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"Avec notre maternité de truies en liberté, nous concilions productivité, bien-être et environnement"

Soucieux de répondre aux besoins de la filière et de la société, David Pelletier a construit une maternité liberté bien-être qui concilie productivité, bien-être et environnement. Un choix qui entre dans sa logique d’éleveur responsable.

Fin janvier 2024, David Pelletier, de la Scea L’Ercault, naisseur-engraisseur à La Chapelle-Thémer, en Vendée, avec 400 truies en auto-renouvellement, 5 salariés et 170 hectares, a mis en service sa nouvelle maternité de 76 places.

Lire aussi : Les éleveurs de porc satisfaits de leur maternité liberté

 « Le 2 septembre 2022, un incendie a détruit notre maternité, explique-t-il. Nous avons dû réagir rapidement pour poursuivre l’élevage et garder l’équipe. En deux mois, nous avons aménagé une maternité provisoire dans une salle d’engraissement. Puis nous avons travaillé sur une nouvelle maternité. Nous avons fait le choix d’une maternité liberté bien-être, qui améliore le bien-être animal et le confort de travail et permet de répondre aux attentes de la filière et aux futures réglementations. »

 

 
Les rangées de cases sont séparées par des couloirs fosses qui permettent un travail à hauteur.
Les rangées de cases sont séparées par des couloirs fosses qui permettent un travail à hauteur. © V. Bargain

L’éleveur, installé en 1995, est très impliqué dans les filières responsables de sa coopérative, la Cooperl. Il produit des porcs bien-être, dont le cahier des charges implique des mâles non castrés, des porcs sans antibiotiques dès la naissance et des coches Label rouge. Et il participe activement à la mise en place de la démarche de responsabilité sociétale des entreprises de la Cooperl.

Des équipements performants et novateurs

Construite en moins d’un an, la maternité compte 6 rangées de 12 cases de mise bas Well Farrowing de Nooyen, équipées de caillebotis en acier enduit et de cages-balances qui seront ouvertes une semaine après la mise bas. « Mon objectif est de sevrer 15 porcelets par truie, précise David Pelletier. Les cases liberté Nooyen sont les mieux conçues et devraient permettre de gagner en productivité. Elles facilitent aussi le suivi des mises bas, les soins aux porcelets et le nettoyage. »

 

 
Le cooling CoolBox assure le rafraîchissement de la maternité.
Le cooling CoolBox assure le rafraîchissement de la maternité. © V. Bargain

Chaque case comporte un nid à porcelets sur plancher chauffant, qui évite l’utilisation de lampes et limitant le risque d’incendie et la consommation d’énergie, un abreuvoir pour les porcelets et un système Rescue Care de distribution de lait reconstitué. « J’aime tester les innovations, souligne l’éleveur. Le Rescue Care permettra de préparer le système digestif du porcelet avant le sevrage et d’améliorer leur croissance. » Le bâtiment est équipé d’un cooling CoolBox qui assure le rafraîchissement des salles. « Il peut faire 40 °C dehors en été. » Les systèmes de refroidissement sont lavés deux fois par an, pour préserver leur efficacité, de même que le couloir situé sous la maternité, qui permet l’évacuation de l’air, pour notamment limiter le risque d’incendie lié à l’accumulation de poussière.

L’élevage ayant connu deux incendies, en 2006 puis 2022, une grande attention a été portée à la limitation du risque incendie (portes coupe-feu 2 heures, local électrique isolé, pas de lampes chauffantes, espace de 10 mètres entre le bâtiment gestante et la maternité…). L’optimisation du confort et du travail a aussi été déterminante. « Il y a plus de surface à laver, mais le bâtiment en lumière naturelle est plus clair, plus agréable, plus facile à nettoyer. » Des douches, toilettes, salle de repos et cuisine ont aussi été intégrés à la maternité.

Chaudière biomasse

Le respect de l’environnement a également été pris en compte. « Nous veillons depuis toujours au respect des normes et de l’environnement, insiste l’éleveur. Nos fosses sont couvertes depuis longtemps. Nous utilisons des pendillards depuis 25 ans. Nous avons installé des panneaux photovoltaïques sur la plupart de nos bâtiments, une partie de l’électricité produite étant auto-consommée. »

 

 
La chaudière biomasse a été dimensionnée pour chauffer la maternité, mais aussi les 2000 places de post-sevrage et les 1800 places d’engraissement.
La chaudière biomasse a été dimensionnée pour chauffer la maternité, mais aussi les 2000 places de post-sevrage et les 1800 places d’engraissement. © V. Bargain

