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Comment les solutions nutritionnelles aident à contrer les troubles du comportement des porcs ?

L’alimentation des porcs a un rôle important à jouer pour prévenir des comportements agressifs pouvant aboutir à de la caudophagie. Les solutions préventives sont multiples. D’autres sont aussi utilisés en curatif.

Éric Schetelat, responsable nutrition porc de la firme service ADM en France est convaincu que l’alimentation joue un rôle préventif et peut accompagner les démarches pour rendre un élevage résilient et prévenir les risques d’apparition d’épisodes de caudophagie.

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« L’expérience de l’île de La Réunion où 60 % des éleveurs adhérents du groupement CPPR ont arrêté la coupe systématique des queues nous montre que le succès de cette démarche repose sur plusieurs facteurs et qu’il n’est pas définitif », souligne-t-il.

Comment les solutions nutritionnelles aident à contrer les troubles du comportement des porcs ?

Parmi ces facteurs figure l’alimentation des animaux jusqu’à l’abattage. « Nous formulons des aliments très fibreux afin de limiter la croissance et le poids des carcasses des animaux qui ne doivent pas être abattus avant 182 jours d’âge. » L’apport de fibre leur apporte un état de satiété. « Cette sensation de « non-faim » les calme et réduit leur envie d’aller embêter leurs congénères. » D’autres nutriments sont également réputés pour agir sur le comportement des animaux : les acides aminés et particulièrement le tryptophane, un précurseur de la sérotonine, une hormone qui agit notamment dans la régulation de l’humeur. « Un aliment (de finition notamment) pauvre en protéines et déséquilibré en acides aminés accentue le comportement d’exploration des porcs. » Du côté des minéraux, le magnésium aide à lutter contre le stress. Une carence peut contribuer à l’apparition de morsures. Ces constats pourraient-ils remettre en cause les niveaux d’apport de ces nutriments dans les formules ? « Oui, notamment en engraissement, où la formulation au moindre coût est parfois poussée à l’extrême », estime le nutritionniste. Un essai réalisé par la firme service en station expérimentale démontre clairement une différence de comportement entre un aliment déséquilibré et un aliment adapté aux besoins des animaux en post-sevrage. « Entre les deux aliments, le score de lésions sévères a baissé de 90 %. » Avec en bonus, une amélioration très nette des performances, qui peuvent aussi bien s’expliquer par des apports nutritionnels mieux adaptés que par la réduction des lésions sur les animaux. « Au-delà de ces équilibres nutritionnels bien documentés, les essais réalisés au centre de recherche d’ADM à Château-Thierry, dans l’Aisne, montrent que certains additifs peuvent également trouver leur place dans la boîte à outils préventive, ajoute Éric Schetelat. En relevant le seuil de tolérance au stress et en apaisant les animaux certains contribuent au maintien de l’équilibre. »

Accentuer l’effet de satiété

Parmi les moyens curatifs proposés aux éleveurs, ADM a testé le Fibra’pig, un bouchon de 4 cm constitué de paille et de luzerne. Ils sont placés dans une grosse boule suspendue et percée de trous. La manipulation de la boule par les porcelets permet la sortie progressive des bouchons et leur consommation. « Lorsqu’un événement imprévu (et non systématique) rompt l’équilibre précaire et que des troubles comportementaux commencent à s’exprimer, l’apport du Fibra’pig dans la case permet d’intervenir rapidement pour éviter que la situation critique s’installe dans la durée, indique Éric Schetelat. Ce produit associe l’aspect jouet et la fonction de satiété des fibres de paille et de luzerne. » Par ailleurs, le nutritionniste met en avant son côté économique en termes de formulation. « Augmenter le taux de fibres dans l’aliment coûte cher si on veut maintenir sa valeur nutritionnelle, car on doit alors faire appel à des matières premières plus concentrées et plus onéreuses. Apporter la fibre, ponctuellement et quand les animaux en ont besoin, est l’approche la plus économique qui soit. » Pour expliquer l’aspect multifactoriel de la caudophagie, Éric Schetelat emploie l’image de plateaux basculants. D’un côté l’accumulation des risques chroniques (sanitaire, accès à l’eau, bâtiment, densité…) peut faire pencher la balance jusqu’à un seuil de déclenchement des problèmes comportementaux. De l’autre, les moyens de prévention (surveillance, prophylaxie maîtrise de la ventilation…) évitent des comportements agressifs. Et si la balance penche parfois du mauvais côté l’apport de fibres peut permettre de rétablir l’équilibre.

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