies (800 porcelets sevrés toutes les deux semaines), connaît des épisodes de grippe sur les porcelets de 6 à 8 semaines d’âge depuis 2013. Les salles de post-sevrage contiennent chacune 12 cases de 28 porcelets. Les caméras fournies par la société Copeeks (voir Réussir Porc octobre 2019 page 19) enregistrent les images à intervalle régulier. Elles fonctionnent selon un système plug and play : un boîtier est placé dans la salle et les caméras y sont connectées sans fil. Elles comportent aussi des capteurs d’ambiance. « Nous avons placé les caméras dans une salle dès le sevrage, de manière à observer la périphérie de deux cases par caméra, explique Claudio Trombani. Ces zones de couchage nous intéressent pour détecter les signes précurseurs de l’état grippal, l’animal fiévreux recherchant la fraîcheur et étant moins actif. » La capture d’images était limitée au pic d’activité des animaux, entre 14 et 18 heures. Celui-ci avait été déterminé par la mesure des consommations d’eau (compteurs d’eau connectés déjà installés de longue date). « La circulation d’un virus grippal avait été confirmée sur la bande précédente. » La caméra stocke temporairement les photos dans le cloud. Celles-ci sont ensuite analysées par un algorithme (SSD Mobilenet V2) programmé au préalable avec 3 500 images qui ont servi de modèle. « Cela a permis au logiciel d’identifier, de façon autonome, les porcelets couchés ou debout. » L’analyse statistique des données obtenues (5 623 images prises entre le 22 mai et le 10 juillet 2019, soit 122 images par jour en moyenne) a été réalisée avec l’aide du service R & D de la coopérative Evel’Up et de l’unité d’épidémiologie de l’Anses-Ploufragan.
Il reste à évaluer si une analyse en continu des images aurait permis de détecter le passage de grippe plus tôt que par l’observation de l’éleveur. « Nous avons aussi testé la caméra dans d’autres élevages avec et sans passage grippal, ce qui devrait permettre de mieux comprendre son utilité en médecine préventive. »