La maternité, en lumière naturelle, est ainsi équipée de LED et labellisée Bâtiment basse consommation. David Pelletier a aussi fait le choix de chauffer tous ses bâtiments à partir d’une chaudière biomasse. « Nous avons des haies à entretenir, explique-t-il. Une chaudière biomasse permet de valoriser le bois déchiqueté issu de leur entretien. » À l’occasion de la construction de la nouvelle maternité, l’ancienne chaudière de 110 kWh, qui n’acceptait que du bois déchiqueté, a été remplacée par une chaudière biomasse de 300 kWh, plus puissante et qui peut recevoir de la paille, du miscanthus…

 

 

 

 
Les fenêtres du bâtiment en lumière naturelle sont équipées d’ombrières pour éviter le rayonnement direct sur les animaux.
Les fenêtres du bâtiment en lumière naturelle sont équipées d’ombrières pour éviter le rayonnement direct sur les animaux. © V. Bargain

L’éleveur accorde aussi de l’importance à favoriser une alimentation durable par la fabrication d’aliments à la ferme. « C’est important pour le consommateur, et c’est ma philosophie de producteur, précise-t-il. La ferme produit des céréales depuis toujours, maïs, blé, orge. C’est incontournable pour moi de faire le lien. Les céréales nourrissent les porcs qui donnent du lisier qui sert à fertiliser les terres et produire des céréales. Nous récupérons aussi les coproduits de boulangerie d’une usine proche. »

Investi sur le territoire

Autre point important pour David Pelletier : l’investissement sur le territoire. L’éleveur, qui est maire de sa commune, ouvre régulièrement son élevage aux écoles. En 2018, il a créé un magasin à la ferme Coop Chez Vous, marque de la Cooperl, dans lequel il propose de la viande et des charcuteries de la coopérative, des légumes de l’exploitation et des produits locaux (bière, jus de pomme, vin). « L’éleveur est le mieux placé pour communiquer sur son métier et ses valeurs, estime-t-il. Et j’aime communiquer. » Le magasin, de 110 m2, ouvert les vendredis et samedis matin, attire des consommateurs venus de 30-40 km et a permis la création d’un équivalent temps plein.

 

 
Le magasin à la ferme participe au dynamisme du territoire.
Le magasin à la ferme participe au dynamisme du territoire. © V. Bargain

Et l’éleveur a encore d’autres projets. Son fils Jules, actuellement en BTS en apprentissage sur une autre exploitation, envisageant de s’installer dans quelques années, David Pelletier veut construire en 2024-2025 un nouveau bâtiment d’engraissement de 1 500 places, une partie de l’engraissement des porcs étant aujourd’hui réalisé en prestation.

Maître compagnon depuis 2021

 

 
Antoine Peltier, aujourd’hui salarié de la Scea, a suivi la formation de Compagnon pendant son apprentissage.
Antoine Peltier, aujourd’hui salarié de la Scea, a suivi la formation de Compagnon pendant son apprentissage. © V. Bargain

David Pelletier est maître compagnon, démarche d’accompagnement et de formation lancée il y a quatre ans par la Cooperl pour répondre au besoin en main-d’œuvre des éleveurs. « J’accepte de consacrer du temps à la formation de jeunes, indique-t-il. C’est important pour assurer le renouvellement des générations. Depuis quatre ans, j’ai accompagné quatre jeunes. » Antoine Peltier, aujourd’hui salarié de la Scea, a ainsi suivi un parcours de Compagnon pendant les deux années de son BTS réalisé en alternance à la Scea L’Ercault. « Mon BTS Acse n’était pas très axé sur le porc. La formation et l’accompagnement de David Pelletier m’ont donné les bases de la production. J’ai aussi pu visiter quatre autres fermes et découvrir d’autres systèmes. »

Chaque année, 60 à 80 personnes suivent la formation de Compagnon, qui comprend des interventions sur tous les aspects de la production (alimentation, reproduction, mise bas, eau, engraissement, post-sevrage, sanitaire), chaque jeudi d’octobre à mars, de 16 à 18 heures, en présentiel ou en visio, ainsi que des visites d’élevages. « Le but est que le compagnon acquiert des connaissances pratiques et soit efficace rapidement », précise Laurent Arriau, pilote de la formation en Vendée. L’éleveur reçoit pour sa part une formation au management avant de devenir maître compagnon.

Côté éco

La maternité, incluant la nouvelle chaudière, a coûté 1,150 M€. Une partie a été payée par l’assurance. David Pelletier a aussi reçu une aide de 25 000 € de l’Ademe pour la chaudière bois et pourrait percevoir 20 000 € de PCAE.

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